Fintech Outlook – 9 premiers mois de l'année 2023 : La longue marche !

Fintech Outlook – 9 premiers mois de l'année 2023 : La longue marche !

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Les fintech se sont engagées dans une longue marche avec l'objectif d'atteindre de nouveaux sommets. Peut-être pour 2025. Mais vu de 2023, leur route sera longue tant l'argent frais reste rare et les incertitudes nombreuses. En 2024, il leur faudra continuer à bien suivre les cairns sur les chemins de la croissance durable pour espérer pouvoir traverser sans encombre les pierriers de haute altitude.

Dans les vallées, la fintech mondiale semble reprendre espoir. Elle entrevoit une éclaircie sur le front de l'amorçage. Avec de nouvelles pépites en devenir plus technologiques que leurs aînées, plus TechFin que FinTech, l'écosystème de la finance innovante devrait en toute logique relancer de nouvelles cordées vers les cimes à partir du deuxième semestre 2024.
 

Monde – Sur le front des levées de fonds (hors amorçage)

Sur les 9 premiers mois de l'année 2023, les capitaux levés par les fintech du monde entier se sont globalement réduits de moitié par rapport à la même période de l'année dernière.

À y regarder de plus près, les fintech actives dans les paiements et l'assurance ont gardé cette année la faveur des investisseurs. Ensemble, elles représentent 35% des opérations bouclées sur ces 9 premiers mois de l'année et totalisent 54% des montants levés.
 

Monde – Sur le front de l'amorçage

La mise à jour de notre heatmap mondiale de l'évolution des levées de fonds en amorçage par région confirme la très forte régression de ces liquidités pour les plus jeunes pousses de la finance. Au niveau mondial, ces liquidités se sont réduites de 50% tant en nombre d'opérations qu'en montant globalement levé.

Dans notre précédent Fintech Outlook publié le 5 juillet dernier, nous avions écrit que les fintech en recherche de leurs premiers dollars avaient malgré tout des raisons d'espérer. La baisse des valorisations semblait arriver sur un point bas. Aujourd'hui, à la lecture de nos derniers relevés, nous pouvons confirmer cette tendance favorable au déclenchement de plus d'appétit des investisseurs. Le marché de l'amorçage est en passe de se redresser.

C'est particulièrement vrai en Europe où la valeur médiane des levées en amorçage retrouve son niveau de l'année dernière. Sans stress supplémentaire sur le front économique, nous pensons que les États-Unis devraient également revenir sur leur niveau de 2022 en cette fin décembre. Nous pensons que le marché de l'amorçage repartira de l'avant en 2024.
 

Monde – Sur le front du marché des fusions-acquisitions

Le marché des fusions - acquisitions peine encore à s'animer. Le nombre d'opérations M&A s'est réduit de 36% par rapport à l'année dernière. Depuis le début de l'année, 390 fintech ont changé de main pour une valeur globalement échangée de 25,1 milliards de dollars, un niveau en baisse à ce stade de 66% par rapport aux 9 premiers mois de 2022. Le marché des fusions - acquisitions revient sur ses niveaux Covid.

Pour l'instant, les fintech qui souhaitaient urgemment une sortie industrielle en sont pour leurs frais. Les acheteurs ne sont pas pressés. Le marché leur offre des conditions financières plus que favorables. Les valeurs transactionnelles sont aujourd'hui revenues sur leur plus bas historique. La valeur médiane des transactions s'est effondrée de moitié par rapport à l'année dernière passant de 49 millions de dollars à 21, une valeur plus faible que celle constatée lors de la crise Covid. Le marché peut-il se dégonfler davantage ? Nous ne le pensons pas. Les fondamentaux du marché ne le justifient pas à ce jour.
 

Monde – Sur le front des opérations M&A de septembre

Le secteur de l'immobilier hypothécaire a été à la fête avec le rachat de Black Knight par Intercontinental Exchange pour une valorisation de 13,1 milliards de dollars et celui d'Optimal Blue par Constellation Software pour un prix de 700 millions de dollars.

Du côté de la cryptosphère, Bitwave rachète Gilded qui a fait des paiements et de la comptabilité des cryptomonnaies sa spécialité. La start-up anticipe une adoption plus grande des jetons numériques.

Sur le front assurantiel, l'assurtech munichoise CelsiusPro a finalisé l'acquisition du londonien Global Parametrics, un spécialiste des solutions paramétriques appliquées aux risques climatiques et de catastrophes naturelles. Cette opération est emblématique de la recherche de nouveaux modèles face à de nouveaux risques durables.
 

