Égypte – Une probable extension du plan de soutien du FMI dans un contexte difficile

Égypte – Une probable extension du plan de soutien du FMI dans un contexte difficile

En résumé

Le FMI a annoncé le 18 novembre dernier, par la voix de sa directrice générale, une probable augmentation du plan de soutien financier à l'Égypte en raison des difficultés économiques liées à la chute du tourisme et à la hausse des prix de l'énergie importée provoquée par la guerre Hamas-Israël. L'actuel programme financier est un modeste soutien de 3 Mds USD (qui s'ajoute aux plans de 2016 de 12 Mds USD et de 2020 de 8 Mds USD) et qui devrait donc être porté à 5 Mds USD. D'autres organisations multilatérales comme la Banque mondiale, la BERD ou la Banque islamique de développement pourraient prendre des mesures similaires ou d'extension des maturités de remboursement. Au total, les trois plans de soutien du FMI devraient s'élever à 6,5% du PIB, un ratio assez important. Les décaissements du FMI sont suspendus depuis presque un an car le Fonds attend une flexibilisation du taux de change, une exigence ancienne, pour reprendre, sans doute début 2024, son programme de soutien financier.

Toutefois, pour l'Égypte, le plan de soutien élaboré par le FMI en 2022 repose essentiellement sur les aides bilatérales et privés. Qu'en sera-t-il donc pour les investisseurs privés ? Si les aides des pays du Golfe pourraient également s'intensifier, une forte hausse des volumes d'investissement privé semble assez peu probable compte tenu du contexte géopolitique actuel. Effectivement, les investissements en provenance d'Asie ou des pays occidentaux pourraient marquer le pas. Actuellement, les IDE (investissement directs étrangers) se sont redressés à environ 10 Mds USD par trimestre depuis un an grâce aux privatisations et aux aides directes des pays pétroliers mais les investissements de portefeuille sont eux toujours en contraction de 29 Mds USD cumulés depuis sept trimestres, illustrant la défiance de certains types d'investisseurs. La poursuite du flux constant d'IDE à court terme est très incertaine compte tenu de la guerre aux frontières du pays. Les autorités égyptiennes ont annoncé avoir adapté le cadre législatif pour améliorer l'environnement du droit des affaires par trois lois sur les investissements, les entreprises et les marchés de capitaux ; par ailleurs, elles multiplient les zones franches autour du canal de Suez pour attirer des entreprises étrangères avec des avantages fiscaux. À ce stade, ces réformes n'ont pas encore produit des retombées économiques mesurables car ces réformes produisent des résultats plutôt à long terme.  

Le déficit courant se contracte depuis quelques trimestres, ce qui est une très bonne nouvelle macro-économique. La bonne tenue du tourisme et la hausse des recettes du canal de Suez (+20%) en sont en partie la cause. Mais ceci est surtout le résultat de la baisse des importations dont le flux a diminué de 15 Mds depuis un an en raison de la pénurie de dollars pour régler les importateurs.

De son côté, l'inflation commence à reculer mais si lentement… Avec 35% en octobre après un mois de septembre à 38%, la tendance reste très défavorable et cela commence à provoquer des tensions sociales dans le pays.

NOTRE OPINION – L'environnement géopolitique pourrait avoir plusieurs impacts défavorables sur l'économie égyptienne. Le premier est une baisse des flux touristiques qui pour l'instant ne se sont pas matérialisés, le ministère a confirmé que les arrivées de touristes ont progressé de 30% sur les dix premiers mois de 2023. Les autorités essayent d'anticiper une éventuelle diminution des réservations avec les tarifs plus attractifs à destination du sud du Sinaï. Le deuxième impact pourrait être assez élevé sur le sentiment des investisseurs étrangers, déjà préoccupés par la politique monétaire et qui pourraient être inquiets des lourdes incertitudes régionales si une extension du conflit au-delà de Gaza se matérialise. L'impact sur la croissance du PIB ne semble pas, là non plus être en œuvre à ce stade mais la baisse de la consommation des ménages devrait déjà entraîner une légère décélération de la croissance du PIB au deuxième semestre 2023. Un redressement début 2024 reste toujours probable selon la plupart des analystes.  

Article publié le 1er décembre 2023 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

 

Égypte – Une probable extension du plan de soutien du FMI dans un contexte difficile

Au total, pour l'Égypte, les trois plans de soutien du FMI devraient s'élever à 6,5% du PIB, un ratio assez important. Les décaissements du FMI sont suspendus depuis presque un an car le Fonds attend une flexibilisation du taux de change, une exigence ancienne, pour reprendre, sans doute début 2024, son programme de soutien financier.

Olivier LE CABELLEC, Economiste