France – La consommation des ménages en biens reste atone, malgré la faiblesse de l’inflation

France – La consommation des ménages en biens reste atone, malgré la faiblesse de l’inflation

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L’Insee a publié les résultats provisoires de l’indice des prix à la consommation (IPC) le mardi 30 septembre. L’inflation a légèrement augmenté en septembre, mais est restée faible, à 1,2% sur un an. Mesurée par l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), elle est actuellement l’une des plus faibles de la zone euro. Cette inflation faible, en particulier pour les biens, ne se traduit toutefois pas par une hausse de la consommation des ménages en biens. En effet, une publication du même jour indique que les dépenses de consommation des ménages en biens sont restées quasi stables en août (+0,1%) après une baisse en juillet (-0,6%).

L’inflation a augmenté en septembre, à 1,2% en glissement annuel au sens de l’IPC, après 0,9% en août, d’après les résultats provisoires publiés en fin de mois par l’Insee. Cette hausse de l’inflation s’explique par le moindre recul des prix de l’énergie, et par l’accélération des prix des services sur un an. Le repli des prix de l’énergie s’est en effet atténué en septembre, à -4,5% sur un an (après -6,2%), en lien avec un effet de base sur les prix des produits pétroliers (qui avaient fortement diminué un an plus tôt, en septembre 2024). Les prix des services ont, quant à eux, accéléré à +2,4% sur un an (après +2,1% en août), du fait d’une moindre baisse des prix des services de communication, et d’une accélération de ceux des services de santé sur un an. L’inflation alimentaire a légèrement augmenté en septembre, à +1,7% en glissement annuel (après +1,6%), compte tenu de l’accélération des prix des produits alimentaires hors frais. Les prix du tabac ont aussi légèrement accéléré, à 4,1% sur un an (après 4,0% en août). En revanche, l’inflation des produits manufacturés a diminué, avec un recul un peu plus marqué des prix en septembre, à -0,4% en glissement annuel (après -0,3%). Sur un mois, les prix à la consommation ont ainsi diminué de 1,0% en septembre (après +0,4% en août), en lien avec les baisses saisonnières des prix des services de transport et d’hébergement. 

L’inflation au sens de l’IPCH, qui permet les comparaisons entre les pays européens du fait d’une méthodologie commune, a également légèrement augmenté en septembre, à 1,1% sur un an (après 0,8% en août). L’inflation est actuellement basse en France en comparaison avec les autres pays de la zone euro (et plus largement l’Union européenne), et elle en est l’une des plus faibles depuis plusieurs mois (avec Chypre). L’inflation cumulée depuis le quatrième trimestre 2019 (18,1%) est par ailleurs nettement plus faible qu’en moyenne en zone euro (22,9%) et chez nos principaux voisins (25,4% en Allemagne, 21,1% en Espagne et 20,7% en Italie). L’inflation française est donc actuellement faible, et ce depuis plusieurs mois maintenant, puisqu’elle est inférieure à 2% sur un an au sens de l’IPC depuis août 2024, soit depuis plus d’un an, et proche de 1%, voire inférieure depuis février 2025. Ce constat est particulièrement valable pour les biens : l’inflation des produits manufacturés est proche de zéro depuis février 2024, celle des produits alimentaires est inférieure à 2% depuis mars 2024, et celle de l’énergie est négative depuis février 2025. Pour autant, cela ne s’est pas traduit par une hausse des dépenses de consommation des ménages en biens

Les dépenses de consommation des ménages en biens sont restées quasi stables en volume en août 2025 (+0,1%) d’après une publication récente de l’Insee, et ce après avoir diminué en juillet (-0,6%). Sur un mois, les dépenses en biens fabriqués ont légèrement augmenté (+0,3%, après -0,3% en juillet), en lien avec le rebond des dépenses en habillement-textile (+1,8%, après -2,6%), tandis que les dépenses en biens durables ont légèrement diminué (-0,1%, après +0,2%). Les dépenses en énergie sont restées quasi stables en août (-0,1%, après -1,7%), et la consommation alimentaire s’est stabilisée (0,0%, après -0,3%).

Sur plus longue période, la consommation des ménages en biens a ainsi diminué de 0,5% entre le premier trimestre 2024 et août 2025 (toujours en volume). Cette baisse est d’autant plus prononcée pour les produits alimentaires (-1,9%), le textile ( 1,2%) et les biens durables (-1,1%), alors que la consommation d’énergie est en hausse (+1,5%). 

En comparaison avec le quatrième trimestre 2019, soit avant la crise sanitaire, la baisse est encore plus prononcée : -4,3% pour l’ensemble des biens, -8,1% pour le textile, -6,3% pour l’alimentation, -5,8% pour l’énergie et -1,7% pour les biens durables.

Notre opinion

L’absence de véritable rebond de la consommation des ménages en biens, malgré la forte baisse de l’inflation (et la progression du pouvoir d’achat), invite à se questionner sur la nature de ce changement de comportement : simple lenteur d’ajustement à l’inflation1, reflet de l’incertitude, ou modification structurelle ? Les ménages pourraient en effet avoir adapté leur comportement de consommation, non pas seulement en réaction à la période d’inflation passée ou à des fins d’épargne de précaution, mais aussi en raison de nouvelles considérations durables, comme leur impact sur l’environnement. Le concept de consommation « frugale » pourrait concerner des segments comme l’énergie, le textile, mais aussi des biens durables comme l’automobile. Une chose est claire : les ménages arbitrent en faveur des services, dont la consommation en volume continue de croître (+0,5% au deuxième trimestre 2025, et +10,5% par rapport au quatrième trimestre 2019).

Article publié le 3 octobre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine 

 

  1. Les perceptions que les ménages ont de l’inflation diffèrent de l’inflation mesurée, avec notamment un biais à la hausse documenté (surpondération de la « mauvaise nouvelle » - des prix en hausse – et des achats fréquents dans le panier de consommation, absence de correction de l’effet qualité…).
France – La consommation des ménages en biens reste atone, malgré la faiblesse de l’inflation

L’absence de véritable rebond de la consommation des ménages en biens, malgré la forte baisse de l’inflation (et la progression du pouvoir d’achat), invite à se questionner sur la nature de ce changement de comportement : simple lenteur d’ajustement à l’inflation, reflet de l’incertitude, ou modification structurelle ? Les ménages pourraient en effet avoir adapté leur comportement de consommation, non pas seulement en réaction à la période d’inflation passée ou à des fins d’épargne de précaution, mais aussi en raison de nouvelles considérations durables, comme leur impact sur l’environnement.

Marianne PICARD, Economiste - France