France – L'activité devrait rester stable fin 2024, tandis que l'inflation a fortement ralenti en 2024
- 20.01.2025
- 0
- Télécharger la publication (PDF - 262,64 KB)
Lire l'article
D'après les derniers indicateurs parus, l'activité aurait légèrement augmenté en décembre 2024, grâce à la bonne tenue des services marchands. Néanmoins, l'incertitude continue de peser sur le climat des affaires. Les prix à la consommation ont, quant à eux, considérablement décéléré sur l'ensemble de l'année 2024.
Du côté des entreprises, une progression modeste de l'activité
La Banque de France a publié le 13 janvier son enquête mensuelle de conjoncture, qui nous renseigne ainsi sur la perception des chefs d'entreprise concernant l'évolution de l'activité passée et à venir des trois principaux secteurs (les services marchands, l'industrie et le bâtiment). L'activité aurait ainsi progressé en décembre dans les services marchands, mais stagné dans l'industrie et le bâtiment. Une progression est attendue dans tous les secteurs d'activité en janvier, bien que ternie par des carnets de commandes jugés insuffisants.
Les chefs d'entreprise signalent une stagnation de l'activité dans le bâtiment et l'industrie en décembre. Plusieurs sous-secteurs industriels auraient connu un repli sensible en décembre. L'habillement- textile- chaussures a pâti d'une demande molle et de fermetures de sites de production plus longues que d'habitude, tout comme le secteur automobile. La baisse du taux d'utilisation des capacités de production (TUC) illustre cet enlisement de l'activité industrielle. En effet, celui-ci recule de 2,3 points sur un an (par rapport au mois de décembre 2023), à 73,9%, et continue sa lente décrue amorcée fin 2022. Les sous-secteurs tels que les machines et équipements (-6 points sur un an), l'automobile (-5 points), ou encore la métallurgie (-4 points) sont très affectés, tandis que l'agro-alimentaire (+2 points) et l'aéronautique (+1 point) sortent la tête de l'eau. Dans le bâtiment, l'activité s'est enlisée en décembre, dans l'attente de l'effet des récentes baisses des taux d'intérêt qui pourraient relancer le secteur. Cet effet pourrait toutefois être neutralisé par l'effet délétère de l'incertitude, d'après la Banque de France. Les services marchands, portés par l'hébergement-restauration, auraient bénéficié des fêtes de fin d'année (tourisme, jours fériés bien positionnés et réouverture de Notre-Dame de Paris).
Tout cela pousse la Banque de France à affirmer que l'activité au quatrième trimestre 2024 aurait stagné. En effet, une croissance sous-jacente de 0,2% (hors effet des JOP) serait compensée par le contrecoup de l'effet des JOP (-0,2 point de PIB).
Les chefs d'entreprise ont aussi émis leurs anticipations concernant le mois de janvier, et le rythme de hausse de l'activité dans l'industrie retrouverait de son allant, au niveau de sa moyenne sur dix ans, portée par la chimie ou encore l'habillement-textile-chaussures. Aussi, le bâtiment suivrait cette tendance haussière, mais dans une moindre mesure, tiré par le second œuvre. Enfin, les chefs d'entreprise tablent sur un ralentissement du rythme de croissance de l'activité dans les services marchands, imputable notamment au transport-entreposage et à l'hébergement-restauration. Par ailleurs, les carnets de commandes, dans l'industrie comme dans le bâtiment, sont jugés faibles dans presque l'intégralité des sous-secteurs excepté l'aéronautique. L'indicateur mensuel d'incertitude reste élevé (à 200, contre une valeur de référence fixée à 100 en période « normale »), proche de son niveau de novembre (et de celui d'après la dissolution de l'Assemblée nationale en juin), et le contexte politique actuel est le principal facteur d'incertitude mentionné.
Pour les ménages, les prix à la consommation décélèrent fortement en 2024
L'heure du bilan de l'évolution des prix à la consommation pour l'année 2024 a sonné. Les résultats définitifs de l'inflation de décembre publiés par l'Insee closent ainsi l'année, avec une inflation à 1,3% en glissement annuel (comme en novembre). L'inflation aura donc bien diminué au cours de l'année 2024 : pour rappel, elle s'établissait à 3,1% en glissement annuel en janvier.
En moyenne annuelle, les prix ont ainsi nettement ralenti par rapport aux années précédentes, et l'inflation s'est établie à 2,0%, après 4,9% en 2023 et 5,2% en 2022 au sens de l'indice des prix à la consommation (IPC). L'inflation au sens de l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui permet la comparaison de l'inflation entre les différents pays européens du fait d'une méthodologie harmonisée, a aussi diminué (-3,4 points), passant de 5,7% en 2023 à 2,3% en 2024.
Plus de la moitié du fléchissement de l'inflation (IPC) en 2024 est imputable à l'alimentation, dont les prix n'ont augmenté que de 1,4%, contre 11,8% l'année précédente. Cet important ralentissement des prix alimentaires s'explique surtout par celui des produits hors frais (compte tenu de leur poids dans l'alimentation), bien que les prix des produits frais aient également fortement décéléré. Les deuxièmes contributeurs à la baisse de l'inflation en 2024 sont les produits manufacturés, dont les prix ont stagné (+0,0%), ce qui représente une nette décélération par rapport à 2023 (-3,5 points). Par ailleurs, les prix de l'énergie ont eux aussi ralenti en 2024 (+2,3%, après +5,6% en 2023) dans le sillage du repli des prix des produits pétroliers (-4,7%) et du gaz (-1,0%), bien que ce mouvement ait été en partie contrebalancé par l'accélération des prix de l'électricité (+15,7%). En revanche, les services, poste de consommation important des ménages, ne contribuent au fléchissement de l'inflation qu'à la marge. L'inflation des services n'a en effet diminué que de 0,3 point, passant de 3,0% en 2023 à 2,7% en 2024, malgré la baisse accrue des prix des services de communication et le ralentissement des prix des services de transports. De fait, les prix des services de santé ont rebondi, et ceux des services de logement (+2,8%) et des « autres services » (+3,9%), les deux principaux postes des services, ont augmenté au même rythme que l'année précédente en 2024.
Article publié le 17 janvier 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine
Les résultats de l'enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France corroborent notre prévision de croissance pour le quatrième trimestre 2024 (qui sera validée ou invalidée le 30 janvier prochain avec la publication de la première estimation des comptes nationaux trimestriels). Les anticipations pour janvier sont également assez en ligne avec notre prévision d'une croissance modeste en début d'année 2025. Le niveau élevé de l'indicateur d'incertitude confirme par ailleurs que les chefs d'entreprise restent méfiants concernant le futur proche de leur secteur, sur fond d'instabilité politique. Le processus de désinflation soutient, quant à lui, le pouvoir d'achat des ménages et devrait, in fine, encourager leur consommation, clé de voûte de la croissance française dans notre prévision 2025, malgré l'effet délétère de l'incertitude.
Simon SEINCE, Economiste (stagiaire) - France et zone euro