France – Une moindre hausse du taux d’intérêt moyen sur la dette des entreprises qu’en zone euro

France – Une moindre hausse du taux d’intérêt moyen sur la dette des entreprises qu’en zone euro

En résumé

La Banque de France a récemment publié un billet de son Bloc-notes Éco dédié à la relation entre hausse des taux d’intérêt moyens versés et structure de l’endettement des entreprises dans les différents pays de la zone euro. Celui-ci confirme une hausse des taux d’intérêt plus faible en France en moyenne que dans l’ensemble des pays de la zone euro dans le contexte de resserrement monétaire récent, en lien avec un endettement des entreprises plus fréquemment à taux fixe et à long terme.

La France se distingue au sein de la zone euro par une dette des entreprises plus fréquemment à taux fixe et à long terme (près de quatre ans de maturité médiane, et pour plus de 80% à taux fixe), aux côtés de l’Allemagne et des Pays-Bas. Ses voisins du sud, l’Espagne et l’Italie, et surtout les pays baltes (maturité médiane inférieure à dix-huit mois et dette à 90% à taux variable pour ces derniers), sont dans le cas inverse, avec davantage d’endettement à taux variable et à plus court terme, en comparaison de la moyenne en zone euro. Cette structure d’endettement a un impact sur la hausse des taux d’intérêt moyens versés par les entreprises sur leur dette. En effet, si la hausse des taux d’intérêt sur les nouveaux emprunts est immédiate dans le cadre d’une hausse des taux d’intérêt directeurs, le taux moyen sur le stock de dette augmente plus rapidement lorsque la dette est à taux variable, ou que les emprunts à taux fixe doivent être plus fréquemment renouvelés (dette à court terme). Entre fin 2021 et mi-2023, la France affiche ainsi la plus faible hausse de taux d’intérêt moyen pour les entreprises en zone euro (+0,8 pp), quand l’Estonie a connu la plus forte hausse (+3,3 pp).

L’étude de la Banque de France ne porte que sur une partie de la dette des entreprises, celle pour laquelle l’Eurosystème dispose de données détaillées. Ces données couvriraient toutefois 50% de la dette des entreprises en zone euro, en Espagne et en Allemagne, et même 55% en Italie et 65% en France, ce qui semble suffisant pour en tirer des conclusions.

Notre opinion – La structure de l’endettement a relativement protégé les entreprises en France face au resserrement monétaire le plus rapide de la BCE, ce qui peut d’ailleurs expliquer la relative bonne tenue de leur investissement jusqu’au troisième trimestre 2023. Toutefois, à politique monétaire inchangée, le taux d’intérêt moyen versé par les entreprises françaises sur leur dette devrait continuer d’augmenter progressivement à mesure que le stock de dette se renouvelle et rattraper celui des autres pays de la zone euro. En outre, si cette structure se révèle protectrice dans le cas d’une hausse de taux, elle ralentira aussi la transmission de la politique monétaire lorsque celle-ci deviendra plus accommodante, retardant la baisse de taux d’intérêt moyen versé en comparaison d’autres pays de la zone euro. Cela concourt à un effet plus lent et diffus de la politique monétaire et renforce notre scénario publié récemment, avec un investissement encore négativement affecté en 2024 par le resserrement passé des conditions financières et qui rebondirait seulement en 2025, malgré des taux d’intérêt directeurs qui commenceraient à diminuer dès juin 2024.

Article publié le 12 avril 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

France – Une moindre hausse du taux d’intérêt moyen sur la dette des entreprises qu’en zone euro

La structure de l’endettement a relativement protégé les entreprises en France face au resserrement monétaire le plus rapide de la BCE, ce qui peut d’ailleurs expliquer la relative bonne tenue de leur investissement jusqu’au troisième trimestre 2023. Toutefois, à politique monétaire inchangée, le taux d’intérêt moyen versé par les entreprises françaises sur leur dette devrait continuer d’augmenter progressivement à mesure que le stock de dette se renouvelle et rattraper celui des autres pays de la zone euro.

Marianne PICARD, Economiste - France, Belgique et Luxembourg