France – 2024, année record à la fois pour les défaillances et pour les créations d'entreprises

France – 2024, année record à la fois pour les défaillances et pour les créations d'entreprises

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66 000 : c'est le nombre d'entreprises entrées en défaillance en 2024 en France d'après la Direction générale des entreprises (DGE). Un chiffre nettement supérieur à la moyenne des années passées, mais qui doit cependant être relativisé. En effet, cette forte hausse des défaillances est en partie imputable à un effet de normalisation et de rattrapage post-pandémie, les entreprises les moins productives, qui avaient été protégées par les soutiens publics massifs mis en place pendant la crise sanitaire, se retrouvant plus souvent en situation de défaut. Le renouvellement du tissu productif est par ailleurs assuré grâce à de nombreuses créations d'entreprises, en vertu du principe de "destruction créatrice" cher à Schumpeter qui ne fait que retrouver son régime normal, après une période exceptionnelle. 1 111 200 nouvelles entreprises ont en effet été créées sur l'année : il s'agit là aussi d'un record.

Un niveau élevé de défaillances d'entreprises à replacer dans un contexte particulier

66 000 entreprises sont entrées en situation de défaillance en 2024, par le biais de l'ouverture d'une procédure collective auprès du tribunal de commerce (sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire), dont 32 000 avec au moins un salarié (à l'exclusion des entreprises individuelles), d'après une publication récente de la DGE1. Ce dernier niveau est très élevé en comparaison des années 2020 à 2022, et même par rapport au niveau pré-pandémique (environ 27 000 défaillances d'entreprises d'au moins un salarié en moyenne de 2017 à 2019). Pendant la crise sanitaire, l'État avait mis en place des mesures de soutien d'urgence aux entreprises, visant à sauvegarder le tissu productif et à maintenir l'emploi. Avec la fin de ces aides publiques, les entreprises peu productives se sont retrouvées en difficulté, et la DGE montre que celles-ci se retrouvent ainsi plus souvent en situation de défaillance. En outre, la crise énergétique et la remontée des taux d'intérêt ont joué un rôle, certes moins central, dans la hausse des défaillances. Ce qui change par rapport à l'avant-Covid est la taille des firmes défaillantes, de plus en plus grandes en termes de salariés, avec une augmentation plus forte pour les moyennes entreprises, les petites entreprises et les entreprises de taille intermédiaire, que pour les très petites entreprises. En revanche, la répartition sectorielle des défaillances a peu changé. Seul le poids relatif des activités immobilières, des activités informatiques et des services d'information augmente fortement dans les défaillances sur la période récente.

La DGE quantifie à 35 000 le nombre de défaillances d'entreprises d'au moins un salarié qui auraient été évitées entre 2020 et 2022, soit l'équivalent de plus d'une année complète de défaillances.

Les créations d'entreprises à un niveau record en 2024

L'Insee a pour sa part fait le bilan des créations d'entreprises sur le territoire français en 20242, et elles sont en nette augmentation. Avec 1 111 200 entreprises créées, soit une hausse de près de 6% par rapport à l'année précédente, cela représente un nouveau record. Les micro-entrepreneurs représentent à eux seuls 65% des créations (+7%, à un niveau record de 716 200). Les sociétés ont vu leurs créations augmenter de 5% (à 284 600, soit légèrement en-deçà du niveau record de 2022). En revanche, les créations d'entreprises individuelles classiques sont en repli (-3%, à 100 500 créations). Dans le détail, les créations d'entreprises se multiplient dans les secteurs du transport et entreposage (+24,9%), des activités de services récréatifs et de soutien (+15,9%), de l'hébergement et restauration (+12,4%) ou encore de l'industrie (+12%). Au contraire, elles s'amenuisent dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (-6,3%), et les activités immobilières (-4,9%).

Par ailleurs, certaines régions sont plus dynamiques que d'autres. C'est le cas de la Bretagne, des Hauts- de-France et de l'Auvergne-Rhône-Alpes qui enregistrent une hausse de 8% des créations d'entreprises par rapport à 2023. Sur le territoire métropolitain, les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Normandie jouissent d'une hausse plus timide bien que positive (respectivement +3% et +5%). En outre-mer, la Martinique et Mayotte connaissent en revanche un recul des créations d'entreprises en 2024 (-18% et -13%).

Notre opinion – En 2024, pour une entreprise en situation de défaillance, 16,8 sont créées. Même en regardant l'ensemble des radiations (ensemble des disparitions d'entreprises, dont les défaillances mais pas seulement), et en retirant les micro-entrepreneurs des créations d'entreprises, ces dernières restent 1,6 fois plus nombreuses. Pas de quoi s'alarmer, donc.

L'étude de la DGE sur les défaillances d'entreprises rejoint notre analyse, avec une prévalence du processus de rattrapage post-Covid, et un bon renouvellement du tissu productif grâce à des créations d'entreprises dynamiques. Elle met en lumière le rattrapage des défaillances qui n'avaient pas été enregistrées de 2021 à 2022, via des défaillances plus élevées pour les entreprises moins productives, qui avaient été protégées au même titre que les autres par les soutiens publics pendant la crise sanitaire.

Article publié le 07 février 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

1 « Comment expliquer l'augmentation des faillites d'entreprises ? », Théma de la DGE n°28, février 2025.
2 « Les créations d'entreprises en 2024 », Insee première n° 2037, février 2024.

France – 2024, année record à la fois pour les défaillances et pour les créations d'entreprises

En 2024, pour une entreprise en situation de défaillance, 16,8 sont créées. Même en regardant l'ensemble des radiations (ensemble des disparitions d'entreprises, dont les défaillances mais pas seulement), et en retirant les micro-entrepreneurs des créations d'entreprises, ces dernières restent 1,6 fois plus nombreuses. Pas de quoi s'alarmer, donc. L'étude de la DGE sur les défaillances d'entreprises rejoint notre analyse, avec une prévalence du processus de rattrapage post-Covid, et un bon renouvellement du tissu productif grâce à des créations d'entreprises dynamiques. Elle met en lumière le rattrapage des défaillances qui n'avaient pas été enregistrées de 2021 à 2022, via des défaillances plus élevées pour les entreprises moins productives, qui avaient été protégées au même titre que les autres par les soutiens publics pendant la crise sanitaire.

Marianne PICARD & Simon SEINCE (stagiaire), Economistes - France