Japon-Corée – Les lignes de force de la géo économie asiatique bougent vite

Japon-Corée – Les lignes de force de la géo économie asiatique bougent vite

 

  • La mémoire fait mal
  • La géopolitique des îlots
  • Les raisons du rapprochement
  • Les enjeux climatiques imposent la coopération
  • La logique puissante de l'interdépendance
  • Pendant ce temps, l'Otan progresse en Asie
  • Une stratégie de dissuasion qui accroît la capillarité du militaire et de l'innovation
  • Géopolitique froide, économie chaude ?

En résumé

Le Japon et la Corée du Sud se rapprochent : le 16 mars, Kishida Fumio, Premier ministre japonais, et Yoon Suk-yeol, président sud-coréen, se sont retrouvés à Tokyo pour une première rencontre bilatérale depuis 12 ans, puis à Séoul en mai. La Corée est aussi invitée au G7 par le Japon. Il s’agirait donc d’une « nouvelle ère », selon le président coréen. Si ce rapprochement se poursuit, ce sera l’une des nouvelles lignes géopolitiques qui peut impacter l’économie régionale, voire mondiale, notamment pour les secteurs sous pression géopolitique, semi-conducteurs et batteries en tête. Reste à savoir jusqu’où cette relation pourra s’autonomiser des États-Unis, et comment elle influencera la relation des deux pays avec la Chine.

Japon-Corée – Les lignes de force de la géo économie asiatique bougent vite

La sécurité économique (terme très souvent évoqué dans la stratégie japonaise) de chacun, devenue une priorité pour tous, passe par la sécurisation des chaînes de valeur régionales. Il ne s’agit pas seulement de menaces géopolitiques mais aussi de la matérialisation rapide des risques climatiques : depuis 2000, 40% des désastres mondiaux auraient eu lieu en Asie Pacifique. Les gouvernements des deux pays veulent donc renforcer une coopération régionale sans laquelle la résilience de la région sera impossible : cet objectif vient d’être clairement réaffirmé au cours de la 56e assemblée des gouverneurs de la Banque asiatique de développement, et la coopération est matérialisée depuis 2010 par la possibilité d’activer, en cas de catastrophe, des swaps en devises nationales (Chiang Maï Initiative), à hauteur de 240 Mds USD – programme ouvert à l’Asean + 3 (Chine, Japon et Corée). Par ailleurs, Séoul et Tokyo collaborent aussi dans des instances régionales (IPEF, Mékong Commission, Pacific Island Forum…).

Tania SOLLOGOUB, Economiste