Italie – Une résilience économique à confirmer au deuxième semestre

Italie – Une résilience économique à confirmer au deuxième semestre

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L’estimation préliminaire du PIB du troisième trimestre montre que l’économie italienne a stagné par rapport au deuxième trimestre. Sur un an, la croissance du PIB a, quant à elle, ralenti à +0,4%. L'acquis reste cependant inchangé. Bien que le détail des comptes ne soit pas disponible, l'Istat indique que ce résultat est dû à l'effet combiné d'un recul de la demande intérieure et d'une contribution positive du commerce extérieur. Du côté de l'offre, si la valeur ajoutée dans le secteur primaire a augmenté, celle de l'industrie a reculé, tandis qu'elle est restée stationnaire dans les services.

Par rapport à notre estimation initiale, qui anticipait un recul du PIB de 0,1%, l'économie italienne fait mieux. L'Italie n'est cependant pas un cas isolé. Globalement, le PIB de la zone euro accélère légèrement, sa croissance progressant de 0,1% au deuxième trimestre à 0,2%. Si l’activité allemande stagne aussi, avec un profil sur l'année comparable à celui de l'Italie, l'économie française, mais aussi celle des Pays-Bas et du Portugal, progressent. L'Espagne, pour sa part, ralentit sur le trimestre, mais continue d’afficher l’une des croissances les plus élevées de la zone euro.

Selon les indications fournies par l'institut statistique italien concernant le PIB, il semblerait que les effets des tarifs douaniers ne se soient pas encore pleinement manifestés. La volatilité des données mensuelles du commerce extérieur au cours des trois derniers mois complique la lecture de cette réalité. En effet, après une hausse des exportations en valeur en juillet de 1,2%, tirée par les exportations hors UE, les flux de ventes vers l'étranger ont reculé de 2,7% en août. Malgré ce repli, l'acquis reste positif sur le trimestre, à 1,2%. La progression des exportations sur les huit premiers mois de l'année reste également positive à +3,8%. 

Les exportations hors UE – dont les données pour le mois de septembre sont disponibles – progressent de 1,8% sur le troisième trimestre, après avoir reculé de 4,4% au trimestre précédent. La baisse du mois d'août de plus de 7% a, en effet, laissé place à un rebond de 5,9% en septembre, permettant d'afficher une performance positive sur le trimestre. Dans le détail, si les exportations hors UE du T2 avaient été pénalisées par une baisse des ventes vers le Royaume-Uni et la Chine, avec un recul en glissement annuel marqué sur ces deux marchés, les exportations vers le Royaume-Uni semblent se redresser, tandis que celles vers la Chine sont toujours en recul. Les exportations vers le marché américain, quant à elles, semblent continuer de s'inscrire dans une dynamique robuste. Après le recul de 21% en août, la hausse de 34% en septembre fait pencher la performance du trimestre du côté positif. Si l'on exclut les équipements de navigation maritime, la croissance des exportations vers les États-Unis reste également très dynamique à 12%.

Les données du commerce extérieur se caractérisent également par un acquis négatif des importations au T3, malgré la reprise des importations en provenance des pays hors UE. Sur la période janvier-août, les importations ont enregistré une hausse de 4,8% en glissement annuel, majoritairement attribuable aux flux en provenance des pays hors UE.

Deux pays partenaires semblent tirer leur épingle du jeu. D'une part, les États-Unis (représentant 4% des importations) avec des flux en hausse de 70% en septembre et de 35% sur les neuf premiers mois de l'année en glissement annuel. Cette forte croissance trouve probablement son origine dans des effets de frontloading sur l'ensemble de la chaîne de valeur qui lie les deux pays, comme pour les flux de produits pharmaceutiques qui augmentent significativement dans les deux sens. D'autre part, on retrouve la Chine qui compte pour 8% des importations. Ces dernières enregistrent une hausse de 25% sur les neuf premiers mois de l'année. 

Dans le détail, les données du mois d'août indiquent que cette hausse est portée par la forte pénétration des véhicules chinois sur le marché italien (+64% sur les huit premiers mois de l'année par rapport à l'année précédente), représentant près de 3% des importations en provenance de ce pays. Les produits de consommation courante et, en particulier le textile qui compte pour 11% des flux en provenance de Chine, augmentent également de 11% sur les huit premiers mois de l'année.

Sur le front de l'emploi, les données de septembre viennent éclaircir le tableau économique, montrant une reprise des embauches durant ce mois. Il a été tiré par la hausse du nombre de salariés à durée indéterminée, tandis que le nombre de salariés à durée déterminée a diminué. En effet, après la stagnation du mois d'août et le repli en juillet, les craintes d'un début de retournement du marché du travail commençaient à émerger. Le rebond de l'emploi en fin de trimestre permet de contrebalancer cette dynamique, avec un trimestre positif à +0,1%. Si l'emploi reste robuste et se traduit par une hausse du taux d'emploi à 62,7%, l'appel d'air des inactifs s'est traduit par une hausse du taux de chômage sur le mois de septembre à 6,1%, contre 6% le mois précédent. Sur le trimestre, le taux de chômage baisse cependant de 6,3% au T2 à 6,1%. 

Notre opinion

Malgré la stagnation du PIB au T3, plusieurs éléments suggèrent que l’économie italienne reste résiliente. Le commerce extérieur compense partiellement le recul de la demande intérieure, tandis que le marché du travail bénéficie d’une baisse du taux de chômage sur le trimestre. Les signaux sont contrastés quant aux perspectives d'octobre 2025. La confiance des entreprises progresse, tirée par une amélioration globale des évaluations des entrepreneurs de l'industrie et du commerce. L'indice de confiance des consommateurs est également en hausse pour le deuxième mois consécutif, soutenu par les attentes concernant à la fois la situation économique générale et la situation familiale, ainsi que par l'évaluation plus favorable des possibilités d'épargne et d'achats de biens durables. L’amélioration de ces indicateurs de confiance devra toutefois être confirmée par les données d'activité réelle des prochains mois, pour valider une véritable amélioration de la conjoncture économique italienne.

Article publié le 31 octobre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine 

Italie – Une résilience économique à confirmer au deuxième semestre

Malgré la stagnation du PIB au T3, plusieurs éléments suggèrent que l’économie italienne reste résiliente. Le commerce extérieur compense partiellement le recul de la demande intérieure, tandis que le marché du travail bénéficie d’une baisse du taux de chômage sur le trimestre. Les signaux sont contrastés quant aux perspectives d'octobre 2025.

Sofia TOZY, Economiste, Italie et Pays scandinaves