Métallurgie – De l’ampoule à l’obus, le tungstène entretient la flamme

Moins ancré dans la culture populaire que l’acier ou l’aluminium, moins bruyant que le nickel ou le lithium, le tungstène – dont le nom est d'origine suédoise (tung sten, « pierre lourde ») – ferait presque figure d’intrus dans la liste des matériaux critiques établie par la Commission européenne en 2023. Il y trône pourtant au sommet en termes d’importance économique. Tour d’horizon d’un métal stratégique hors du commun.

Ce qu’il faut retenir :

• Le tungstène est un métal presque impossible à fondre et à la dureté exceptionnelle ;
• Ce matériau est indispensable à la production de machines industrielles (foreuses, perceuses, excavatrices, etc.) et brille également dans l’aérospatial et le secteur de la défense (munitions, blindages, etc.) ;
• C’est un incontournable des stocks stratégiques nationaux connus : États-Unis, Japon, Corée du Sud ;
• Son approvisionnement mondial est largement dominé par la Chine, avec des ressources exploitées en Europe et exploitables en France ;
• Un marché en croissance tendu par la demande liée à l’armement.

Inconnu du grand public, le tungstène est pourtant un véritable moteur de l’industrie à travers son utilisation dans les machines-outils.

La défense, secteur redevenu central dans les politiques occidentales, en est également avide.

La dépendance apparente au tungstène chinois ne doit pas masquer une réalité plus pragmatique : l’Europe dispose de ressources appréciables, déjà exploitées en Espagne, Portugal et Autriche.

La France n’est pas en reste, à l’image des projets récents de réappropriation des sols ariégeois et tarnais. Malgré les ambitions affichées en la matière par l’exécutif, la faible acceptation sociale de ces initiatives constitue cependant un véritable défi à surmonter.

Le développement et la consolidation des activités de recyclage apparaissent dès lors comme des alternatives avantageuses, doublées d’un vecteur d’émancipation indubitable vis-à-vis d’une Chine opulente.