Gaz – Scénario 2023-2024 : vive la sobriété

Gaz – Scénario 2023-2024

En résumé

La sobriété a permis à l'Europe de traverser l'hiver dernier sans pénurie et sans black-out. Il sera indispensable de poursuivre cette sobriété, afin de renforcer l'Europe et lui permettre de faire face aux prochains défis que le marché du gaz est susceptible d'avoir à affronter.

À la sortie de l'hiver, les prix du gaz naturel ont continué leur décrue et ont atteint des niveaux bien inférieurs à ceux de l'année dernière, alors que le gazoduc Nordstream 1 était encore opérationnel sur le deuxième trimestre 2022. Ce miracle est essentiellement dû aux réductions de la demande en gaz naturel en Europe mais aussi en Asie. De nombreux pays en Asie ont réduit leur consommation de gaz naturel en augmentant souvent leur consommation de charbon. Cette baisse de la demande de GNL (gaz naturel liquéfié) en Asie permet à l'Europe de maintenir ses importations de GNL, si cruciales pour sa sécurité énergétique. L'Europe a également baissé sa consommation de gaz naturel. Les efforts de sobriété qu'elle a accomplis cet hiver et qu'elle prolonge ce printemps et cet été lui assurent un bon taux de remplissage de ses stocks. Aujourd'hui remplis à près de 75%, les stocks européens ont environ un mois et demi d'avance sur le taux moyen de remplissage. La combinaison d'importations de GNL et de baisse de la consommation permet d'aborder l'approche du prochain hiver avec plus de sérénité que l'année dernière. 

Cependant, il convient de rester prudent et de maintenir les efforts de sobriété sur 2023 et 2024. En effet, il est possible que les autorités hollandaises annoncent l'arrêt définitif avant la fin 2023 de l'exploitation du champ de gaz Groningen qui alimente l'Europe depuis 1963. Avec un pic de production de 88 milliards de m3 en 1976, Groningen, responsable de la "maladie hollandaise" ayant affecté l'économie des Pays-Bas dans les années 60, a constitué une source d'approvisionnement de premier plan pour l'Europe jusqu'au milieu des années 2010. Alors que Groningen produisait encore 57 milliards de m3 en 2013, l'accumulation de tremblements de terre dans la zone d'exploitation a cependant poussé les autorités hollandaises à fortement diminuer sa production. En 2022, Groningen ne produisait plus que 4,8 milliards de m3. Si son arrêt est confirmé avant la fin 2023, l'Europe devra alors soit importer davantage de GNL, soit réduire d'autant sa consommation pour éviter de tendre un marché du gaz avec peu de nouvelles capacités en 2023 et en 2024. De plus, même si l'Europe a bénéficié ces dernières années d'hivers relativement doux, il ne faut pas exclure la possibilité d'un prochain hiver plus rude qui inévitablement augmentera la consommation en gaz naturel, afin de satisfaire des besoins de chauffage plus importants. 

Conditions météorologiques exceptionnelles exclues, si le marché du gaz naturel en Europe parvient à maintenir son équilibre actuel autour des deux piliers que sont le GNL et la sobriété, les prix du gaz naturel devrait alors rester stables avec toutefois des risques périodiques de volatilité.

Article publié le 30 juin 2023 dans notre trimestriel Monde – Scénario macro-économique 2023-2024 : : une "normalisation" laborieuse
 

Gaz – Scénario 2023-2024

Conditions météorologiques exceptionnelles exclues, si le marché du gaz naturel en Europe parvient à maintenir son équilibre actuel autour des deux piliers que sont le GNL et la sobriété, les prix du gaz naturel devrait alors rester stables avec toutefois des risques périodiques de volatilité.

Stephane FERDRIN, Ingénieur-Conseil