États-Unis – L'inflation atteint 5% en mai, de nouveau au-delà des anticipations

États-Unis – L'inflation atteint 5% en mai, de nouveau au-delà des anticipations

En résumé

Après la forte surprise du mois dernier (le taux d’inflation s’était envolé 50 points de base au-dessus des anticipations du consensus), les indices des prix à la consommation ont de nouveau surpris à la hausse au mois de mai. La hausse des prix à la consommation a atteint 5% sur un an, après 4,2% en avril et 2,6% en mars, un résultat excédant nos anticipations (4,8% selon nos stratégistes) pourtant déjà supérieures à celles du consensus (4,6%). Il s’agit d’un plus haut depuis l’accélération de l’indice à 5,4% au mois d’août 2008. Corrigé des variations saisonnières l’indice CPI a crû de 0,6% sur le mois, après 0,8% au mois d’avril.

L’inflation sous-jacente (CPI hors énergie et produits alimentaires) a rebondi sur un an à 3,8%, après 3% en avril, tirée par les prix des matières premières sous-jacentes (6,5% sur un an) et des services (2,9% sur un an). En variation mensuelle, l’indice des prix sous-jacents a crû de 0,7%, après 0,9% au mois d’avril, les mêmes indices continuant leur progression, à savoir les prix des voitures d’occasion et des camions, les équipements ménagers, les nouveaux véhicules, les tarifs aériens et les vêtements. L’indice des soins médicaux a légèrement baissé en mai : c’est l’une des rares composantes à enregistrer une baisse.

L’indice des prix des voitures d’occasion et des camions a bondi de 7,3% au mois de mai (après 10% en avril), contribuant pour un tiers à la hausse de l’indice CPI sur le mois. L’indice des nouveaux véhicules a augmenté de 1,6%, après 0,5% en avril. Les tarifs dans les services de transport rebondissent pour le troisième mois d’affilée (+1,5% sur le mois). En revanche, les prix de l’énergie sont stables pour le deuxième mois consécutif, des baisses des prix de l’essence et du fioul compensant des hausses dans les services. La hausse annuelle du prix de l’énergie reste toutefois élevée à 28,5%. Enfin, l’indice des produits alimentaires croît de manière assez soutenue (0,4% en variation mensuelle et 2,2% sur un an).

Notre opinion – Le taux d’inflation américain est en hausse continue depuis le début de l’année (1,4% en janvier). Cette accélération rapide résulte de la combinaison de plusieurs facteurs. Aux effets de base s’ajoutent de fortes hausses des prix des matières premières en partie dues à des goulets d’étranglement temporaires dans un contexte de fort rebond de la consommation des ménages soutenue par des aides financières substantielles et une épargne élevée héritée de la crise de 2020. En outre, la réouverture de l’économie engendre des pressions sur les prix dans les secteurs ayant été directement impactés par la pandémie tels que l’hôtellerie, le transport aérien et l’automobile, alors même que l’offre demeure restreinte à la sortie de la crise. On observe par ailleurs deux facteurs spécifiques aux États-Unis : d’une part, la hausse des prix des véhicules d’occasion (30% en mai sur un an) qui s’explique elle-même en partie par les mesures de soutien à la consommation qui devraient continuer d’impacter le taux d’inflation jusqu’au début 2022 et, d’autre part, la hausse des prix des maisons existantes (19% en avril sur un an) qui devrait pousser la composante "loyer équivalent propriétaires" vers le haut entre le troisième trimestre 2021 et fin 2022.

Une modération des rythmes d’inflation reste notre scénario central dans les prochains mois grâce à la dissipation des effets de base et à l’ouverture de l’économie qui devrait faciliter la normalisation du déséquilibre actuel entre l’offre et la demande. L’inflation devrait culminer au deuxième trimestre, puis décélérer ; l’inflation sous-jacente atteindrait son pic au mois de juin. Toutefois, l’inflation sous-jacente devrait finir l’année proche de 3%, toujours supérieure donc à la cible de la Réserve fédérale. À partir du milieu de l’année prochaine, l’inflation devrait se calmer plus nettement : elle serait proche de 2% en moyenne au second semestre. Les membres du FOMC ont continué de répéter que la hausse de l’inflation était « transitoire », tout en suggérant un début proche des discussions autour du futur "tapering" (ralentissement des achats d’actifs). Notre scénario central table sur un début des discussions sur le « tapering » au symposium de Jackson Hole fin août, pour un "tapering" commençant début 2022.

Article publié le 11 juin 2021 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

États-Unis – L'inflation atteint 5% en mai, de nouveau au-delà des anticipations

Le taux d'inflation américain est en hausse continue depuis le début de l'année (1,4% en janvier). Cette accélération rapide résulte de la combinaison de plusieurs facteurs. Aux effets de base s'ajoutent de fortes hausses des prix des matières premières en partie dues à des goulets d'étranglement temporaires dans un contexte de fort rebond de la consommation des ménages soutenue par des aides financières substantielles et une épargne élevée héritée de la crise de 2020.

Slavena NAZAROVA, Economiste - Royaume-Uni, Pays scandinaves et Irlande