Royaume-Uni – L'inflation remonte et les perspectives à court terme restent entourées de risques haussiers
- 02.01.2025
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L'indice des prix à la consommation (CPI) a augmenté de 0,1% au mois de novembre après +0,6% en octobre, en ligne avec nos anticipations. Ce léger mouvement haussier a porté le taux d'inflation sur un an à 2,6% contre 2,3% en octobre et 1,7% en septembre. Des effets de base expliquent en grande partie le rebond, notamment au niveau de la composante transport (contribution pour 0,13 point de pourcentage à la variation du taux d'inflation) et de la composante loisirs et culture (contribution pour 0,08 point de pourcentage). Les prix dans le transport baissent de 0,8% sur le mois après une quasi-stabilité en octobre ; leur taux d'inflation demeure négatif à - 0,9% sur un an après -1,9% en octobre. D'autres composantes qui contribuent à l'accélération des prix à la consommation sont le textile (composante très volatile) ainsi que l'alcool et le tabac.
Le taux d'inflation sous-jacente, mesurée par l'indice CPI hors énergie, alimentation, alcool et tabac, progresse à 3,5% sur un an contre 3,3% en octobre, moins vite que prévu (consensus : 3,6%, Crédit Agricole : 3,7%). Les prix des services affichent un taux d'inflation à 5% sur un an, stable pour le troisième mois consécutif. Les prix des biens accélèrent à 0,4% sur un an, un taux d'inflation en territoire positif pour la première fois depuis mars. Cette accélération est due à la fois à un taux d'inflation moins négatif de l'énergie (-8,8% sur un an contre -10,1% en octobre) et une nouvelle accélération des prix des biens industriels hors énergie (à +1,1% sur un an contre 0,5% en octobre, atteignant un plus haut depuis mars). Ces derniers n'ont progressé que légèrement sur le mois (+0,1%) mais avaient baissé de 0,5% en novembre 2023.
Notre opinion – Le rebond du taux inflation au mois de novembre n'est pas une surprise. Il s'explique surtout par des effets de base. Toutefois, l'inflation dans les services reste trop élevée et les prix des biens hors énergie accélèrent de nouveau. Notre prévision et celle de la Bank of England (BoE) pour une moyenne de l'inflation CPI à 2,4% sur un an au T4-2024 ne sont pas remises en question. Ainsi, le taux d'inflation en moyenne annuelle pour 2024 devrait s'établir à 2,5%, après 7,3% en 2023. À court terme, l'inflation devrait rester volatile : nous anticipons une rechute à 2,4% en décembre avant un nouveau rebond en janvier. Elle devrait rester légèrement supérieure à la cible courant 2025. L'assouplissement budgétaire1 annoncé le 30 octobre par le gouvernement britannique nous a conduits à réviser à la hausse les projections d'inflation à 2,2% au T4-2025 (contre 1,8% précédemment) avec un pic à 2,6% en septembre 2025. Pour 2026, nous anticipons un graduel retour à la cible et un taux d'inflation à 1,8% au T4-2026.
Les risques sont orientés à la hausse en raison de l'assouplissement budgétaire, d'une part, et de la hausse des coûts de travail à venir, d'autre part. La hausse des coûts du travail est attribuable à deux mesures phares du budget : le relèvement des cotisations sociales patronales (« National Insurance Contributions ») de 1,2 point de pourcentage à 15%, et des hausses du salaire horaire minimum (« National Living Wage »).
Les entreprises devraient chercher à répercuter ces hausses de coûts dans la mesure du possible sur les prix de vente. Ainsi, la BoE s'attend à un impact de la hausse des cotisations sociales patronales sur l'inflation des prix à la consommation « d'un peu moins de 0,5 point de pourcentage à leur sommet ». Il est toutefois probable que l'impact soit moins élevé en raison de la faiblesse de la demande. Dans un contexte de confiance des consommateurs en berne, elle-même due à la hausse du coût de la vie et la perception persistante d'une inflation élevée, les entreprises sont moins à même de répercuter leurs hausses de coûts sur les prix à la consommation et risquent plutôt de procéder à des réductions d'effectifs. Ceci laisse présager une détérioration plus forte que précédemment anticipée des conditions sur le marché du travail et des perspectives d'inflation plus faibles à moyen terme.
Article publié le 20 décembre 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine
1Le gouvernement a annoncé des hausses des dépenses publiques de près de 70 milliards de livres en moyenne par an (2,5% du PIB) lors des cinq prochaines années à financer, d'une part, par des hausses des impôts et des taxes et, d'autre part, par un emprunt supplémentaire de 32 milliards de livres en moyenne par an (1% du PIB).
Le rebond du taux inflation au mois de novembre n'est pas une surprise. Il s'explique surtout par des effets de base. Toutefois, l'inflation dans les services reste trop élevée et les prix des biens hors énergie accélèrent de nouveau. Notre prévision et celle de la BoE pour une moyenne de l'inflation CPI à 2,4% sur un an au T4-2024 ne sont pas remises en question.
Slavena NAZAROVA, Economiste - Royaume-Uni, États-Unis, Irlande, pays scandinaves