Italie – Bilan démographique à 2050, le défi

Italie – Bilan démographique à 2050, le défi

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Quel sera l'impact du vieillissement de la population italienne sur le marché du travail à l'horizon 2050 ?

L'Istat s'est prêté dans son dernier rapport au difficile exercice de répondre à cette question. L'Italie est l'un des pays européens les plus touchés par le vieillissement de la population. L'âge médian en Italie reste le plus élevé d'Europe à 48,7 ans, soit trois années de plus que dans la plupart des autres pays de la zone. À titre de comparaison, l'âge médian est de 42,5 ans en France et de 45,5 ans en Allemagne.

Les projections de population mises à jour en février, et publiées également par l'Istat, dressent un état des lieux des tendances démographiques du pays et confirment ce processus. La trajectoire démographique italienne devrait suivre une tendance à la baisse au cours des prochaines décennies, avec une population qui passerait de 59 millions en 2024 à 54,7 millions d'habitants en 2050, puis à 45,8 millions en 2080.

La part des 65 ans et plus passera de 24,3% à 34,6% de la population en 2050, tandis que la part de celle en âge de travailler (15-64 ans) diminuera de 63,5% à 54,3%. En chiffres absolus, la population âgée de 15 à 64 ans devrait passer de 37,2 millions en 2024 à moins de 30 millions en 2050, avec une baisse plus marquée pour les femmes : les hommes passeraient d'environ 18,7 millions à 15,5 millions (-17%) et les femmes de 18,6 à 14 millions (-24,4%).

Le corollaire de ces résultats sur le marché du travail est néanmoins moins alarmant. En effet, bien que la population en âge de travailler devrait baisser, ces effets seraient en partie compensés par un taux d'activité qui devrait augmenter de 6,6 points, selon les prévisions.

À l'heure actuelle, le taux d'activité en Italie reste globalement faible en comparaison de la moyenne européenne, malgré les fortes progressions enregistrées au cours des dernières années, en particulier depuis 2020. Ce dernier est passé de 62,5% en 2004 à 66,6% en 2024, alors qu'il atteint 74,5% en France et en Espagne, et dépasse 80% en Allemagne. La principale raison de cette faible participation au marché du travail réside dans un taux d'activité féminin structurellement bas à 57,6%, créant un écart de 18 points avec le taux d'activité masculin.

Ainsi, le travail des femmes et l’une des clés de réponse à la baisse de la population active. Les prévisions indiquent, en effet, que l'amélioration attendue du taux d'activité devrait provenir principalement de la réduction de l'écart de participation entre les hommes et les femmes, avec un taux de participation féminine qui passerait à 66% à l'horizon 2050.

Notre opinion – Face à ces perspectives démographiques préoccupantes, le gouvernement italien a déjà déployé plusieurs initiatives stratégiques. La politique familiale constitue le premier axe d'intervention, avec notamment le bonus famille et diverses mesures de soutien à l'emploi féminin. Ces dispositifs, reconduits dans la dernière loi de finances, représentent l'une des pierres angulaires de la politique sociale menée par Giorgia Meloni depuis son élection. En parallèle, l'Italie bénéficie d'une dynamique migratoire positive qui contribue à atténuer le déclin démographique : en 2023, le solde migratoire a atteint +274 000 personnes, avec un taux de 4,6 pour 1 000 habitants, le plus élevé depuis 2011.

Le gouvernement prévoit de renforcer et d'élargir les dispositifs pour stimuler davantage l’emploi des catégories actuellement sous-représentées, notamment les femmes et les jeunes. Les résultats encourageants observés ces dernières années sur le marché du travail témoignent du potentiel de ces politiques.

Toutefois, selon les projections de l'Ageing Report 2024 de la Commission européenne, ces efforts, bien que nécessaires, ne suffiront pas à inverser complètement la tendance. La contribution du facteur travail à la croissance potentielle deviendra négative à partir de 2030-2034, ce qui souligne l'ampleur du défi. Pour maintenir sa compétitivité économique, l'Italie devra donc déployer une stratégie plus globale. Celle-ci devra combiner le renforcement des politiques familiales et l'intégration efficace des flux migratoires avec des investissements massifs dans la productivité, l'innovation, la formation continue et la transformation technologique, une logique déjà présente dans le Plan de Relance, mais qui devrait se pérenniser sur le long cours.

Article publié le 24 octobre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

Italie – Bilan démographique à 2050, le défi

À l'heure actuelle, le taux d'activité en Italie reste globalement faible en comparaison de la moyenne européenne, malgré les fortes progressions enregistrées au cours des dernières années, en particulier depuis 2020. Ce dernier est passé de 62,5% en 2004 à 66,6% en 2024, alors qu'il atteint 74,5% en France et en Espagne, et dépasse 80% en Allemagne. La principale raison de cette faible participation au marché du travail réside dans un taux d'activité féminin structurellement bas à 57,6%, créant un écart de 18 points avec le taux d'activité masculin.

Sofia TOZY, Economiste, Italie et Pays scandinaves