Géo-économie – Le nouveau rôle des puissances secondaires

Géo-économie – Le nouveau rôle des puissances secondaires

- La recomposition géopolitique, couplée aux enjeux climatiques, va être un puissant ressort de projets d'infrastructures
- Bénéficier en même temps des investissements américains et chinois
- Le grand avantage économique des États pivots géopolitiques
- Un nouveau critère de puissance : les chaînes de valeur
- Vers un monde de cartel ?
- Encadré - De l'économie de la pénurie à l'économie de la peur ?
- Fragmentation et opportunités

En résumé

Qu'y a-t-il de commun entre le contrat de GNL du Qatar avec la Chine, la baisse de production de pétrole par l'Arabie saoudite contre l'avis des États-Unis, les livraisons récentes de Gazprom à l'Azerbaïdjan, les frappes turques en Syrie ou la probabilité que les BRICs s'élargissent à l'Arabie saoudite ? En fait, tous les signaux vont dans le même sens : beaucoup de puissances, souvent qualifiées de secondaires par la géopolitique, sont de plus en plus autonomes géo-économiquement. Elles tiennent moins compte des consignes ou des menaces des grandes puissances. Or, ce « petit jeu » va être aussi déterminant pour l'économie que le Grand Jeu de l'affrontement États-Unis/Chine.

Géo-économie – Le nouveau rôle des puissances secondaires

Est-ce à dire que le scénario de deux blocs – autocraties versus démocraties – aura des limites dans ses effets économiques ? La réponse n'est pas binaire. En fait, la tendance à l'autonomie des puissances secondaires se déploie en même temps que la logique de blocs recompose les chaînes de production des secteurs stratégiques (semi-conducteurs, technologies quantiques, intelligence artificielle, etc.). La capillarité technologique entre militaire et civil y étant très forte, aucun État ou entreprise ne pourra s'échapper d'une logique de sécurité nationale. Quant aux pays les plus alignés avec les États-Unis, ils n'échapperont pas à une réorganisation de leur commerce et de leurs investissements dans le périmètre de la « mondialisation des amis ». Mais pour beaucoup d'États, l'histoire sera plus compliquée, faite à la fois d'alignement géopolitique pour les secteurs stratégiques, et de non-alignement dans d'autres domaines.

Tania SOLLOGOUB, Economiste