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Les insectes : une protéine qui fait mouche
Alors que le nombre d'habitants sur la planète et la demande en protéines ne cessent de croître, les insectes sont considérés, notamment par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), comme une ressource d'avenir pour l'alimentation humaine comme pour celle des animaux d'élevage. En France, les projets de grande envergure de production de farine d'insectes à destination de l'alimentation animale se multiplient. Décryptage de cette filière émergente.
Progressivement, les verrous réglementaires se lèvent quant à l’utilisation de protéines d’insectes pour l’alimentation animale : d’abord autorisée pour les animaux de compagnie, l’Union européenne a accordé en 2017 son utilisation pour l’aquaculture. En parallèle, la ressource halieutique est de plus en plus sous pression alors que 22% des captures de pêche sont utilisées en alimentation animale (source FAO) et que la demande en protéines pour la nutrition animale devrait augmenter de près de 50% d’ici 2050. Dans ce cadre, les protéines d’insectes sont une des solutions afin de satisfaire cette demande additionnelle en protéines. Les membres de l’IPIFF (International Platform of Insects for Food and Feed) estiment en effet que, d’une production proche de 0 en Europe aujourd’hui, celle-ci pourrait atteindre près de 3 millions de tonnes d’ici 2030.
Un des arguments en faveur des protéines d’insectes à destination de l’alimentation animale est leur mode de production. Ainsi, comparé à des protéines végétales (le soja par exemple), les besoins en espace et en eau sont considérablement réduits pour une même quantité de protéines. Un autre facteur mis en avant par les promoteurs des protéines d’insectes est l’économie circulaire ; en effet, les insectes sont nourris à partir de coproduits céréaliers ou issus de l’industrie agroalimentaire, ce qui permet de limiter le gaspillage via l’utilisation d’éléments peu ou non valorisés. Enfin, à partir de l’insecte, ce n’est pas seulement des protéines qui sont produites, mais également de l’huile liquide riche en acide gras (destinée aux animaux d’élevage) ou encore de l’engrais pour le secteur agricole.
Deux insectes sont principalement utilisés dans le cadre de la production de protéines : la mouche soldat (Hermetia illucens) et le ver de farine (Tenebrio molitor), la première ayant reçu les faveurs d’une majorité d’acteurs. Ces insectes ont été choisis en raison d’un taux de bioconversion élevé et des commodités offertes par leur élevage. Pour autant, penser qu’ils sont similaires serait une erreur. Le ver de farine se nourrit de coproduits céréaliers (son de blé ou de riz) quand la mouche soldat est alimentée par des coproduits de l’industrie agroalimentaire, par nature plus variables dans leur composition. De fait, le recours à l’un ou l’autre insecte concourt à des logiques industrielles différentes : le choix du ver de farine tend à des unités industrielles de très grande taille avec des approvisionnements centralisés quand la mouche soldat permet l’installation d’unités de taille variable, mais au plus près d’une ressource d’intrants homogène.
La France est le pays européen le plus dynamique en matière de protéines d’insectes et une filière s’est structurée, notamment autour des sociétés Ynsect et Innovafeed (toutes deux accompagnées par le groupe Crédit Agricole). Les deux sociétés portent des objectifs ambitieux :
Derrière ces deux entreprises, une dizaine d’autres acteurs se sont lancés sur ce marché, à l’instar d’Invers (basé dans le Puy-de-Dôme) qui, contrairement à la production réalisée au sein d’unités industrielles de grande taille, a choisi de mettre en place un réseau de production de vers de farine directement au sein des fermes céréalières, générant ainsi un complément de revenu pour les agriculteurs.
Enfin, en aval, Auchan a lancé l’été dernier une référence de poulet dont l’alimentation est enrichie en huile d’insectes et devrait commercialiser cette année du porc issu du groupement d’éleveurs Le Porcilin.
Pour autant, le succès à venir de la protéine d’insectes n’est pas exempt d’incertitudes. Économiquement, il est tout d’abord conditionné à la hausse des prix de la farine de poissons actuellement utilisée, pour devenir pleinement compétitif. Par ailleurs, la stabilité du taux de bioconversion (c’est-à-dire la stabilité du taux de protéines obtenu au regard des aliments apportés) sera clef pour être compétitif sur ce marché au sein duquel la hausse des capacités tendra à orienter les prix à la baisse, quand ceux des intrants risquent d’être orientés à la hausse.
Enfin, la taille finale du marché reste soumise à l’extension de la liste des animaux pour lesquels la protéine d’insectes pourra être utilisée comme aliment : son instruction est en cours pour la volaille et la filière porcine à la Commission européenne. En parallèle, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (European Food Safety Authority, EFSA) a rendu un avis favorable le 13 janvier dernier sur la commercialisation pour l’alimentation humaine des farines issues du ténébrion meunier, ouvrant une première porte à une utilisation au sein des marchés de la nutrition sportive et santé, si la Commission européenne donne son accord.
