Émirats arabes unis – Après une année 2023 bien orientée, 2024 s'annonce favorablement

Émirats arabes unis – Après une année 2023 bien orientée, 2024 s'annonce favorablement

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Les Émirats ont engagé des réformes très volontaristes de l'environnement économique et social depuis 2021 pour soutenir le secteur privé et les investissements directs étrangers et cela commence à avoir des effets sur l'internationalisation, l'attractivité et la compétitivité du pays.

En 2023, malgré une reprise de la demande mondiale qui s'essouffle, la croissance du PIB devrait s'établir à 3,1% dans les Émirats. C'est la meilleure performance des six pays du Golfe, dont deux ont connu des récessions l'année dernière (l'Arabie et le Koweït) et deux autres des croissances assez déprimées (le Qatar et Oman). L'activité en 2023 se maintient donc plutôt bien à Abu Dhabi et à Dubaï grâce à la diversification économique qui sert, depuis quelques années déjà, d'amortisseur à la trop forte volatilité des marchés pétroliers.

La croissance se concrétise dans toutes les composantes : les investissements sont en hausse de 6,2%, les exportations progressent de 3,3% et la consommation des ménages de 4,5%. Alors que le PIB pétrolier est affecté en 2023 par la baisse du prix du pétrole à 82 USD/bbl et par la chute de 5% des productions dans le cadre des accords OPEP+, le PIB non pétrolier poursuit son expansion dynamique comme l'illustre l'indice PMI, qui mesure le sentiment des milieux d'affaires, très bien orienté à plus de 55 depuis un an.  

De son côté, le secteur immobilier bénéficie de la forte hausse des investissements en provenance de Russie et se redresse après de nombreuses années peu favorables. Cela alimente d'ailleurs une inflation un peu élevée à 3,3% à Dubaï depuis un an, un phénomène que l'on ne retrouve pas à Abu Dhabi.

Le tourisme est un secteur clé pour l'économie des Émirats et les différents gouvernements de la Fédération ont mis en place des politiques actives pour attirer des visiteurs. Ainsi, Dubaï a reçu plus de 17 millions de touristes en 2023, une hausse de 19% par rapport à la performance de 2022. Dans ce secteur également, la diversification de l'offre touristique est favorable au développement comme le suggèrent les 4 millions de personnes qui ont visité le Louvre Abu Dhabi depuis son ouverture en 2017.

Ces développements favorables ont eu des impacts positifs sur les indicateurs macro-économiques et notamment sur les soldes budgétaires et courants. Le solde courant devrait rester fortement excédentaire (malgré la volatilité des recettes pétrolières) et devrait atteindre 11% du PIB en 2023.

En ce qui concerne les comptes de l'État, la Fédération n'a pas connu de déficit budgétaire depuis 2018. Les excédents budgétaires sont récurrents depuis 2021 et la dette publique qui avait dépassé le seuil de 60% du PIB malgré une fiscalité renforcée lors de la mise en place de TVA, chute fortement à 52% du PIB en 2023. Une baisse qui devrait se poursuivre dans le futur.

Article publié le 15 mars 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

Émirats arabes unis – Après une année 2023 bien orientée, 2024 s'annonce favorablement

Qu'attendre de l'année 2024 ? La stabilisation probable des marchés pétroliers devrait permettre une très légère progression des productions dans un contexte de prix relativement stables. Le PIB hors pétrole devrait également poursuivre son développement sur la tendance précédente et une croissance du PIB total de 3,6% est envisageable en 2024. Celle-ci pourrait s'accélérer légèrement à environ 4% en 2025. En termes de comparaison régionale, la Fédération devrait donc croître sur un rythme d'environ le double de la moyenne des autres pays du CCG. Bien que 71% des exportations des Émirats soient toujours constituées de produits pétroliers, relevant une dépendance encore prégnante, la ferme volonté politique de réduire cette dépendance commence à produire des effets un peu plus visibles chaque année.

Olivier LE CABELLEC, Economiste