France – L'Insee revoit sa copie, moins d'inflation mais aussi moins de croissance pour 2023
- 21.12.2023
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L'Insee a publié jeudi dernier sa note de conjoncture de décembre, l'occasion de revenir sur les dernières informations conjoncturelles mais aussi de présenter ses nouvelles prévisions, cette fois à horizon mi-2024. L'institut statistique revoit ainsi sa copie pour l'année 2023, avec une inflation mais aussi une croissance moindres qu'anticipé dans ses précédentes prévisions (octobre).
L'Insee salue la décélération des prix avec le titre « La désinflation en bonne voie ». La prévision d'inflation totale (au sens de l'indice des prix à la consommation, ou IPC) est ainsi révisée légèrement en baisse, à +4,9% en moyenne annuelle pour 2023 (contre +5,0% dans sa note de conjoncture précédente), tout comme celle d'inflation sous-jacente (1), à +5,1% (contre +5,2%). En glissement annuel, l'inflation diminuerait progressivement d'ici juin où elle atteindrait +2,6% (+2,0% pour l'inflation sous-jacente). À noter aussi ce vendredi la publication des résultats définitifs d'inflation de novembre, avec une inflation révisée légèrement en hausse, à +3,5% en glissement annuel (contre +3,4% dans les résultats provisoires), demeurant toutefois en forte baisse par rapport à octobre (+4,0%) et surtout septembre (+4,9%). Les prix de toutes les composantes décélèrent sur un an, et l'énergie, les services et les produits manufacturés expliquent principalement la baisse de l'inflation ce mois-ci. L'inflation sous-jacente diminue aussi en novembre, à +3,6% sur un an (après +4,2% en octobre et +4,6% en septembre). Dans l'ensemble, les prix sont par ailleurs en baisse sur un mois (-0,2%) et en diminution de 0,6% par rapport à août.
Dans sa note de conjoncture, l'Insee revient aussi sur la légère baisse de l'activité au troisième trimestre (-0,1%, contre +0,1% dans la première estimation), et dresse un tableau plus sombre pour le quatrième trimestre que dans sa précédente note de conjoncture, avec une activité qui serait atone (+0,0% contre +0,2% dans ses prévisions d'octobre). L'institut table ainsi sur une stagnation de la consommation des ménages au dernier trimestre (+0,0%), tandis que l'investissement se replierait (-0,4%), en particulier celui des ménages (-1,0%), en lien avec la hausse des taux d'intérêt. Le commerce extérieur permettrait d'éviter une contraction de l'activité (et donc une récession technique), avec des exportations (+1,6%) plus dynamiques que les importations (+0,2%), en lien avec des livraisons aéronautiques et navales. L'économie française renouerait ensuite avec la croissance, avec une hausse modérée de l'activité, prévue à +0,2% aux premier et deuxième trimestres 2024. Celle-ci serait permise par le redressement de la consommation des ménages (+0,6% au premier trimestre puis +0,4% au deuxième) en lien avec la désinflation. L'investissement serait en revanche en repli (-0,2% chaque trimestre) toujours pénalisé par le resserrement des conditions financières. Les importations seraient un peu plus dynamiques début 2024 du fait du dynamisme de la demande intérieure, tandis que les exportations progresseraient quelque peu en lien avec la demande extérieure, notamment au deuxième trimestre avec de nouvelles livraisons prévues dans le secteur aéronautique et naval. L'acquis de croissance (2) pour 2024 à l'issue du premier semestre serait ainsi modeste, s'élevant à +0,5%.
(1) L'IPC sous-jacent exclut les prix volatils et administrés.
(2) L'acquis de croissance est la croissance annuelle qui résulterait d'une croissance nulle sur le reste de l'année.
NB : Consulter la dernière enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France (parue début décembre)
Article publié le 15 décembre 2023 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine
Les perspectives de l'Insee sont plus pessimistes que celles de notre scénario, notamment concernant la croissance au quatrième trimestre (+0,0% contre +0,2%), malgré une contribution du commerce extérieur plus forte. Pour cette fin d'année, cela s'explique par une demande intérieure (hors stocks) – consommation et investissement – atone dans le scénario de l'Insee alors que nous prévoyons une légère progression, et surtout par une plus forte contribution à la baisse des variations de stocks. La réalisation pourrait toutefois s'avérer être un entre-deux, avec une croissance trimestrielle de +0,1% comme prévu par la Banque de France dans sa dernière enquête mensuelle de conjoncture (début décembre). Dans le scénario de l'Insee comme dans celui de la Banque de France, la croissance annuelle pour 2023 s'élèverait à +0,8%, contre +0,9% dans notre scénario. De nouvelles révisions de l'Insee sur le passé pourraient aussi nous surprendre et changer la donne pour l'ensemble des prévisionnistes. La bonne nouvelle reste le consensus sur la poursuite du phénomène de désinflation et les gains de pouvoir d'achat prévus pour les ménages, même s'il faudra surveiller la compétitivité et la santé financière des entreprises.
Marianne PICARD, Economiste - France, Belgique et Luxembourg