La filière des insectes à destination de l’alimentation animale est marquée par des investissements conséquents permettant le passage au stade industriel de la production, en rapport avec les débouchés prometteurs de ce marché. S’il est acquis qu’il est promis à se développer, sa taille finale dépendra de la levée de verrous réglementaires, économiques, techniques et sociétaux.
L'OBSERVATOIRE financier des Entreprises Agroalimentaires
L'Observatoire financier des entreprises agroalimentaires a pour objectif de mettre en évidence les tendances du secteur sur les principaux agrégats : activité, marges, rentabilité, endettement et capacité à investir.
Ce numéro 19 est consacré à la filière Agroalimentaire. Les données analysées sont issues des bilans 2019. Les analyses et commentaires ont été réalisés par les experts de la Direction de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et des Marchés Spécialisés du Crédit Agricole.
L'OBSERVATOIRE financier des Entreprises Agroalimentaires
L'Observatoire financier des entreprises agroalimentaires a pour objectif de mettre en évidence les tendances du secteur sur les principaux agrégats : activité, marges, rentabilité, endettement et capacité à investir.
Ce numéro 18 est consacré aux entreprises agroalimentaires de la filière viandes. Les données analysées sont issues des bilans 2019, jusqu'au 31 mars 2020. Les analyses et commentaires ont été réalisés par les experts de la Direction de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et des Marchés Spécialisés du Crédit Agricole.
PRISME – L'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire du Crédit Agricole
L'accord UE-Mercosur : quel impact sur le marché européen de la viande bovine ? Le Mercosur est un marché commun mis en œuvre début 1995, sur le modèle de la CEE, mais pas (encore) un marché unique. Il concerne aujourd'hui le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Le Venezuela, qui en était membre de 2012 à 2016, en est aujourd'hui exclu pour des raisons politiques, et la Bolivie est en phase d'adhésion. Il s'agit d'un bloc de 265 millions d'habitants, avec deux poids lourds : le Brésil (79% de la population et 75% du PIB) et l'Argentine (18% de la population et 21% du PIB).
L'OBSERVATOIRE financier des Entreprises Agroalimentaires
L'Observatoire financier des entreprises agroalimentaires a pour objectif de mettre en évidence les tendances du secteur sur les principaux agrégats : activité, marges, rentabilité, endettement et capacité à investir.
Ce numéro 17 est consacré aux entreprises agroalimentaires de la filière Plats Cuisinés & Snacking. Les données analysées sont issues des bilans 2019. Les analyses et commentaires ont été réalisés par les experts de la Direction de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et des Marchés Spécialisés du Crédit Agricole.
L'innovation, levier de réduction du gaspillage alimentaire
Parallèlement à la révolution technologique qui impacte toujours plus d'aspects de notre quotidien, nous vivons une prise de conscience de la fragilité de notre environnement et du besoin de protéger nos ressources. Pourtant, dans le monde, on estime que près d'un tiers des aliments destinés à la consommation humaine est jeté, ce qui représente environ 1,3 milliard de tonnes par an gaspillées, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Dans ce cadre, des solutions innovantes émergent pour limiter le gaspillage alimentaire et gérer tant les surplus que les invendus.
Un défi collectif tout au long de la chaîne alimentaire
Le gaspillage alimentaire est observable tout au long de la chaîne alimentaire, du champ à l'assiette, et concerne tous les acteurs : producteurs, transformateurs, distributeurs, restaurateurs, consommateurs. Les causes du gaspillage alimentaire sont également nombreuses : surproduction, critères de calibrage et d'apparence, mauvaise gestion des stocks, etc.
Selon la FAO, les conséquences économiques directes du gaspillage de produits agricoles (a? l'exclusion du poisson et des fruits de mer) sont estimées a? 750 milliards de dollars par an dans le monde. En France, ce sont 10 millions de tonnes de nourriture qui sont jetées chaque année, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), soit une facture estimée à 16 milliards d'euros !
L'innovation technologique permet aujourd'hui de développer des solutions ouvrant la voie à la création de services plus efficaces et performants en matière de réduction du gaspillage alimentaire. L'innovation produit permet, quant à elle, de valoriser plus largement les coproduits issus de l'industrie agro-alimentaire.
Lutter contre le gaspillage alimentaire in situ : un géant des services s'engage
À l'occasion de l'événement VivaTech qui s'est tenu à Paris du 16 au 18 mai derniers, Sodexo a lancé son programme de réduction du gaspillage alimentaire « Wastewatch », mené avec la start-up Leanpath. S'appuyant largement sur l'analyse de données, ce projet va être déployé sur 3 000 sites du groupe d'ici à un an.
