Eurostat a publié le vendredi 5 décembre les résultats détaillés des comptes nationaux trimestriels du troisième trimestre 2025. L’accélération de l’activité à +0,3% (t/t) est confirmée, mais le rythme a été révisé à la hausse par rapport à l’estimation rapide et à notre prévision d’octobre (+0,2%).
CitationLe dynamisme de la demande domestique au troisième trimestre confirme la narration que nous portons depuis un an d’une résilience des acteurs domestiques face à un environnement extérieur défavorable à la croissance de la zone euro. La reprise de l’investissement est de bon augure dans un contexte d’incertitude croissante. La croissance déjà engrangée induirait une légère révision à la hausse de notre prévision de croissance pour 2025.
Ainsi, après une croissance rapide fin 2024 (+0,4% t/t), et davantage au premier trimestre (+0,6%), et le ralentissement du printemps (+0,1%), la croissance s’est installée sur un rythme proche du potentiel (+1,4% sur un an) au cours de l’été. L’acquis de croissance laissé par le T3 à la moyenne annuelle de 2025 est de 1,4%. Cet acquis fait peser un risque haussier sur notre prévision de croissance d’octobre dernier de 1,3%.
La croissance retrouvée de la demande intérieure, après son repli du T2, a porté la progression du PIB contribuant à hauteur de 0,4 point. L’accumulation des stocks s’est poursuivie et a soutenu la croissance du PIB à hauteur de 0,1 point, tandis que la contribution des exportations nettes a amputé la croissance de 0,2 point pour le deuxième trimestre consécutif.
Parmi les composants de la demande intérieure, la plus forte contribution est venue de l’investissement, qui s’est redressé (+0,9% t/t) après le repli (-1,7%) du T2. Ce repli s’inscrivait en ajustement après la forte remontée de l’investissement au T1 (+2,6%), tiré par la progression marquée de l’investissement en propriété intellectuelle en Irlande en début d’année. La croissance de la consommation des ménages s’est poursuivie à un rythme modeste (+0,2% t/t), soutenue par une dynamique encore positive de l’emploi (+0,2%) et de la masse salariale (+1,1%) qui a augmenté plus vite que l’inflation (+0,3% sur le trimestre). La croissance de la consommation publique s’est renforcée (+0,7%).
La demande extérieure s’est redressée (+0,7%) après l’ajustement (-0,4% au T2) qui avait suivi la forte hausse des exportations en début d’année, tirée surtout par les ventes aux États-Unis, notamment de produits chimiques, en anticipation de la hausse des droits de douane par l’administration Trump. Cette demande étrangère n'a pas pu soutenir la croissance du PIB, puisqu’elle a été plus que compensée par la remontée des importations (+1,3%). Après la baisse enregistrée en 2022, les importations en provenance de Chine sont en hausse constante et l’année 2025 témoigne d’une pénétration marquée notamment des produits chimiques, qui s’associe à une baisse notable des prix.
Notre opinion
Le dynamisme de la demande domestique au troisième trimestre confirme la narration que nous portons depuis un an d’une résilience des acteurs domestiques face à un environnement extérieur défavorable à la croissance de la zone euro. La reprise de l’investissement est de bon augure dans un contexte d’incertitude croissante. La croissance déjà engrangée induirait une légère révision à la hausse de notre prévision de croissance pour 2025 (prochaine prévision diffusée le 19 décembre).
Selon l’enquête PMI auprès des directeurs d’achats, l’activité au cours des deux premiers mois du quatrième trimestre s’est inscrite en expansion, la croissance au mois de novembre s’étant accélérée par rapport au mois d’octobre pour afficher son rythme le plus soutenu depuis deux ans et demi. Ce renforcement de la hausse de l’activité s’est appuyé sur une augmentation du volume des nouvelles affaires, la plus forte depuis trente mois, et s’est accompagné d’une croissance supplémentaire de l’emploi. La confiance des entreprises a également progressé au cours du mois, demeurant toutefois inférieure à sa moyenne de long terme. Leurs ventes à l’exportation ont de nouveau diminué au cours du mois de novembre bien qu’avec une stabilité du taux de contraction. Enfin, si l’expansion de l’activité s’est accélérée dans le secteur des services, la hausse de la production a ralenti dans le secteur manufacturier et a ainsi affiché son rythme le plus faible depuis neuf mois. En effet, les frictions commerciales et la récente appréciation de l'euro ont accentué les pressions sur les entreprises les plus exposées à la concurrence internationale, érodant la compétitivité des prix à l'étranger, au moment même où les entreprises chinoises augmentent leurs exportations vers les marchés mondiaux en raison d'une faible demande intérieure.
L’équilibre des risques reste orienté à la baisse avec plusieurs chocs structurels dont l’impact se déploie de façon séquentielle entre les différents secteurs, avec des ralentissements, voire des récessions sectorielles successives, qui ne se traduisent pas immédiatement par des tensions plus généralisées affectant l'économie de façon uniforme.
Article publié le 5 décembre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine