Zone euro : un ralentissement généralisé de la croissance au T4 2024

Zone euro : un ralentissement généralisé de la croissance au T4 2024

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La première estimation de la croissance du PIB au quatrième trimestre signale une stagnation de l'activité. Comme nous l'avions prévu dans notre exercice de scénario de décembre 2024, le taux de croissance s'est établi à 0% sur le trimestre et à 0,7% en moyenne sur l'année 2024. L'accélération observée au troisième trimestre (+0,4% après +0,2%) s'est donc interrompue. Cette estimation n'est que préliminaire, la disponibilité des données étant limitée à certains pays. L'acquis de croissance laissée à la croissance moyenne pour 2025 est de 0,3%.

Dans la plupart des pays où l'estimation est disponible, la croissance a été à peine plus faible que prévu. C'est le cas de l'Allemagne (-0,2% contre -0,1% prévu), de la France (-0,1% contre 0% prévu), de l'Italie (0% contre 0,1%) et de la Belgique (0,2% contre 0,3%), pour ne citer que les principales économies. En revanche la croissance a dépassé nos prévisions en Espagne (0,8% contre 0,6%) et au Portugal (1,5% contre 0,2%).

La contribution des différentes composantes de la demande n'est pas disponible pour la zone euro dans son ensemble, elle est publiée uniquement pour la France (cf. article ci-dessous) et l'Espagne, mais la reprise de la consommation des ménages observée au cours de l'été semble se poursuivre. Sa croissance est en effet positive en France, en Allemagne et en Espagne. L'investissement était encore en léger repli en France, mais en net redressement en Espagne.

En moyenne sur l'année 2024 la croissance de la zone euro s'est inscrite en légère accélération par rapport à 2023 (+0,7% après +0,5%). Cette accélération a été portée principalement par la performance de l'économie espagnole dont la croissance s'est établie à 3,2% après 2,7% en 2023. Le taux de croissance de l'économie française est resté stable à +1,1%, tandis que la croissance italienne a subi un coup de frein (à +0,5% après +0,8% en 2023). Le repli du PIB allemand s'est poursuivi et même accentué (-0,2% après -0,1%).

À la fin de 2024, le PIB de la zone euro dépassait de 4,6% son niveau de fin 2019, avant la pandémie, celui de la France de 4%, celui de l'Italie de 5,6% et celui de l'Espagne de 7,6%. Quant au PIB allemand, il est encore inférieur au niveau de fin 2019 de 0,1%.

Concernant l'économie espagnole, la forte croissance au quatrième trimestre 2024, a été soutenue principalement par la demande domestique, qui a contribué à hauteur de 1,2 pp à l'évolution trimestrielle du PIB, grâce à la consommation privée (+1,0%) et surtout à l'investissement (+3,4%). La consommation privée dépasse désormais de 3,6% son niveau d'avant la pandémie, dans un contexte où la population a augmenté de 3,4% depuis 2019. L'investissement en équipement s'est distingué par un bond de 7,8%, porté par le secteur du transport (+15,1%), bien qu'il reste inférieur de 13,3% à son niveau prépandémie. La construction a progressé plus modérément (+1,6 %), avec une reprise de la construction résidentielle (+0,9%). En revanche, la consommation publique a ralenti (+0,4%) après une forte hausse au troisième trimestre (+2,5%). La demande extérieure a eu un impact négatif sur la croissance du PIB au quatrième trimestre (-0,4 point), en raison de la baisse des exportations de biens (-1,1%) dans un contexte de faible dynamisme économique en Allemagne et en France. Les exportations de services ont, en revanche, affiché une croissance toujours solide (+2,3%), soutenue par le secteur touristique (+4,5%). Les importations ont progressé plus rapidement que les exportations (+1,3% contre +0,1%), avec une hausse notable des importations de services (+3,6%), en particulier celles liées au tourisme (+5,9%).

Notre opinion – Le coup de frein à la croissance de la zone euro était prévu et ne remet pas en question notre narration d'une reprise fondée sur l'accélération de la consommation des ménages. Celle-ci semble confirmée par les évolutions constatées dans les principales économies de la zone. La surperformance des économies ibériques se confirme aussi avec une forte croissance de la demande des ménages et de la demande extérieure, tandis qu'en Italie, la croissance est ralentie par la fin des subventions à la construction et par la fragilité de l'industrie. Cette fragilité affecte particulièrement l'activité en Allemagne qui n'a pas progressé en moyenne au cours des cinq dernières années. Avec des risques baissiers sur la croissance et des risques plus équilibrés sur l'inflation, la BCE n'a pas hésité à poursuivre la baisse de ses taux directeurs de 25 point de base, portant le taux des opérations principales de refinancement à 2,90% et le taux de dépôt à 2,75%.

Article publié le 31 janvier 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

 

Zone euro : un ralentissement généralisé de la croissance au T4 2024

Le coup de frein à la croissance de la zone euro était prévu et ne remet pas en question notre narration d'une reprise fondée sur l'accélération de la consommation des ménages. Celle-ci semble confirmée par les évolutions constatées dans les principales économies de la zone.

Paola MONPERRUS-VERONI, Manager zone euro