Liberation day – Premières conclusions

Liberation day – Premières conclusions

En résumé

Les nouveaux tarifs douaniers auraient pour résultat d'augmenter le tarif douanier moyen américain d'environ 18%, le poussant à un niveau jamais vu. Les taux réciproques notables incluent, entre autres, 20% pour l'UE, 34% pour la Chine, 24% pour le Japon et 46% pour le Vietnam.

Pour l'économie américaine, les tarifs douaniers annoncés auraient un impact significatif (d'environ 2,5 points de pourcentage sur le PIB et de +1,6 point sur l'inflation, estimations entourées d'une très forte incertitude), renforçant les craintes de stagflation qui se sont accrues ces dernières semaines.

Les droits de douane ont été augmentés à 20% pour les importations en provenance de  l'Union européenne. Les États-Unis sont le premier partenaire économique de l'UE, en particulier c'est la première destination des exportations de l'UE (20% du total des exportations de l'UE), avec l'UE présentant un excédent de 215 Mds€ sur les échanges de biens, mais un déficit de 114 Mds€ sur les services. Jusqu'à présent, l'UE imposait aux États-Unis des droits de douane en moyenne (pondérée) un peu plus élevés (3,2%) que les États-Unis sur les importations européennes (1,7%).

Pour la zone euro, dans l'hypothèse d'absence de mesures de rétorsion de la part de l'UE, la hausse des droits de douane à 20% introduit une baisse de 0,1 pp de la croissance du PIB en 2025, de 0,4 pp en 2026 et de 0,2 pp en 2027. 

Cette baisse serait plus importante pour l'Allemagne et l'Italie (-0,4  pp en 2026) et moindre pour la France (-0,2 pp en 2026). Une réplique de la part de l'UE de même ampleur que celle qui lui est infligée par les États-Unis sur les biens impliquerait une perte de croissance supplémentaire pour l'UE de 0,2 pp. 

Des représailles symétriques paraissent compliquées car si les règles de l'OMC et de la NPF doivent être respectées, les nouveaux droits doivent s'appliquer à tous les autres pays avec lesquels n'existe pas de traité de libre-échange. Il est possible que les partenaires commerciaux des États-Unis fassent preuve de plus de retenue que les États-Unis dans l'application des droits de douane, en limitant les représailles ou en accordant des concessions sans contrepartie. 

L'Asie serait très pénalisée par la méthode de calcul des "droits réciproques" en raison d'excédents commerciaux élevés. La Chine avait pour l'instant eu une approche mesurée face aux décisions américaines et privilégié la stratégie de la négociation. Le niveau de droit atteint (54%) avec les derniers tarifs a cependant conduit le pays a annoncé des droits de douane de 34% sur les produits américains, qui rentreront en vigueur le 10 avril, ainsi que des contrôles sur les exportations de certaines terres rares et minerais. Sa dépendance au commerce extérieur est renforcée par la faiblesse de la demande domestique, qui crée des surcapacités. Les entreprises chinoises, qui se livrent déjà à une intense guerre des prix pour conserver leurs parts de marché internes ou externes, ne pourront pas absorber la hausse des tarifs.