France – Des montants levés dramatiquement divisés par plus de 3

Sur les 9 premiers mois de l'année 2023, les capitaux levés par les fintech françaises (amorçage compris) se sont dramatiquement réduits. Par rapport à la même période de l'année dernière, les montants levés par la finance innovante française ont été jusqu'à présent divisés par plus de trois.

Le nombre d'opérations s'est finalement engagé sur une tendance baissière (-36%). Mais la France résiste mieux que le reste du monde à ce niveau avec un écosystème tricolore qui bénéficie d'une bonne réserve de start-up pour les spécialistes de l'amorçage. Cette année, cette majorité silencieuse se fait davantage entendre du côté des fintech. Elle participe à renouveler un écosystème d'entre-soi !
 

France – Sur le front de l'égalité femmes-hommes

Pour cette édition d'octobre de notre Fintech Outlook, nous nous sommes intéressés à la situation de l'égalité Femmes - Hommes au sein des fintech françaises. Nous avons relevé les index Egapro publiés en 2023 par les fintech françaises les plus prestigieuses à savoir celles labélisées FrenchTech Next40/120.

L'index Egapro mesure le niveau d'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Cet index est noté sur 100. Plus cette note est élevée, plus l'entreprise se rapproche des objectifs fixés par la loi. Si cet index est inférieur à 75, l'entreprise concernée doit agir et mettre en œuvre des mesures de correction pour lui permettre d'atteindre au moins 75 points sous un délai de 3 ans.

Que penser de la note Egapro moyenne de nos fintech ?

Sur 19 déclarations consultables, la moyenne de l'index Egapro des fintech du Next40 et FrenchTech120 atteint les 83 points. Une note honorable en progression de 2 points par rapport à l'année dernière mais qui reste insuffisante pour des start-up qui cherchent à impacter positivement leur secteur.

Globalement, avec une note inférieure au seuil des 85, les fers de lance de la fintech française doivent impérativement continuer à agir pour faire progresser l'égalité hommes-femmes au sein de leurs structures. Leur moyenne reste également inférieure de 4 points à la moyenne de leur secteur d'activité de référence – celui des activités financières et d'assurance. Ce secteur affiche un index moyen de 87 sur 956 déclarations.

Que penser des cas de ClubFunding, Spendesk, Leocare ou encore Seyna ?

À la date du 27/09/2023, leur index était introuvable sur le site du ministère du Travail. Nous avons tenté de les rechercher du côté de leur site Web mais sans succès également à ce niveau. Pratiquement, quand une entreprise dépasse les 50 salariés, elle dispose de 3 ans pour se mettre en conformité avec la loi en publiant son index Egapro.

Ces 4 fintech sont-elles dans ce cas-là ? C'est possible pour ClubFunding, Leocare ou encore Seyna. En revanche, pour Spendesk, nous n'avons pas trouvé d'explication à moins que la fintech ait opté pour un statut qui l'exonère de cette obligation. La non-publication de l'index Egapro expose la fintech à une pénalité financière allant jusqu'à 1% de sa masse salariale annuelle.

Que penser des cas de Lydia, Alma ou encore Pigment ?

Leur index est dramatiquement inférieur à 75.

La régression de la note de la Super App Lydia est particulièrement affolante. Elle est passée de 91 à 74 en 4 ans. À la date de nos relevés, la fintech ne publiait pas le détail de ses mesures correctives et de rattrapage sur son site internet. Nous avons trouvé cette situation décevante pour une fintech souvent érigée en référence.

Quant à Alma, sa note est en baisse et touche les 62. À la date de nos relevés, la start-up ne publiait pas sur son site de détails ou d'explications sur cette situation très dégradée. Un traitement problématique pour sa notoriété.

Que penser des cas Agicap et Alan ?

La première affiche une note de 77 et la seconde de 88. Nous souhaitons souligner leur remarquable démarche de transparence. Agicap publie sur son site carrière le détail de son plan d'actions. Alan publie sur son site Corporate une analyse complète de ses résultats pour son index 2022 en attendant une prochaine mise à jour qui serait la bienvenue.

Fintech Outlook – 9 premiers mois de l'année 2023 : La longue marche !

Le marché des fusions-acquisitions peine encore à s'animer. Depuis le début de l'année, seulement 390 fintech ont changé de main au niveau mondial pour une valeur globalement échangée de 25,1 milliards de dollars en baisse de 66%. Le marché revient sur ses niveaux Covid.

Romain LIQUARD, Responsable Domaines Industrie et Services