Royaume-Uni – Après les grèves de décembre, léger rebond du PIB en janvier

Le PIB britannique a crû de 0,3% sur le mois de janvier, après avoir baissé de 0,5% en décembre. Il enregistre une croissance nulle par rapport à janvier 2021 et reste de 0,2% inférieur à son niveau pré-Covid de février 2020. 

Le rebond de janvier est le fait du secteur des services qui enregistre une hausse de 0,5% sur le mois, après une baisse de 0,8% en décembre. C'est grâce à des contributions positives de la plupart des principaux sous-secteurs tels que l'éducation, les services de transport et de stockage (notamment postaux), les services de santé et d'aide à la personne, les arts et les loisirs. C'est le secteur de l'éducation qui contribue le plus, et de loin, au rebond avec une hausse de 2,5% en janvier après une baisse de 2,6% en décembre. L'ONS explique que "en janvier, les niveaux de fréquentation scolaire sont revenus à des niveaux normaux après une baisse importante en décembre 2022". Les activités avec un contact direct avec la clientèle (ventes au détail, restauration et hôtellerie, tourisme et transport, divertissement et loisirs) progressent de 0,3%, après une baisse de 1,2% en décembre, et restent 8,6% en deçà de leur niveau pré-Covid (février 2020).

En revanche, les secteurs de l'industrie et de la construction chutent sur le mois. L'industrie baisse de 0,3%, après une hausse de 0,3% en décembre. C'est le secteur manufacturier qui contribue le plus à cette baisse. Il recule de 0,4% après avoir été stable en décembre. Sept de ses treize principaux sous-secteurs enregistrent des baisses sur le mois, le secteur pharmaceutique (-4,7%) étant le plus fort contributeur à la baisse. L'extraction minière et pétrolière a également baissé sur le mois (-2,2%) en raison d'une chute de 3% de l'extraction de pétrole et de gaz. Enfin, la construction se replie de 1,7%, après une croissance nulle en décembre. Il s'agit de sa plus forte baisse mensuelle depuis juin 2022, due à une baisse des nouveaux chantiers (- 4%), qui a été partiellement compensée par une hausse des réparations et de l'entretien (+2%). 

Le PIB enregistre une croissance nulle en moyenne sur les trois mois à fin janvier par rapport aux trois mois à fin octobre. Le secteur des services est stable, tandis que l'industrie progresse de 0,3% et la construction baisse de 0,7% sur la même période. 

Notre opinion – Le rebond du mois de janvier est une bonne nouvelle, certes, car il diminue un peu plus la probabilité de récession à court terme. Mais il nous semble largement dû à un effet de rattrapage, après un mois de décembre qui a été fortement perturbé par des grèves d'envergure dans les services publics pour exiger des hausses de salaires face à la hausse du coût de la vie. Après un PIB stable au T4 par rapport au T3, l'acquis de croissance fin janvier pour le T1 s'élève à 0%. Les enquêtes s'inscrivant en hausse en février, l'économie britannique pourrait donc même enregistrer une croissance positive sur le trimestre. 

En revanche, il est difficile de voir dans les détails du PIB les signes d'une vraie accélération de l'activité. Les rebonds dans les secteurs des services viennent tous après des chutes plus marquées en décembre et sont donc davantage le résultat de ce rebond technique post-grèves, mais pas assez fort pour suggérer un élan quelconque de reprise qui serait motivé par un changement fondamental. 

Nous restons donc circonspects quant à l'éventualité d'une accélération marquée de l'activité à court terme. Certes, la baisse des prix de l'énergie sera une bouffée d'oxygène pour la demande. Mais celle-ci devra encore faire face aux effets du resserrement monétaire passé (refinancement des contrats de crédit hypothécaire à des taux plus élevés notamment), à la poursuite de la baisse du pouvoir d'achat à court terme et à certaines hausses d'impôts planifiées pour avril (notamment celle de l'impôt sur les sociétés, censé augmenter de 19% à 25%). 

Article publié le 10 mars 2023 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine