Italie – la croissance stagne mais le marché du travail confirme sa dynamique expansionniste

Italie – la croissance stagne mais le marché du travail confirme sa dynamique expansionniste

En résumé

La publication des détails des comptes du troisième trimestre confirme la mise à l'arrêt de l'activité au cours des mois d'été. Le PIB est ainsi resté stable en variation trimestrielle et n'a progressé que de 0,4% en glissement annuel. L'Istat a néanmoins revu à la hausse l'acquis pour 2024, passant de 0,4% à 0,5%.

Du côté de l'offre, les tendances observées au deuxième trimestre se confirment.L'activité dans l’industrie, dont la croissance était déjà en territoire négatif, recule pour le troisième trimestre consécutif avec une baisse de 1,3%. Les services continuent de soutenir la croissance mais tendent à ralentir. Tandis que les activités de commerce commencent à reprendre de l'élan avec une hausse de 1,5% par rapport à 0,4% le trimestre précédent et que les activités bancaires ralentissent légèrement. L'ensemble des autres secteurs de services affichent un taux de croissance négatif avec des contractions marquées pour les activités immobilières et les TIC (respectivement -0,8% et -0,9% par rapport au trimestre précédent). Les activités de construction se redressent légèrement après avoir été en repli le trimestre précédent.

Ces divergences sectorielles trouvent également un écho dans les évolutions du côté de la demande. Au cours du troisième trimestre, la contribution de la demande domestique s'est redressée à la faveur d'une reprise de la consommation des ménages, tandis que les performances de l'investissement marquent le pas. La consommation des ménages a ainsi augmenté de 1,3% par rapport au trimestre précédent, portée par une croissance des dépenses de consommation dans les services qui enregistrent une hausse de 2%. Les dépenses en biens ont également accéléré sur le trimestre, passant de +0,2% au T2 à +0,5% au T3, tirées par une évolution positive du segment des biens non durables. Les dépenses en biens durables continuent également de croître sur le trimestre, mais affichent un ralentissement par rapport au trimestre précédent. La hausse de la consommation semble aller de pair avec une reprise des importations au cours du trimestre. Ces dernières augmentent de 1,2%. Les exportations, déjà en baisse depuis deux trimestres, se replient de 0,9% au T3. Face à ce nouveau recul, la contribution des exportations nettes à la croissance est négative de 0,7 point de pourcentage. Les variations des stocks ont contribué positivement à la croissance.

Les effets du ralentissement dans l'industrie ainsi que des conditions monétaires encore défavorables commencent à peser de manière plus significative sur l'investissement. C'est en tout cas le constat qui ressort des données des comptes nationaux, avec un recul de l'investissement en machines et équipements de près de 3,9%, soit la plus forte baisse depuis 2020. Il avait déjà reculé significativement au T1 pour se stabiliser le trimestre suivant. L'investissement dans les biens de transport, qui cumule quatre trimestres de repli consécutifs, recule de nouveau au T3 avec une contraction de 6% d'un trimestre à l'autre. Enfin, du côté de la construction, les effets du retrait du « Superbonus » se concrétisent davantage. L'investissement en logement recule pour le troisième trimestre consécutif, cédant 1,1% sur le trimestre. Cette baisse est néanmoins compensée par la hausse des investissements en bâtiments et travaux publics, encore tirés par les projets liés au plan de relance. Ces effets conjugués dressent un profil de l'investissement en net recul, avec -1,2%. Sur les neuf premiers mois de l'année, ce dernier a ainsi baissé de près de 3%. Malgré ces baisses cumulées, les bonnes performances de l'investissement en fin d'année 2023 permettent de maintenir un acquis nul pour 2024. Tandis que l'acquis dans le secteur de la construction reste largement positif (+2,7%), il demeure fortement négatif pour l'investissement productif (- 4,5%).

Malgré la stagnation du PIB, les heures travaillées continuent de progresser, augmentant de 0,2% par rapport au trimestre précédent, tirées par les services. Les heures travaillées baissent néanmoins de 1,8% dans l'agriculture, la sylviculture et la pêche, et de 1,1% dans la construction, et stagnent dans l'industrie.

Outre les heures travaillées, l'emploi progresse également au troisième trimestre de 0,5% par rapport au trimestre précédent. Cette tendance se poursuit au mois d'octobre, avec le nombre de personnes occupées augmentant de nouveau sur une base mensuelle de 0,2%, après avoir reculé le mois précédent. La hausse du mois d'octobre reste imputable à une croissance encore soutenue de l'emploi salarié en contrat à durée indéterminée, tandis que les contrats courts diminuent de 2,1% sur le mois, contribuant négativement à la croissance de l’emploi (de -0,2%). L'emploi des indépendants progresse également de 0,4%. Le nombre de personnes inoccupées diminue aussi en octobre, permettant au taux de chômage de franchir un nouveau seuil, à 5,8% en octobre, tandis que le taux d'emploi progresse également à 62,5% (+0,1 point). Ce dernier a augmenté de 0,6 point de pourcentage sur un an.

Le marché du travail n'est cependant pas immunisé face au ralentissement de l'activité. Ce dernier ne se reflète cependant pas sur les variables traditionnelles ; la variable à suivre dans le cas italien pour mesurer ses effets semble être celle des sorties du marché du travail, en particulier chez les femmes et les moins de 35 ans. Le taux d'inactivité progresse donc de 0,2 point et s'élève à 33,6%.

Notre opinion – Après une première estimation de la croissance décevante, le détail des comptes nationaux peut prêter à une lecture moins alarmiste de la situation. L’économie italienne ralentit, c’est un fait. Les effets du resserrement monétaire cumulés à un affaiblissement du cycle industriel et du commerce commencent à montrer ses effets, mais le troisième trimestre marque également le réveil de la consommation des ménages, une reprise qui tardait à se matérialiser. L’acquis de croissance de 2024 laisse néanmoins peu d’espoir pour la croissance de cette année qui devrait rester bien en deçà des prévisions faites par le gouvernement.

Article publié le 6 décembre 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

 

Italie – la croissance stagne mais le marché du travail confirme sa dynamique expansionniste

Au cours du troisième trimestre, la contribution de la demande domestique s'est redressée à la faveur d'une reprise de la consommation des ménages, tandis que les performances de l'investissement marquent le pas.

Sofia TOZY, Economiste, Italie et Pays scandinaves