Chine – Le long chemin de la transition

Chine – Le long chemin de la transition

 

  • D'où viendra la croissance future ?
  • Les forces chinoises
  • Pour l'État, un changement de priorité

En résumé

Le ralentissement chinois est indéniable. Après vingt ans de croissance forte et ininterrompue, il était aussi attendu. Il n'empêche qu'il intervient trop vite, et trop fortement par rapport à la trajectoire anticipée tant par les autorités chinoises que par le reste du monde. 

Alors que la capacité de la Chine à devenir la première puissance économique mondiale ne faisait aucun doute avant le Covid, cette perspective s'éloigne, et la question de la convergence se pose de nouveau. Ce qui est certain, c'est que le sentier de développement de la Chine sera moins facile que celui du Japon, de la Corée ou de Taïwan au même stade de développement, car sa croissance potentielle est amoindrie par sa taille et la situation géopolitique actuelle.

La Chine conserve des atouts indéniables, en particulier un complexe industriel et logistique unique, ayant servi un modèle de croissance fondé sur le commerce extérieur et l'investissement en infrastructures.  Ce modèle n'est toutefois plus adapté aux équilibres actuels. Dans un contexte de ralentissement de la demande de biens mondiale et de réorganisation des chaînes de valeur défavorable pour la Chine, la question de la transition vers une croissance tirée par l'économie domestique se repose de manière accrue.

Ce rééquilibrage nécessaire semble cependant d'autant plus difficile que la profonde crise immobilière que traverse le pays pèse sur la confiance des ménages, déjà très ébranlés par trois années de politique zéro-Covid et par la perception que la croissance économique n'est plus la priorité des autorités.

Chine – Le long chemin de la transition

Le grand plan de relance attendu n'a pas eu lieu, ce qui a surpris tous les acteurs économiques, en particulier domestiques, puisqu'ils s'étaient habitués à des injections massives de liquidités lors des phases de ralentissement de l'économie : la priorité des autorités et de Xi Jinping a changé. Les dernières mesures de soutien à l'économie annoncées (déficit budgétaire passant de 3% à 3,8% du PIB) témoignent d'une volonté un peu plus claire de stabiliser la croissance, mais restent très loin de ce qui avait été mis sur la table en 2008 (le plan est quatre fois inférieur en termes d'émissions de dette). Ces mesures continuent de cibler les investissements en infrastructures, alors que la consommation est devenue le talon d'Achille de l'économie chinoise.

Sophie WIEVIORKA, Economiste - Asie (hors Japon)