Afrique sub-saharienne – Quelles conséquences du ralentissement de l'économie chinoise pour la région ?
- 23.11.2023
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La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Afrique sub-saharienne. En effet, aujourd'hui, la Chine reçoit près d'1/5e des exportations de marchandises de l'Afrique sub-saharienne, principalement des métaux, minéraux et combustibles, tandis qu'elle demeure au premier rang des sources d'importations de la région, notamment en biens manufacturés et en équipements.
Par ailleurs, la Chine est également devenue un bailleur de fonds de premier plan pour les pays d'Afrique sub-saharienne. L'afflux massif de prêts chinois, accordés dans le cadre de financement de projets d'infrastructures publiques, a fait de la Chine le premier créancier public bilatéral des pays de la région. Cela explique que la part de la Chine dans le total de la dette publique externe de l'Afrique sub-saharienne atteignait près de 17% en 2021.
Enfin, ces dernières années, un certain nombre de pays riches en ressources naturelles (Angola, RDC) ont enregistré une entrée conséquente d'IDE chinois, destinés essentiellement à des projets d'exploitation minière et de construction. Ainsi, les flux d'IDE chinois représentaient environ 23% des entrées annuelles d'IDE (soit 3 milliards de dollars environ) dans la région en 2021.
Cependant, la Chine a réduit sa présence économique dans la région depuis 2021. En effet, le montant des décaissements de prêts publics chinois à l'Afrique sub-saharienne a brutalement chuté. Pour preuve, lors de la troisième Exposition économique et commerciale Chine-Afrique en juin 2023, des projets ont été signés pour un montant d'environ 10 milliards de dollars, soit une réduction de moitié par rapport à l'édition de 2019.
Malgré cette tendance, l'Afrique sub-saharienne pourrait être confrontée aux retombées du ralentissement de la croissance chinoise. Ce déclin de la croissance chinoise s'explique en raison d'une conjugaison de facteurs : le ralentissement de son secteur immobilier, le vieillissement de sa population et, plus récemment, l'instabilité de la conjoncture extérieure, incluant notamment les tensions commerciales et la fragmentation géoéconomique.
Selon les prévisions à long terme du FMI, la Chine devrait connaître une croissance annuelle d'environ 4% en moyenne d'ici la fin de la décennie en cours, contre 7% durant la décennie précédente. Or, le FMI relève « qu'une baisse de 1 point de pourcentage du taux de croissance du PIB réel chinois pourrait entraîner une diminution d'environ 0,25 point de pourcentage de la croissance du PIB total de l'Afrique subsaharienne en l'espace d'un an ».
Les retombées de ce ralentissement de la croissance chinoise sur la région pourraient provenir, en premier lieu, des liens commerciaux, à la fois du fait d'un ralentissement des volumes d'exportations et d'une baisse des prix des produits de base.
Les répercussions du ralentissement de l'économie chinoise pourraient s'étendre aux prêts souverains accordés à l'Afrique sub-saharienne, qui sont tombés sous la barre du milliard de dollars l'année dernière, soit le niveau le plus bas en près de vingt ans. Cette baisse marque « l'abandon d'investissements importants dans les infrastructures, alors que plusieurs pays africains sont aux prises avec une dette publique croissante » affirme le FMI.
NOTRE OPINION – L'effet du ralentissement de l'économie chinoise risque d'être plus prononcé pour les grands pays exportateurs de pétrole, à l'instar de l'Angola ou du Nigéria. Dans cette perspective, le développement des échanges commerciaux intra-régionaux au travers de la zone de libre-échange continentale africaine, de la diversification économique ainsi que de l'accroissement des recettes intérieures pourraient être des leviers de développement importants à moyen-terme afin, d'une part, de diversifier les destinations d'exportations et d'importations et, d'autre part, de réduire la dépendance au secteur extérieur quant à la recherche de sources durables de financement.
Article publié le 17 novembre 2023 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine
Les répercussions du ralentissement de l'économie chinoise pourraient s'étendre aux prêts souverains accordés à l'Afrique sub-saharienne, qui sont tombés sous la barre du milliard de dollars l'année dernière, soit le niveau le plus bas en près de vingt ans. Cette baisse marque « l'abandon d'investissements importants dans les infrastructures, alors que plusieurs pays africains sont aux prises avec une dette publique croissante » affirme le FMI.
Thomas MORAND, Economiste (alternant)