France – Scénario 2024-2025 : l'économie redémarre grâce à la dissipation des chocs

France – Scénario 2024-2025 : l'économie redémarre grâce à la dissipation des chocs

 

  • Synthèse
  • Les tendances récentes de l'activité
  • Notre scénario 2024-2025
  • Focus - Finances publiques

En résumé

L'économie française connaît actuellement un atterrissage en douceur après la reprise économique post-Covid en 2021 et les effets néfastes du déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022. L'économie fait en effet face à deux chocs puissants : une inflation forte, bien qu'en recul, qui affecte tout particulièrement la consommation des ménages, et le resserrement monétaire le plus rapide de l'histoire de la BCE qui pèse sur l'investissement. Après deux trimestres de croissance positive en début d'année 2023 (+0,1% t/t au premier trimestre et +0,6% au deuxième), l'activité a légèrement diminué au troisième trimestre (-0,1%) mais l'économie échapperait à la récession technique, avec une légère progression de l'activité prévue au dernier trimestre (+0,2%). Le phénomène de désinflation permettrait un rebond de la consommation des ménages et ainsi une accélération progressive de l'activité en 2024. La fin du resserrement monétaire puis le début d'une normalisation se traduiraient par un redémarrage de l'investissement en toute fin d'année 2024, qui accélèrerait ensuite en 2025. La croissance annuelle s'élèverait ainsi à 0,9% en 2023, 1,0% en 2024 et 1,3% en 2025.

Au troisième trimestre 2023, la croissance a calé du fait de la dégradation du commerce extérieur et des variations de stocks. Ce recul de l'activité est toutefois à relativiser.

En effet, la demande intérieure totale hors stocks s'est redressée après trois trimestres d'atonie, avec une hausse notable de la consommation des ménages jusque-là en berne, et un investissement des entreprises résilient. Certains facteurs soutiennent l'activité, permettant à l'économie française de résister dans un environnement défavorable, comme la normalisation des chaînes de valeur mondiales qui soutient l'offre et contribue à la baisse de l'inflation. La prudence reste toutefois de mise chez les ménages, avec une confiance faible (mais en hausse sur les derniers mois) et un taux d'épargne élevé. Côté entreprises, les soutiens publics sont moins abondants, mais les marges ont été restaurées dans de nombreux secteurs, et la pression fiscale continue de diminuer.

L'incertitude reste élevée, notamment depuis le déclenchement du conflit au Proche-Orient, et des risques baissiers persistent sur notre scénario d'activité. Actuellement en baisse par rapport à l'an dernier, les prix de l'énergie pourraient de nouveau augmenter, par exemple en cas d'aggravation du conflit en Ukraine ou au Proche-Orient. Enfin, alors que la hausse des taux d'intérêt pèse sur l'investissement, la poursuite agressive du cycle de resserrement monétaire pourrait lui porter un coup d'arrêt et avoir d'importantes répercussions sur le marché du travail, d'autant que la politique budgétaire sera désormais moins expansionniste.

Principales composantes du scénario :
- La consommation des ménages poursuivrait son rebond en fin d'année 2023 et plus nettement en 2024, et resterait dynamique en 2025. Cette évolution serait permise par le reflux de l'inflation, des salaires dynamiques et un taux d'épargne qui diminuerait légèrement sur l'horizon de prévision.
- L'investissement des entreprises se replierait légèrement en fin d'année 2023 et au premier semestre 2024, affecté par le resserrement des conditions financières. Il commencerait à se redresser en toute fin d'année 2024 puis plus nettement en 2025, en lien avec la fin du resserrement puis le début d'une normalisation monétaire.
- L'inflation continuerait de diminuer, restant toutefois supérieure à la cible de la BCE de 2% sur l'ensemble de l'horizon de prévision. En particulier, l'inflation des services s'avèrerait persistante car elle serait soutenue par les hausses de salaires.
- Le commerce extérieur contribuerait faiblement à la croissance à partir du premier semestre 2024, en lien avec une demande mondiale adressée à la France peu dynamique. Sur l'année 2023, il y contribuerait toutefois positivement en lien avec un acquis élevé à l'issue du premier semestre.

France – Scénario 2024-2025 : l'économie redémarre grâce à la dissipation des chocs

Au troisième trimestre 2023, la croissance a calé du fait de la dégradation du commerce extérieur et des variations de stocks. Ce recul de l'activité est toutefois à relativiser. En effet, la demande intérieure totale hors stocks s'est redressée après trois trimestres d'atonie, avec une hausse notable de la consommation des ménages jusque-là en berne, et un investissement des entreprises résilient.

Marianne PICARD, Economiste - France, Belgique et Luxembourg