Italie – Légère amélioration de la croissance au premier trimestre 2024
- 05.06.2024
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L'Istat a confirmé la croissance du PIB de 0,3% au cours du premier trimestre et a revu à la hausse, à +0,7%, la croissance en glissement annuel pour la même période. L'acquis a également été revu à la hausse à 0,6% pour 2024.
Dans le détail, la croissance a été portée par la demande intérieure, dont la contribution a été de 0,3 point de pourcentage. La contribution des exportations nettes a également été positive à hauteur de 0,7 point de pourcentage, mais elle a été entièrement annulée par la contribution négative des stocks, qui ont retiré 0,7 point à la croissance. La bonne performance des comptes extérieurs masque cependant une croissance des exportations anémique de 0,6% et est davantage due à un recul des importations de 1,7% par rapport au trimestre précédent.
Certes, la croissance a été positive dans un contexte encore marqué par les incertitudes, mais elle se caractérise par un rythme très contenue. La consommation, après un recul de 1,4% au cours du trimestre précédent, n'a progressé que de 0,3% au premier trimestre 2024, à la faveur d'une augmentation des biens durables (+1,3% par rapport au trimestre précédent) et non durables (+1,7%), signe que la baisse de l'inflation commence à montrer ses premiers effets. La consommation en services ainsi qu'en biens semi-durables reste en mauvaise posture. Tandis que les dépenses en biens semi-durables (9% de la consommation) cumulent leur sixième trimestre consécutif de baisse, cédant près de 10% par rapport à leur niveau du T3 2022, celles en services, qui représentent 52% de la consommation des ménages, baissent pour le deuxième trimestre consécutif de -0,6% (après -2,2% au T4 2023).
La hausse de l'investissement est également restée timide, atteignant 0,5% après avoir enregistré un rythme de hausse moyen de 1,4% lors de l'année précédente. Le ralentissement de l'investissement reste presque entièrement imputable au recul de l'investissement en machines et équipements, qui cède 1,5% par rapport au trimestre précédent. Malgré un rebond de l'investissement en transport de 1,4%, l'investissement productif se contracte de 0,7% au cours du trimestre. Dans le même temps, l'investissement en construction, bien qu'en ralentissement, croît de 1,7%, pénalisé par le segment des logements, qui augmente de 1,5% contre 3,6% lors du trimestre précédent. La croissance dans le BTP et travaux publics se maintient quant à elle à 2,2%.
Du côté de l'offre, le secteur agricole voit la lumière au bout du tunnel. Après deux trimestres dans le rouge, la valeur ajoutée du secteur enregistre une hausse de 3,3% par rapport au trimestre précédent. Hormis le secteur agricole, la construction se démarque également par des performances encore robustes avec une croissance de la valeur ajoutée du secteur de 2,9%. Si l'on retire les effets liés à la construction, l'industrie au sens strict recule de 0,4% sur le trimestre après avoir enregistré une croissance nulle fin 2023. La croissance des services est certes positive mais reste relativement faible, à +0,3% sur le trimestre. Même si certains secteurs des services tels que les activités financières (+1,2%) et les loisirs et divertissements (+2,8%) se démarquent positivement, la valeur ajoutée de l'ensemble du secteur reste pénalisée par les performances négatives du commerce et de la distribution ainsi que de l'immobilier.
Sur le trimestre, les heures travaillées ont augmenté de 0,6%, tirées par une hausse de 0,3% dans l'industrie au sens strict, de 1,9% dans la construction et de 0,7% dans les services, tandis qu'une baisse de 1,6% a été observée dans l'agriculture, la sylviculture et la pêche.
Les données du premier trimestre sont encourageantes mais ne reflètent pas encore la légère amélioration que l'on observe dans les indicateurs de conjoncture. Du côté des prix, tandis que les prix à la production industrielle continuent de se contracter (-0,9% sur un mois en avril et -5,9% sur un an), la baisse de l'inflation se stabilise à 0,8% en mai. Derrière ce chiffre, les tendances observées au cours des derniers mois se confirment. Les prix des biens ainsi que ceux de l'énergie continuent de se contracter, mais à un rythme moins soutenu que celui observé au début du processus de désinflation, avec -11,5% pour l'énergie et -0,8% pour les biens au cours du mois de mai. L'inflation alimentaire se rapproche également des 2%, à 2,3% en mai. Dans le même temps, les prix des services ralentissent, passant de 2,9% à 2,7%, malgré une légère hausse des prix dans les activités d'hôtellerie et de restauration, qui restent le poste avec la plus forte inflation à 4,5%. L'inflation sous-jacente cède 0,1 point de pourcentage en mai, passant de 2,1% à 2%.
Le marché du travail surprend également en mai avec un taux de chômage qui passe sous la barre symbolique des 7%, à 6,9% en avril. Cette baisse du chômage résulte d'une contraction du nombre de demandeurs d'emploi de 3%, soit 55 000 personnes. Tiré à la fois par les salariés et par les indépendants, l'emploi a quant à lui augmenté de 0,4% sur le mois d'avril après une hausse de 0,2% au cours du premier trimestre et porte le taux d'emploi à 62,3%.
Malgré ces chiffres, pas de révolution en ce qui concerne la confiance des ménages, qui progresse timidement en mai après la baisse d'avril. Les ménages semblent plus confiants quant à leur situation personnelle et leur appréciation de l'environnement économique, mais restent inquiets en ce qui concerne leur budget. Du côté des entreprises, globalement, la confiance se détériore légèrement, mais cette baisse masque des signaux contrastés. Tandis que l'on observe une légère embellie du côté de l'industrie, avec une amélioration des commandes et des attentes de production, la confiance dans la construction commence à souffrir de perspectives moins positives. Dans les services, la confiance reste stable, mais les services marchands souffrent encore de commandes négatives, compensées par des attentes et des perspectives de ventes qui s'améliorent.
Notre opinion – L'Istat a confirmé une croissance modeste mais en hausse, principalement soutenue par la demande intérieure et une contribution positive des exportations nettes. Avec ce chiffre, l'Italie reste dans la moyenne de la zone euro et fait un peu mieux que la France et que l'Allemagne, qui enregistrent une hausse du PIB de 0,2% sur la même période. La consommation et l'investissement augmentent faiblement, tandis que certains secteurs comme l'agriculture et la construction continuent de performer. Toutefois, l'industrie et certains segments des activités de services montrent des difficultés. Les indicateurs du marché du travail, cependant, sont encourageants avec une baisse du chômage et une légère hausse de l'emploi. Malgré ces chiffres positifs, la confiance des ménages et des entreprises demeure fragile, reflétant les incertitudes économiques persistantes.
Article publié le 31 mai 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine
L'Istat a confirmé une croissance modeste mais en hausse, principalement soutenue par la demande intérieure et une contribution positive des exportations nettes. Avec ce chiffre, l'Italie reste dans la moyenne de la zone euro et fait un peu mieux que la France et que l'Allemagne qui enregistrent une hausse du PIB de 0,2% sur la même période. La consommation et l'investissement augmentent faiblement, tandis que certains secteurs comme l'agriculture et la construction continuent de performer. Toutefois, l'industrie et certains segments des activités de services montrent des difficultés. Les indicateurs du marché du travail, cependant, sont encourageants avec une baisse du chômage et une légère hausse de l'emploi. Malgré ces chiffres positifs, la confiance des ménages et des entreprises demeure fragile, reflétant les incertitudes économiques persistantes.
Sofia TOZY, Economiste, Italie