Royaume-Uni – L'inflation a baissé à 2,6% en mars mais un fort rebond est attendu en avril
- 23.04.2025
- 0
- Télécharger la publication (PDF - 346,32 KB)

Lire l'article
L'indice des prix à la consommation (CPI) a surpris favorablement au mois de mars pour le second mois consécutif. Il progresse de 2,6% sur un an contre 2,7% anticipé par le consensus et après 2,8% en février. L'inflation sous-jacente (CPI hors énergie, produits alimentaires, alcool et tabac) est en ligne avec les anticipations à 3,4% sur un an, légèrement en baisse depuis 3,5% en février. Le taux d'inflation des biens ralentit à 0,6% sur un an en mars contre 0,8% en février, tandis que le taux d'inflation des services baisse à 4,7% après 5% en février.
Le ralentissement de l'inflation CPI est relativement généralisé parmi les différentes composantes : les composantes « culture et loisirs », « transport », « hôtels, cafés et restaurants » et « alimentation » contribuent le plus à sa modération. Le taux d'inflation de la composante « culture et loisirs » baisse à 2,4% contre 3,4% en mars ; celui de la composante « transport » recule à 1,2% contre 1,8% en février, tandis que les prix dans les « hôtels, cafés et restaurants » augmentent de 3% sur un an contre 3,4% en février. Les prix de l'alimentation quant à eux augmentent de 3% sur un an en mars contre 3,3% en février. Le ralentissement des prix dans le transport est dû à la baisse des prix des carburants, -5,3% sur un an contre -2,5% sur un an en février.
Le seul secteur qui a exercé des pressions à la hausse sur le taux d'inflation en mars est celui des « vêtements et chaussures ». Les prix ont augmenté de 2,3% en variation mensuelle, poussant le taux d'inflation sur un an à 1,1% contre -0,6% en février. Comme expliqué par l'ONS, les prix augmentent généralement en mars avec l'entrée des collections du printemps dans les magasins, mais cette année la hausse des prix en mars est inhabituellement élevée. En outre, des effets statistiques liés aux variations de la proportion des produits à prix réduits dans les données ont induit de la volatilité entre janvier et mars. Cette proportion a augmenté entre janvier et février 2025, alors qu'habituellement elle diminue entre ces deux mois. La proportion a ensuite baissé plus que d'habitude en mars 2025.
Sur le premier trimestre 2025, l'inflation totale s'inscrit en hausse à 2,8% contre 2,5% au quatrième trimestre 2024, en raison de l'accélération des prix au mois de janvier (à 3% sur un an après 2,5% en décembre). Cette évolution est en ligne avec la prévision de la Bank of England (BoE), qui tablait sur une inflation à 2,8% au premier trimestre. L'inflation sous-jacente progresse également de manière marquée, à 3,6% sur un an au premier trimestre contre 3,3% au quatrième trimestre 2024.
L'ONS a également publié les statistiques du marché du travail pour le mois de février. Le taux de chômage a été stable à 4,4% sur le trimestre (mais en hausse par rapport à 4,1% il y a un an). L'évolution du nombre de postes vacants témoigne d'une poursuite de l'assouplissement des conditions sur le marché du travail. Le nombre des postes vacants baisse à 781 000 (-13,8% sur un an), sous leur niveau d'avant-Covid pour la première fois depuis mai 2021. Il y a désormais 2 chômeurs par poste vacant, contre 1,6 il y a un an, ce qui reflète un marché du travail désormais à l'équilibre, voire en très léger excès de capacités non-utilisées en raison à la fois d'une demande de main-d'œuvre en baisse et d'une offre de travail en hausse. En effet, la population active progresse (+184 000 actifs sur le trimestre) mais les créations d'emplois ne suivent pas (+144 000 emplois nets créés sur le trimestre) et le nombre de chômeurs augmente (+40 000 sur le trimestre). Cependant, la croissance des salaires, qui est le principal déterminant de l'inflation des services, demeure élevée, à 5,9% de décembre à février contre 5,6% de septembre à novembre tandis que la rémunération totale se stabilise à 5,6%. Tous les secteurs affichent des salaires en croissance soutenue. Le secteur de la vente au détail, les hôtels et les restaurants est en tête de peloton (6,8%), bénéficiant d'un effet de base positif.
Notre opinion
L'inflation des prix à la consommation du mois de mars a été légèrement plus forte que nos propres prévisions (de 0,1 point de pourcentage à la fois pour l'inflation totale et l'inflation sous-jacente). La surprise par rapport à nos prévisions provient d'un taux d'inflation en nette hausse dans le secteur vestimentaire, lié en partie aux variations saisonnières des prix.
La modération des chiffres d'inflation permet de valider nos anticipations d'une baisse de taux par la BoE lors de sa prochaine réunion du mois de mai, d'autant plus que le marché du travail a continué de s'assouplir en février. Des voix pourraient même déjà s'élever au sein du comité de politique monétaire en faveur d'un assouplissement plus agressif en raison des risques que la guerre commerciale de Donald Trump implique pour l'économie britannique et si les nouvelles prévisions, que la BoE publiera dans son Monetary policy report de mai, estiment que le marché du travail se détériorera de manière plus prononcée que prévu il y a trois mois.
En dépit d'une balance commerciale en biens quasiment équilibrée avec les États-Unis, le Royaume-Uni s'est vu imposer des droits de douane de 10% sur les produits importés par les États-Unis et des droits de douane de 25% sur l'acier, l'aluminium et les automobiles. Bien que ses exportations de biens vers les États-Unis ne représentent qu'environ 2% du PIB, la politique commerciale protectionniste de Trump et ses conséquences négatives pour l'économie américaine, la croissance et le commerce mondial, les chaînes d'approvisionnement globales et les marchés financiers, pourraient avoir des conséquences négatives significatives pour une économie très ouverte comme le Royaume-Uni.
Le taux d'inflation devrait accélérer significativement en avril en raison d'une hausse des prix de l'eau, du gaz et de l'électricité ainsi que de l'entrée en vigueur des changements annoncés, à l'automne dernier, par le gouvernement concernant les cotisations sociales patronales (National Insurance Contributions) et le salaire minimum vital (National Living Wage). Nous anticipons une hausse des prix à la consommation à 3,3% sur un an en avril et une accélération vers un pic à 3,8% en septembre. Les tarifs douaniers pourraient avoir un impact désinflationniste dans l'ensemble sur les prix britanniques en raison de la baisse des cours du pétrole et des éventuelles baisses des prix à l'importation depuis des pays dont les parts de marché américaines diminuent (comme la Chine). Des perturbations et une réorganisation des chaînes de valeur mondiales risquent toutefois d'entraîner des hausses des prix à court terme, compensant en partie ces effets.
Article publié le 18 avril 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

La modération des chiffres d'inflation permet de valider nos anticipations d'une baisse de taux par la BoE lors de sa prochaine réunion du mois de mai, d'autant plus que le marché du travail a continué de s'assouplir en février. Des voix pourraient même déjà s'élever au sein du comité de politique monétaire en faveur d'un assouplissement plus agressif en raison des risques que la guerre commerciale de Donald Trump implique pour l'économie britannique et si les nouvelles prévisions, que la BoE publiera dans son Monetary policy report de mai, estiment que le marché du travail se détériorera de manière plus prononcée que prévu il y a trois mois.
Slavena NAZAROVA, Economiste - Royaume-Uni, États-Unis, Irlande