Mexique – Budget 2022 : scénario optimiste
- 22.09.2022
- 0
- Télécharger la publication (PDF - 215,96 KB)

En résumé
Le ministère des Finances vient de présenter le projet de Budget 2022 : il devrait être approuvé sans difficulté grâce à la majorité détenue par la coalition Morena.
Avec des recettes (en hausse de près de 10% en termes réels par rapport au budget 2022) et des dépenses (+11,5%) à, respectivement, 22,7% et 26,3% du PIB (dont 3,4% au titre des intérêts), le budget cible un quasi-équilibre primaire couplé à un déficit budgétaire de 3,6% du PIB (4,1% du PIB avec le besoin de financement extra budgétaire). Il vise un ratio dette/PIB en hausse très modérée et toujours légèrement inférieur à 50%. La priorité affichée va aux dépenses sociales. Grandes gagnantes des premiers budgets présentés par le gouvernement d'AMLO, les dépenses énergétiques marquent le pas. Le soutien à Pemex, surtout, se stabilise en raison de l'achèvement de la construction de la raffinerie Dos Bocas, qui devrait entrer en phase de test. En revanche, portées notamment par le projet phare du Train Maya, les dépenses liées aux projets d'infrastructures devraient quasiment doubler. Le budget alloué à la sécurité perd "des parts de marché", en dépit des enjeux de lutte contre le crime organisé.
Notre opinion – Les projets de budget présentés ces dernières années péchaient par excès d'optimisme en surestimant systématiquement la croissance (aussi bien celle de l'année à venir que celle retenue pour les projections à moyen terme) et en souffrant d'un biais positif sur la production de pétrole. Le budget 2023 n'échappe pas à la règle en retenant notamment une croissance pour 2023 prévue à 3% quand le consensus table sur 1,6%. Le budget retient également une production de pétrole à 1 872 mb/j (au-delà de la tendance qui a prévalu ces dernières années), se cale sur des prévisions favorables d'inflation et parie sur l'absence de récession potentielle aux États-Unis. L'estimation du prix du baril à 68,7 USD - très inférieure au prix actuel - est en revanche assez prudente, tout comme l'est la baisse envisagée des taux d'intérêt domestiques.
Avec un déficit et un ratio de dette/PIB encore contenus mais structurellement contraints par la faiblesse des recettes sur PIB, le budget se révèle assez vertueux seulement en ce qu'il ne creuse pas sensiblement les déséquilibres : l'administration AMLO a fait de la stabilité budgétaire une priorité (au point de très peu agir face à l'épidémie de Covid) et elle n'est pas menacée. Le besoin de financement devrait être facilement couvert grâce au marché domestique palliant le recul progressif de la part de titres détenue par les investisseurs non-résidents. Par ailleurs, selon le ministère des Finances, le Trésor dispose d'une importante position de trésorerie de 600 milliards de pesos (1,9% du PIB) n'ayant pas été transférés aux fonds de stabilisation.
Note rédigée par Justine Melot, stagiaire Amérique latine, sous la responsabilité de Catherine Lebougre
Article publié le 16 septembre 2022 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

Avec des recettes (en hausse de près de 10% en termes réels par rapport au budget 2022) et des dépenses (+11,5%) à, respectivement, 22,7% et 26,3% du PIB (dont 3,4% au titre des intérêts), le budget cible un quasi-équilibre primaire couplé à un déficit budgétaire de 3,6% du PIB (4,1% du PIB avec le besoin de financement extra budgétaire). Il vise un ratio dette/PIB en hausse très modérée et toujours légèrement inférieur à 50%. La priorité affichée va aux dépenses sociales. Grandes gagnantes des premiers budgets présentés par le gouvernement d'AMLO, les dépenses énergétiques marquent le pas.
Catherine LEBOUGRE, Economiste