Leanpath, basée à Londres et Portland, a développé depuis 2004 une technologie incluant une plateforme de collecte de données, un module d'analyse de la data et un coaching d'experts, qui permet, selon la start-up, de réduire de moitié la nourriture gaspillée par ses utilisateurs.
En pratique, des actions de modification des processus des cuisines de restauration collective peuvent être engagées sur la base des recommandations de Leanpath, et des changements comportementaux initiés afin de réduire le gaspillage alimentaire sur les sites dotés de cette technologie.
Réduire les invendus : les applications en première ligne
OptiMiam, Too Good to Go, HopHopFood : obtenir des produits à prix réduits ou gratuitement, c'est ce que proposent ces applications destinées à lutter contre le gaspillage alimentaire. Le principe est simple : mettre les utilisateurs en relation avec des commerçants ou des particuliers en leur permettant d'acheter des invendus ou des produits qui ne seront pas consommés.
La plus connue d'entre elles, Too Good to Go, est née au Danemark et s'est progressivement développée en Europe. Aujourd'hui, elle couvre 11 pays et compte 8 millions d'utilisateurs qui peuvent acheter les invendus de 15 000 établissements. Rien qu'en France, l'entreprise a permis d'éviter que près de 6 millions de repas soient jetés, ces derniers proposés tant par des commerces de proximité que par des groupes internationaux comme les enseignes d'Accor Hotel ou le Mandarin Oriental de Paris.
Au-delà de l'aspect bénéfique de la lutte contre le gaspillage alimentaire, ces applications permettent également aux commerçants de valoriser leurs invendus, et aux consommateurs de faire des économies.
Le recyclage des « déchets alimentaires » : de multiples possibilités de valorisation
Si les biodéchets sont valorisés pour produire de l'énergie depuis plusieurs années, notamment via la méthanisation, de nouveaux modèles émergent. Ainsi, dans la région Hauts-de-France, Innovafeed construit une nouvelle filière agro-industrielle qui utilisera les résidus de l'amidonnerie de Terreos afin d'élever des insectes lui permettant de produire de 10 000 à 20 000 tonnes de protéines par an, à destination de l'alimentation aquacole et animale.
En parallèle, l'innovation produit permet de valoriser les déchets alimentaires afin de produire des denrées à plus forte valeur ajoutée. Ainsi, aux États-Unis, Misfit Juicery, produit des jus à partir de fruits et légumes récupérés à hauteur de 70-80%, et SecondsFirst utilise des coproduits de la pêche pour préparer des galettes protéinées, en y incluant également des légumes hors calibre ou à l'apparence insatisfaisante, qui ne sont pas commercialisés.
Enfin, l'innovation produit peut se loger dans la récupération de déchets issus de l'industrie agroalimentaire pour créer des produits entièrement nouveaux :
- The Coffee Cherry Company utilise les restes de cerise de café non valorisé, pour les convertir en une farine hautement nutritive,
- Full Cycle Bioplastics s'essaye à produire un plastique biodégradable à partir de déchets alimentaires ou de résidus agricoles.
Réduire le gaspillage alimentaire est plus que jamais nécessaire dans un contexte de raréfaction des ressources et une démarche de développement durable de plus en plus prégnante. S'il n'existe pas de solution unique et globale, conjuguer de nouvelles approches plus raisonnées et de nouveaux modes de valorisation devrait permettre de réduire significativement ce gâchis.
Arnaud Rey
Arnaud.rey@credit-agricole-sa.fr
L'OBSERVATOIRE financier des Entreprises Agroalimentaires
L'Observatoire financier des entreprises agroalimentaires a pour objectif de mettre en évidence les tendances du secteur sur les principaux agrégats : activité, marges, rentabilité, endettement et capacité à investir.
Ce numéro 16 est consacré aux entreprises agroalimentaires de la filière lait. Les données analysées sont issues des bilans 2019, jusqu'au 31 mars 2020. Les analyses et commentaires ont été réalisés par les experts de la Direction de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et des Marchés Spécialisés du Crédit Agricole.
PRISME – L'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire du Crédit Agricole
La demande chinoise en viande soutenue pour plusieurs années par la fièvre porcine africaine
L'extension de la fièvre porcine africaine en Chine à partir de 2019 a provoqué une chute de la production nationale de porc. Les difficultés à circonscrire l'épidémie limitent pour le moment le développement de la production. Les substitutions de consommation du porc par le poulet et le développement de son élevage en Chine ne répondent que partiellement à l'ampleur des besoins. Le déficit chinois en viande favorisera au moins jusqu'à 2023 les importations de porc, poulet et bœuf. Mais l'Europe aura des difficultés à faire face sur ce marché à la concurrence des autres grands exportateurs.