Zone euro – La guerre commerciale pèse sur les prévisions de la Commission européenne
- 28.05.2025
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Dans ses prévisions économiques de printemps, la Commission européenne a abaissé ses projections de croissance pour la zone euro. Elle prévoit une croissance pour la zone euro de 0,9% en 2025 et de 1,4% en 2026, alors qu'elle tablait sur 1,3% en 2025 et 1,6% en 2026 lors de son exercice de novembre 2024.
C'est principalement la révision de la croissance allemande en 2025, de 0,7% à 0%, qui explique ce mouvement, même si les croissances française et italienne ont aussi été réduites sur les deux années, mais dans une moindre mesure. En revanche, la prévision de croissance pour l'Espagne a été rehaussée en 2025.
La Commission européenne continue d'anticiper une accélération de la demande intérieure cette année, portée par la reprise continue de la consommation privée (1,5% en 2025 et 2026) et par le rebond de l'investissement (1,3% en 2025 et 2,2% en 2026). L'investissement se redresserait autant dans sa composante construction que dans celle des équipements, et le taux d'investissement public poursuivrait sa remontée.
La contribution de la demande étrangère nette serait négative sur l'horizon de prévision, freinée par un coup d'arrêt des exportations cette année.
La résilience du scénario s'appuie sur une dynamique toujours positive, bien qu'en ralentissement, des créations d'emplois, qui permet une baisse du taux de chômage à 6,3% en 2025 et 6,1% en 2026. Le processus désinflationniste se poursuit avec une inflation à 2,1% en 2025 et à 1,7% en 2026.
La révision de la prévision est imputable à la prise en compte de l'impact négatif de la hausse des droits de douane, qui n'était pas intégré dans les prévisions de l'automne. La Commission retient l'hypothèse d'un statu quo post 9 avril, soit un taux de 25% sur les importations américaines d'acier, d'aluminium et sur les voitures et les pièces automobile, et une hausse de 10% sur les autres biens (hors produits temporairement exclus). Ce durcissement tarifaire se traduit par un niveau du PIB plus faible de 0,2% en 2025 et 2026. Une rétorsion symétrique de l'UE n'est pas intégrée mais elle réduirait le niveau du PIB de 0,2 point supplémentaire.
Notre opinion
La croissance prévue pour la zone euro par la Commission européenne est légèrement plus faible que notre prévision de mars 2025 (1% en 2025 et 1,5% en 2026). Celle-ci, chiffrée avant les annonces du Liberation Day, prenait en compte l'impact de droits de douane de 25% sur l'acier, l'aluminium, les voitures et les pièces automobile et un alignement des taux moyens pondérés américains sur les taux européens, soit une hausse moyenne de 5,5 points. L'impact direct de ces taxes supplémentaires sur la croissance du PIB de la zone euro était de -0,2 point, auquel s'ajoutait un impact négatif supplémentaire de -0,1 point lié à la forte incertitude autour des politiques économiques américaines. Ces effets négatifs étaient compensés par l'impact positif sur la croissance de la zone euro de la relance budgétaire allemande (réforme de la règle de frein de la dette et fonds pour l'investissement en infrastructures), chiffré à +0,1 point en 2025 et +0,3 point en 2026, et celui des dépenses additionnelles pour la Défense, plus modéré à l'horizon de la prévision. La Commission n'inclut pas ces mesures dans sa prévision. Elle fournit néanmoins une estimation de leur impact potentiel. L'intégration des dépenses liées au fonds d'infrastructures allemand (sans la réforme de la règle budgétaire) augmenterait le PIB européen de 0,75 point à l'horizon 2035. Les dépenses additionnelles pour la défense européenne augmenteraient le PIB de l'Union de 0,3 à 0,6 point à l'horizon 2028, selon les hypothèses faites en termes de pénétration des importations et de la productivité de la dépense.
Article publié le 23 mai 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

La croissance prévue pour la zone euro par la Commission européenne est légèrement plus faible que notre prévision de mars 2025 (1% en 2025 et 1,5% en 2026). Celle-ci, chiffrée avant les annonces du Liberation Day, prenait en compte l'impact de droits de douane de 25% sur l'acier, l'aluminium, les voitures et les pièces automobile et un alignement des taux moyens pondérés américains sur les taux européens, soit une hausse moyenne de 5,5 points. L'impact direct de ces taxes supplémentaires sur la croissance du PIB de la zone euro était de -0,2 point, auquel s'ajoutait un impact négatif supplémentaire de -0,1 point lié à la forte incertitude autour des politiques économiques américaines. Ces effets négatifs étaient compensés par l'impact positif sur la croissance de la zone euro de la relance budgétaire allemande (réforme de la règle de frein de la dette et fonds pour l'investissement en infrastructures), chiffré à +0,1 point en 2025 et +0,3 point en 2026, et celui des dépenses additionnelles pour la Défense, plus modéré à l'horizon de la prévision.
Paola MONPERRUS-VERONI, Manager zone euro