Zone euro – L’Union européenne responsable de 9% des émissions mondiales de GES en 2022

Zone euro – L’Union européenne responsable de 9% des émissions mondiales de GES en 2022

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Eurostat a récemment publié les données concernant les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’Union européenne (UE) en 2022. Celles induites par la demande intérieure finale s’établissent à 4,8  milliards de tonnes équivalent CO2 au total, soit 10,7 tonnes équivalent CO2 par habitant (ce que l’on appelle communément l’"empreinte carbone"). L’UE a ainsi été responsable d’environ 9% des émissions mondiales en 2022 (51,4 Mds t CO2 éq). Ces mesures englobent les émissions générées tout au long de la chaîne de production des biens et services consommés, ce qui est important car une bonne partie de ces derniers sont importés au sein de l’UE. Par ailleurs, l’approche au travers du prisme de la production nous renseigne sur les émissions directes sur le sol européen (activités de production, même pour les biens et services destinés à l’export, et ménages). Ces dernières sont de 24% plus faibles que celles générées par la consommation, à la fois par habitant (8,1 tonnes) et en valeur absolue (3,6  Mds t CO2 éq).

Les émissions selon l’approche "consommation" et celles selon l’approche "production" ont suivi peu ou prou la même trajectoire depuis les années 2010 dans l’UE. En effet, elles ont décru de 2010 à 2014, avant de se stabiliser globalement entre 2014 et 2018 et de se réduire de nouveau en 2019. Elles ont ensuite fortement diminué en 2020 sous l’effet de la crise sanitaire et sont reparties à la hausse depuis. Ainsi, au total, les émissions de GES générées par la consommation ont chuté de 14% entre 2010 et 2022, et celles générées par la production résidente de 18%. Elles ont toutefois crû de 12% et 4%, respectivement, entre 2020 et 2022.

Sur les 4,8 milliards de tonnes équivalent CO2 émises par la demande intérieure finale de l’UE, l’Allemagne en représente 23%, la France et l’Italie 13% et l’Espagne un peu moins de 10% ; ces quatre pays (les plus grands) sont donc les plus gros émetteurs de l’UE. Pour la production (3,6 Mds t CO2 éq), les parts relatives de ces grands pays sont similaires : l’Allemagne reste en tête avec 22% des émissions, toujours suivie de la France et l’Italie (12%), mais l’Espagne (8%) passe en quatrième position, derrière la Pologne (11%).

Afin d’établir une meilleure comparaison entre pays, il convient d’utiliser la mesure par tête, soit l’empreinte carbone (les émissions issues de la demande intérieure finale) par habitant. Parmi les grands pays, la France et l’Espagne se distinguent en apparaissant relativement vertueuses1 , avec des émissions de respectivement 9,3 et 9,5 tonnes équivalent CO2 par personne en 2022. Elles s’établissent ainsi respectivement en septième et neuvième position des pays les moins émetteurs de l’UE (28 pays), après des pays comme la Suède, le Portugal et la Roumanie, qui forment le podium de tête avec 8 tonnes/habitant. En revanche, l’Allemagne (13,1 tonnes/habitant) se positionne bien au-dessus de la moyenne de l’UE et l’Italie l’égale (10,7 tonnes/habitant). En bas du tableau, on retrouve des pays plus petits comme Chypre (16,6 tonnes /habitant) et le Luxembourg (15,5 tonnes/habitant). À noter aussi que seuls le Danemark et la Pologne affichent des émissions par tête générées par la consommation inférieures à celles générées par la production résidente.  

Par ailleurs, on peut observer que certains secteurs d’activité participent plus que d’autres aux émissions selon l’approche consommation. C’est le cas de la production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné (1,1 Md t CO2 éq), responsable de près d’un quart des émissions totales de GES de l’UE. Viennent ensuite l’industrie manufacturière (984 Mt CO2 éq) et l’agriculture, sylviculture et pêche (757  Mt CO2 éq). Par ailleurs, sur les 4,8 milliards de tonnes équivalent CO2 d’émissions générées par la consommation au sein de l’UE en 2022, 1,9 Md (39%) est émis à l’étranger (importations). Ainsi, au sein du G20, la Chine (22% des émissions de provenance extra-UE), la Russie (11%) et les États-Unis (5%) en étaient les principales sources en 2022, reflétant les forts liens commerciaux de l’UE avec ces régions.

Enfin, sur les émissions de GES de 3,6 milliards de tonnes équivalent CO2 générées par la production sur le sol européen, 2,9 Mds ont servi la demande intérieure finale et 0,7 Md la demande extérieure (exportations), à 19% les États-Unis (139 Mt CO2 éq) et à 14% la Chine (103 Mt CO2 éq).

Notre opinion – Au niveau mondial, l’Union européenne est responsable d’un excès d’émissions de gaz à effet de serre par rapport à sa population : 9% des émissions pour moins de 6% de la population mondiale, d’après les données de la Banque mondiale pour 2022. Par ailleurs, ces émissions ont augmenté chaque année depuis la crise du Covid, alors qu’elles avaient diminué au cours de la dernière décennie (de premiers indicateurs pour 2023 semblent toutefois indiquer qu’elles seraient de nouveau en baisse). L’UE doit faire davantage, notamment si elle souhaite atteindre son objectif de réduction des émissions de GES de 55% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990 (Pacte vert pour l’Europe). Et pour cause, selon un rapport récent de l’Agence européenne pour l’environnement, au rythme actuel, la baisse ne serait que de 43% en 2030. Insuffisant donc. Cet effort doit passer par des avancées en termes de décarbonation sur notre territoire, dans des secteurs tels que l’industrie manufacturière et l’énergie, mais aussi par des changements dans nos modes et habitudes de consommation. Il ne suffira pas de faire mieux que des géants comme les États-Unis, dont l’empreinte carbone est déjà beaucoup plus élevée que celle de l’UE (environ 18 tonnes équivalent CO2 par habitant) et qui devraient malheureusement retarder la réduction de leurs émissions (compte tenu de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump). On sait en effet que trop tarder sera très coûteux.

Article publié le 21 février 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

1La France connaît d’ailleurs une hausse moins marquée que les autres grands pays entre 2020 et 2022.

 

Zone euro – L’Union européenne responsable de 9% des émissions mondiales de GES en 2022

L’UE doit faire davantage, notamment si elle souhaite atteindre son objectif de réduction des émissions de GES de 55% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990 (Pacte vert pour l’Europe). Et pour cause, selon un rapport récent de l’Agence européenne pour l’environnement, au rythme actuel, la baisse ne serait que de 43% en 2030. Insuffisant donc. Cet effort doit passer par des avancées en termes de décarbonation sur notre territoire, dans des secteurs tels que l’industrie manufacturière et l’énergie, mais aussi par des changements dans nos modes et habitudes de consommation. Il ne suffira pas de faire mieux que des géants comme les États-Unis, dont l’empreinte carbone est déjà beaucoup plus élevée que celle de l’UE (environ 18 tonnes équivalent CO2 par habitant) et qui devraient malheureusement retarder la réduction de leurs émissions (compte tenu de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump). On sait en effet que trop tarder sera très coûteux.

Marianne PICARD & Simon SEINCE (stagiaire), Economistes - France