Espagne – Scénario 2024-2025 : une activité encore soutenue

Espagne – Scénario 2024-2025

 

  • Synthèse
  • Dernières évolutions conjoncturelles
  • La trame de notre scénario
  • Focus : état du marché immobilier résidentiel

En résumé

L'économie espagnole a clôturé l'année 2023 sur un ton plus positif que prévu au début de l'année. Même si au deuxième semestre le rythme de croissance s'est modéré, l'affaiblissement est moins important et il s'est produit plus tard que prévu. Dans la deuxième estimation du PIB pour le troisième trimestre, l'INE a confirmé le taux de croissance à 0,3% en rythme trimestriel (0,4% au T2). Ainsi, le PIB est supérieur de 2,1% au niveau du quatrième trimestre 2019, avant la pandémie. Le rythme de croissance enregistré par la consommation des ménages et par la consommation publique se démarque des autres composants du PIB, tous deux étant supérieurs à 1% en rythme trimestriel. En revanche, l'investissement affiche une baisse de 1%, et les exportations de biens et services témoignent de la faiblesse des principaux partenaires commerciaux et diminuent de 4,1%.

Les indicateurs disponibles pour le quatrième trimestre suggèrent que l'activité aurait conservé un dynamisme similaire à celui enregistré au trimestre précédent, cohérent avec une croissance de l'ordre de 0,3%. Pour les prochains trimestres, la croissance de l'activité devrait avoir tendance à se stabiliser à des niveaux légèrement supérieurs à ceux observés au S2 2023. Cependant, le fort dynamisme dont a fait preuve l'activité économique dans la dernière partie de 2022 et au début de 2023 implique qu'en termes de taux annuels moyens, la croissance du PIB ralentira entre 2023 et 2024 de 2,4% à 1,6%. Le principal soutien à l'activité sera la demande intérieure. D'une part, la consommation des ménages sera favorisée par la hausse des revenus réels, dans un contexte de modération des taux d'inflation et de hausses de salaires dans un marché du travail relativement dynamique. D'autre part, l'investissement constituera également un moteur important de la croissance, en grande partie grâce à l'effet dynamisant des projets d'investissement liés au programme NGEU, dont le déploiement s'accentuera en 2024 et 2025. Nos prévisions de croissance pour la consommation privée s'affichent à 1,9% en 2024 et 1,5% en 2025, tandis que l'investissement progressera de 2,7% et 2,4%, respectivement.  

La contribution de la demande étrangère nette se redressera au cours des prochains trimestres après sa contribution nettement négative au printemps et à l'été 2023. Pourtant, on ne s'attend pas à ce que les exportations nettes soient en mesure de stimuler la croissance du PIB avec la même intensité qu'en 2023. Cela est dû au dynamisme croissant prévu pour les exportations de biens et de services non touristiques (grâce à une amélioration progressive de l'environnement extérieur), qui sera compensé par la reprise des importations, liée, entre autres facteurs, à l'avancée de l'investissement, à forte teneur en importations. Ayant déjà dépassé leur niveau pré-pandémie, un ralentissement s'annonce pour les exportations de services touristiques. Selon nos prévisions, la contribution des exportations nettes à la croissance sera à peine négative en 2024 (-0,2%) et nulle en 2025.

Concernant le marché du travail, l'emploi modérera son dynamisme tout au long de l'horizon de projection, en ligne avec l'évolution attendue de l'activité et dans l'hypothèse d'une certaine reprise de la productivité. Le taux de chômage poursuivra sa tendance à la baisse, bien qu'à un rythme plus lent que celui enregistré ces dernières années. Tant la modération du rythme de création d'emplois que la croissance attendue de la population active, qui sera tirée par un fort dynamisme des flux d'immigration, contribueront à ce ralentissement de la réduction du taux de chômage. En conséquence, un taux de chômage de 11,8% est attendu en 2024, ce qui serait inférieur à la moyenne historique observée au cours des quatre dernières décennies (16,8%), mais supérieur au minimum historique atteint en 2007 (8,2%).

Au cours des douze mois cumulés, le déficit des administrations publiques s'est élevé à 4,2% du PIB à la fin du T3 (4,5% en juin). Ce chiffre reste supérieur à ce que le gouvernement s'est fixé comme objectif pour l'ensemble de l'année 2023, soit 3,9%. Nous tablons sur un déficit public de -4,1% en 2023 et de -3,6% en 2024.
 

Espagne – Scénario 2024-2025

La contribution de la demande étrangère nette se redressera au cours des prochains trimestres après sa contribution nettement négative au printemps et à l'été 2023. Pourtant, on ne s'attend pas à ce que les exportations nettes soient en mesure de stimuler la croissance du PIB avec la même intensité qu'en 2023.

Ticiano BRUNELLO, Economiste