Afrique sub-saharienne – Le défi démographique en vue

Afrique sub-saharienne – Le défi démographique en vue

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Le continent le plus jeune du monde est le dernier à entamer sa transition démographique.

Aujourd'hui, la population continue de croître à un rythme soutenu, au risque de neutraliser les effets de la croissance, comme c'est le cas par exemple au Nigéria où, chaque année, 5 à 6 millions d'enfants naissent, soit plus que dans toute l'Union européenne (UE). Sa population a déjà été multipliée par cinq depuis son indépendance, en 1960. Le pays devrait devenir, selon toute vraisemblance, le troisième pays le plus peuplé au monde, derrière l'Inde et la Chine d'ici au milieu du siècle.

La trajectoire de la première économie africaine résume les basculements démographiques en cours, en Afrique sub-saharienne. Alors que la natalité s'effondre dans les pays riches, rien de tel ne se produit au sein de la région où le taux de fécondité (4,6 enfants par femme) y est le double de la moyenne mondiale (2,26).

Le gonflement de la population, sans précédent, est en passe de bouleverser l'ensemble des dynamiques économiques et climatiques de la région.

Dans les années où la forte croissance, aux alentours de 5% en moyenne sur la période 2004-2014, nourrissait les discours selon lesquels la jeunesse deviendrait l'un des plus beaux actifs du continent, stimulant la consommation privée et la croissance par extension. De nombreux démographes stipulaient également qu'une situation au sein de laquelle se produit simultanément une diminution du taux de dépendance, due à la baisse de la fécondité, et une augmentation de la proportion de la population en âge de travailler (15-64 ans) constituait « un dividende démographique », c'est-à-dire « une opportunité d'augmenter le PIB par tête susceptible de découler de la proportion croissante des personnes qui touchent un revenu par rapport au nombre de consommateurs d'une population, en raison de changements de la structure par âge ».

Or, cette situation n'étant pas vérifiée, on remarque que les avantages du dividende démographique restent faibles et ne sont donc pas une conséquence automatique de la transition démographique.

Les crises mondiales (choc pétrolier, pandémie, guerre en Ukraine) et régionales (instabilité politique, chocs climatiques), conjuguées aux difficultés économiques des grands pays de la région, à savoir le Nigéria, l'Afrique du Sud et l'Angola, ont changé le paradigme.

Depuis près d'une décennie, l'activité progresse moins vite que la démographie. Cela signifie, en termes réels, que les ménages africains se sont appauvris. Ainsi, un rythme de croissance démographique à 2,5% par an, trois fois plus rapide que la moyenne mondiale, pose de nouveaux enjeux. Pour des États aux ressources financières limitées, dont les besoins de financement extérieurs sont croissants, les questions liées à l'éducation, la santé, le logement ou l'emploi deviennent urgentes à l'heure du défi démographique.
      
Notre opinion – L'Afrique reste le dernier continent qui n'est pas arrivé au terme de sa transition démographique. La région d'Afrique sub-saharienne ne fait pas exception aux grands mouvements de transition, et le taux d'accroissement de la population y baisse depuis déjà quelques décennies. En revanche, reste à savoir à quel rythme. Au Sahel, par exemple, on enregistre toujours des records de natalité qui sont susceptibles d'amplifier la triple crise – économique, climatique, sécuritaire – à laquelle la région est confrontée. 

Article publié le 14 juin 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

Afrique sub-saharienne – Le défi démographique en vue

L'Afrique reste le dernier continent qui n'est pas arrivé au terme de sa transition démographique. La région d'Afrique sub-saharienne ne fait pas exception aux grands mouvements de transition, et le taux d'accroissement de la population y baisse depuis déjà quelques décennies. En revanche, reste à savoir à quel rythme. Au Sahel, par exemple, on enregistre toujours des records de natalité qui sont susceptibles d'amplifier la triple crise – économique, climatique, sécuritaire – à laquelle la région est confrontée.

Thomas MORAND, Economiste (alternant)