France – Nouvelle baisse des émissions de GES et de l’empreinte carbone en 2024

France – Nouvelle baisse des émissions de GES et de l’empreinte carbone en 2024

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L’Insee et le Service des données et études statistiques1 (SDES) ont publié jeudi 16 octobre les émissions de gaz à effet de serre (GES) des unités résidentes et l’empreinte carbone de la France en 2024. Celles-ci ont de nouveau diminué, quoique à un rythme moindre que l’année précédente, et sont en nette baisse depuis 1990. L’empreinte carbone de la France a ainsi atteint son plus bas niveau depuis 1990. En comparaison internationale (en 2022), la France est un très bon élève parmi les pays développés, et un bon élève en Europe, même si c’est moins le cas à l’échelle mondiale.

En 2024, les émissions de GES des unités résidentes françaises s’élèvent à 404 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 éq.), en baisse de 0,9% par rapport à 2023 (après -6,0%), essentiellement grâce à la décarbonation de la production d’électricité (moindre recours aux centrales à gaz). Cela représente 5,9 tonnes par personne. Ces émissions incluent certaines émissions à l’étranger pour les transports maritime et aérien notamment. Elles se répartissent en 99 millions de tonnes d’émissions directes des ménages (combustibles fossiles pour le chauffage et l’utilisation de véhicules), et 305 millions de tonnes émises par les activités économiques – dont 59% servent à satisfaire la demande finale intérieure, et 41% la demande finale d’autres pays, via les exportations de biens et services. Depuis 1990, les émissions de la France ont diminué de 31%, en lien avec la baisse des émissions dans l’industrie et la production d’électricité.

La France recourt toutefois aussi aux importations pour satisfaire la demande finale intérieure ; il est donc important d’en tenir compte en utilisant une autre mesure : l’empreinte carbone. Elle correspond aux émissions totales pour satisfaire la demande finale intérieure, et aux émissions directes des ménages français. L’empreinte carbone a diminué de 3,4% en 2024, pour atteindre 563 Mt CO2 éq. (après  6,1% en 2023), soit 8,2 tonnes par personne. Les émissions issues des importations représentent plus de la moitié de l’empreinte carbone.

Les importations sont, en effet, plus gourmandes en GES (543 grammes de CO2 éq. par euro) que la production domestique (117 grammes). Cela tient notamment au fait que leur composition est très différente, avec une spécialisation française dans des activités tertiaires ou de transformation industrielle relativement peu intenses en GES, alors que les produits importés sont fortement carbonés (énergie, métaux, biens manufacturés produits dans des pays au mix énergétique très carboné). Le contenu en GES des exportations françaises (338 grammes de CO2 éq. par euro) est aussi essentiellement porté par les biens manufacturés.

L’empreinte carbone de la France a diminué de 20% depuis 1990, et encore davantage si l’on tient compte de l’augmentation de la population, avec une baisse de 32% par habitant. 

Le SDES propose des éléments de comparaison internationale, les dernières données disponibles étant celles de 2022. Ainsi, au niveau mondial, l’empreinte carbone moyenne par habitant était de 6,4 t CO2 éq., contre 9,1 t CO2 éq. pour la France. L’empreinte carbone du Français moyen était donc 42% supérieure à la moyenne mondiale. La France se classe toutefois comme un très bon élève parmi les pays développés, puisqu’en moyenne, l’empreinte carbone d’un Américain était 2,4 fois plus élevée que celle d’un Français. En outre, l’empreinte carbone d’un Français était inférieure de 15% à celle d’un habitant de l’Union européenne et de plus de 30% à celle d’un Allemand en 2022, en moyenne. 

Notre opinion

Les chiffres des années 2023 et 2024 sont encourageants pour la France, même si l’effort doit être poursuivi. La stratégie nationale bas-carbone (SNBC 3) vise en effet à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, avec un objectif intermédiaire en 2030 de réduction de 50% des émissions territoriales brutes par rapport à 1990.

Les éléments de comparaison internationale sont en outre assez alarmants, avec des pays développés responsables de trop d’émissions de GES, en particulier les États-Unis (même si la Chine n’est pas en reste), et cela a peu de chance de s’améliorer à court terme (effet Trump).

  1. Service statistique des ministères chargés de l’Environnement, de l’Énergie, de la Construction, du Logement et des Transports

 Article publié le 17 octobre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

France – Nouvelle baisse des émissions de GES et de l’empreinte carbone en 2024

L’empreinte carbone de la France a diminué de 20% depuis 1990, et encore davantage si l’on tient compte de l’augmentation de la population, avec une baisse de 32% par habitant. En comparaison internationale (en 2022), la France est un très bon élève parmi les pays développés, et un bon élève en Europe, même si c’est moins le cas à l’échelle mondiale.

Marianne PICARD, Economiste - France