Italie – La construction résiste, mais pour combien de temps ?

Italie – La construction résiste, mais pour combien de temps ?

En résumé

Après un recul en août, le secteur de la construction a rebondi en septembre avec une croissance de l'indice de production de 2,2% sur un mois et 3,9% en glissement annuel. Malgré une hausse cumulée de 6% sur les neuf premiers mois de 2024 par rapport à 2023, des signes de ralentissement sont apparus dès le deuxième trimestre (-0,9%), partiellement compensés par une légère reprise au troisième (+0,3%). Cette décélération suit deux années d’expansion exceptionnelle, portées par le Superbonus qui a stimulé la rénovation énergétique des bâtiments. La baisse de confiance des entreprises du secteur, mesurée à 101,9 en septembre avant une légère remontée à 103,9 en octobre, illustre cette tendance. Néanmoins, les investissements publics liés au PNRR (+34,9% au premier semestre), ainsi qu’aux Jeux Olympiques d’hiver de Cortina et au Jubilé de 2025, devraient soutenir l’activité d’ici la fin de l’année, permettant un acquis de croissance positif de 5% pour 2024.

Pilier de la relance post-Covid, le Superbonus a permis de rénover 5,8% du parc résidentiel italien (selon  ANCE) via 496 194 interventions, représentant un investissement total de 119,5 milliards d’euros. Actuellement, 94% des projets sont achevés, tandis que 7,1 milliards d’euros restent à réaliser,  témoignant d’une dynamique en net ralentissement. Les disparités régionales sont significatives : plus de 7% des bâtiments rénovés dans le centre-nord, contre près de 4% dans le sud,  une différence liée notamment au climat et ressources disponibles. Certaines régions, comme la Vénétie et les Abruzzes,  affichent des niveaux records, avec plus de onze interventions pour 1 000 habitants.

Outre son effet positif sur la croissance, encore sujet de débats, le Superbonus a lourdement pesé sur les finances publiques. Entre 2020 et 2023, son coût cumulé sur le déficit est estimé à 153 milliards d’euros, avec un impact plus limité sur la dette (20,6 milliards d’euros) en raison des règles comptables. L’amendement 1.0.1000, qui étale les déductions sur dix ans pour les dépenses 2024-2025, devrait atténuer les pressions budgétaires à court terme, mais les effets sur les finances publiques se prolongeront jusqu’en 2036. La fin de cette mesure freine les rénovations résidentielles, contribuant à une baisse projetée de 9% des investissements totaux en 2025.  Ce recul sera partiellement compensé par une hausse des investissements publics, attendue à +20%,  principalement dans les infrastructures.

Notre opinion – Le Superbonus 110% représente une initiative ambitieuse mais controversée. D'un côté, il a stimulé le secteur de la construction en période de crise post-Covid et permis d'améliorer l'efficacité énergétique d'une partie du parc immobilier italien. Ces avancées, bien que limitées à 5% des bâtiments, contribuent à la transition écologique et à la modernisation des infrastructures résidentielles.

Cependant, son coût élevé pour les finances publiques, estimé à 153 milliards d’euros, soulève des questions sur son efficacité globale. Le déficit budgétaire inattendu de 7% en 2023 illustre les limites de sa mise en œuvre, notamment en termes de contrôle et de prévention des abus. À cela s'ajoute un effet récessif lié à la suppression brutale de la mesure. En effet, après la phase de forte d’expansion, les regards se concentrent à présent sur les risques liés à la correction attendue dans le secteur qui pourrait se traduire aussi par une hausse des défaillances des entreprises et un coups pour l’emploi.

Le débat reste ouvert : le Superbonus a montré son potentiel à court terme, mais sa viabilité à long terme demeure discutable. Il illustre l’importance de calibrer finement les politiques publiques pour maximiser leurs bénéfices tout en limitant leurs coûts, en veillant à ce qu’elles s’inscrivent dans une stratégie économique et écologique cohérente et durable.

Article publié le 22 novembre 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

 

Italie – La construction résiste, mais pour combien de temps ?

Le débat reste ouvert vis-à-vis du Superbonus 110% qui représente une initiative ambitieuse mais controversée. D'un côté, il a stimulé le secteur de la construction en période de crise post-Covid et permis d'améliorer l'efficacité énergétique d'une partie du parc immobilier italien. Ces avancées, bien que limitées à 5% des bâtiments, contribuent à la transition écologique et à la modernisation des infrastructures résidentielles.

Sofia TOZY, Economiste, Italie