Italie – Un feu orange de la Commission européenne, suffisant pour éviter la tempête

Italie – Un feu orange de la Commission européenne, suffisant pour éviter la tempête

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Après la valse des agences, la Commission européenne a rendu son verdict sur la trajectoire budgétaire italienne. Globalement, elle place l'Italie sur la liste des pays qui ne se conforment pas pleinement aux recommandations approuvées par le Conseil Ecofin du 14 juillet, mais n'a pas constaté de risques sérieux de non-conformité avec le Pacte de stabilité et de croissance. Elle invite néanmoins le gouvernement à se préparer à d'éventuelles corrections d'ici au printemps, date de la revue définitive du plan budgétaire.

Dans le détail, cet avis repose en grande partie sur une appréciation différente de la situation économique et de ses conséquences sur la trajectoire budgétaire, ainsi que sur la prise en compte des dépenses de « Superbonus ».

En effet, l'avis estime une trajectoire de croissance en 2024 de 0,9%, soit beaucoup plus pessimiste que celle avancée par le gouvernement qui l'évalue à 1,2%. Cette divergence entre les deux scénarios induit un différentiel dans la croissance nominale du PIB qui entraîne une estimation à la hausse par la Commission des différents agrégats de finances publiques. En effet, tandis que le budget italien indique un objectif de déficit de 4,3% en 2024, la Commission estime que ce dernier sera supérieur de 0,1 point de PIB, soit 4,4%. L'avis souligne également que contrairement à la trajectoire budgétaire présentée au printemps, le déficit italien ne devrait passer en dessous du seuil de 3% qu'à partir de 2026 et que le programme de privatisation permettant d'atteindre cet objectif n'est pas clairement détaillé. La moindre estimation du PIB nominal a également un impact sur la trajectoire de la dette qui, selon l'avis de la Commission, devrait augmenter à 140,6% à la fin de 2024, contre une baisse à 140,1% pour le gouvernement.

Outre ces éléments, la Commission motive ses craintes quant aux risques de non-conformité par la progression des dépenses primaires nettes. Dans les faits, le document italien respecte les recommandations de prudence émises par le Conseil du 14 juillet, avec une augmentation nominale des dépenses primaires nettes de 0,9% en 2024, soit en dessous du taux de croissance maximal recommandé fixé à 1,3%. Néanmoins, la mise à jour par la Commission des dépenses actualisées de 2023 qui prennent en compte le « Superbonus » réduit de moitié ce taux maximal (0,6%). C'est à la lumière de ce nouveau seuil que la trajectoire des dépenses primaires nettes italiennes est jugée pas entièrement conforme.

Article publié le 24 novembre 2023 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

Italie – Un feu orange de la Commission européenne, suffisant pour éviter la tempête

Bien que cet avis soit mitigé, il a été interprété par les marchés comme un signal positif, d'autant que le nombre de pays qui n'est pas en règle avec les recommandations du 14 juillet est important. Pour une fois, l'Italie n'est pas le vilain petit canard des finances publiques avec un gouvernement qui joue le jeu, mais qui est rattrapé par une actualité économique qui ne lui facilite pas la tâche. Un constat partagé par les jugements rassurants des agences de notation avec l'avis positif de Moody's qui a supprimé l'outlook négatif et, ceux de Standard & Poor's, puis DBRS et Fitch qui n'ont pas modifié leur évaluation du risque.

Sofia TOZY, Economiste, Italie