Italie – Le budget de la paix gouvernementale ?
- 23.10.2025
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Les données ont été arrêtées par le ministère des Finances avant l'envoi du document budgétaire du 16 octobre à la Commission. L'enveloppe finale du solde des nouvelles recettes et nouvelles dépenses a été augmentée de 2 milliards, pour passer à 18 milliards d'euros en 2026.
Si les grandes mesures font, dans les grandes lignes, consensus, le besoin de financement supplémentaire constituait le nœud de l'affaire. Le budget se devait de répondre à deux impératifs contradictoires : d'un côté, respecter les engagements de déficit public inscrits dans la DEFP, qui devrait confirmer la sortie de la procédure pour déficit excessif ; de l'autre, contenter les différentes couleurs de la majorité.
Pourtant, le point de départ est encourageant, les premières estimations de finances publiques pour 2025 ont donné un peu de marge de manœuvre au gouvernement. Un niveau de PIB nominal plus élevé qu'attendu et des prévisions en hausse – aussi bien du côté des dépenses que des recettes – ont, en outre, permis de dégager un potentiel solde primaire à 0,9% du PIB, qui permet de confirmer le déficit à 3% du PIB en 2025. Les performances de 2025 devraient également se refléter sur le déficit tendanciel de 2026, estimé à 2,7% tandis que le déficit programmatique reste à 2,8%.
Malgré ces comptes favorables, des ressources supplémentaires doivent être recherchées pour compléter l'enveloppe budgétaire. Aussi, pour arriver aux 18 milliards, le gouvernement compte sur 5 milliards de fonds supplémentaires issus du remaniement du PNRR et d'une participation du secteur bancaire de 4,3 milliards pour l'année prochaine, reconduite sur trois ans en partie via une hausse de l'IRAP (impôt sur les sociétés) de 2 points de pourcentage.
Une loi de finances 2026 légère, aux dires de Giorgia Meloni, mais qui devrait se concentrer sur les quatre grands axes de sa politique : la famille et la natalité, la protection du pouvoir d'achat et des revenus, le soutien aux entreprises et aux investissements, et la santé.
Contrairement à ce que laissaient penser les débats, ce sont les entreprises qui absorbent in fine le plus gros de l'enveloppe avec près de 8 milliards au total. La mesure phare de cet axe de priorité est celle du retour du ʺsuper et de l’hyper amortissementʺ. Il devrait permettre le soutien des investissements à hauteur de 4 milliards d'euros, auxquels s'ajoute une allocation de 2,3 milliards d'euros sous forme de crédit d'impôt pour les zones économiques spéciales (ZES) et la reconduction du nouveau dispositif Sabatini.
Pour ce qui est du pouvoir d'achat et des salaires, ce sont près de 4,7 milliards d'euros alloués, avec en tête la poursuite de la réforme fiscale et la baisse de l'IRPEF (impôt sur le revenu des personnes) pour les revenus compris entre 28 000 et 50 000 euros, avec un taux qui passe de 35% à 33%. La mesure est chiffrée à 2,8 milliards d'euros. Près de 1,9 milliard d'euros seront quant à eux destinés à des interventions sur les salaires et les primes de productivité avec des mesures mises en avant, telles que la baisse de la taxation des primes de 5% à 1%, la suppression des taxes sur le travail de nuit et les jours fériés, ainsi que l'application d'un taux de 5% sur l'augmentation salariale résultant du renouvellement des contrats pour les revenus jusqu'à 28 000 euros.
Dans la continuité de ce qui avait été fait les années passées, ce sont 1,6 milliard d'euros qui seront dédiés aux familles, notamment avec le soutien des mères qui travaillent et l'exclusion de La Prima Casa (dispositif d'aide au premier achat) du calcul de l'ISEE. Enfin, avec au total plus de 7 milliards d'euros, 5 issus des budgets passés et 2,4 milliards de l'enveloppe de 2026, un effort important est fait sur la santé axée sur le renforcement des embauches.
Pour tenir les engagements internationaux, la défense bénéficie d'une augmentation de 0,15% des dépenses totales, en grande partie financée par les ressources du plan SAFE de la Commission européenne. La paix fiscale, soit l'effacement des arriérés fiscaux de certains contribuables, est également introduite pour les dettes fiscales de 2023. Bien que son financement soit encore flou, elle pourrait concerner près de 16 millions de contribuables, avec un plan de remboursement échelonné sur 108 mensualités égales, sans pénalités ni paiement initial élevé.
Notre opinion – Après une semaine houleuse, marquée par les divergences au sein de la majorité, la coalition se présentait unie lors de la conférence de presse clôturant le Conseil des ministres du 17 octobre. Chacun a mis en avant ses victoires. La présidente du Conseil a d'abord dressé son bilan, tout en présentant les nouvelles mesures, soulignant la continuité de sa politique au cours des dernières années, en insistant sur le sérieux budgétaire et le soutien aux familles.
Pour ce qui est des autres partis de la coalition, il semble que tant Forza Italia que la Ligue aient trouvé un compromis : si Forza Italia souhaitait étendre l'intervalle de revenus bénéficiant de la réduction d'impôts jusqu'à 60 000 euros, elle devrait se contenter d'un arbitrage sur le secteur bancaire, la taxation des superprofits n'étant pas appliquée. Pour la Ligue, Matteo Salvini a mis l'accent sur l'effacement des dettes fiscales, même si les contours précis de cette mesure restent encore flous.
Enfin, bien qu'absent de la table des négociations, les appels du monde des affaires semblent avoir payés, puisqu'il se voit garder la part du lion avec près d'un tiers de l'enveloppe et le retour du super-amortissement, une mesure poussée par les partis du centre.
Article publié le 17 octobre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

Contrairement à ce que laissaient penser les débats, ce sont les entreprises qui absorbent in fine le plus gros de l'enveloppe avec près de 8 milliards au total. La mesure phare de cet axe de priorité est celle du retour du ʺsuper et de l’hyper amortissementʺ. Il devrait permettre le soutien des investissements à hauteur de 4 milliards d'euros, auxquels s'ajoute une allocation de 2,3 milliards d'euros sous forme de crédit d'impôt pour les zones économiques spéciales (ZES) et la reconduction du nouveau dispositif Sabatini.
Sofia TOZY, Economiste, Italie et Pays scandinaves