Zone euro – Une nouvelle hausse du taux d’épargne et une nouvelle baisse du taux de marge
- 13.10.2025
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En dépit de son ralentissement en cours depuis l’été 2023 vers un rythme plus proche de sa tendance longue, la masse salariale continue de progresser à un rythme soutenu (0,9% sur le trimestre et 4,4% sur un an). Cette dynamique soutient la croissance du revenu disponible des ménages qui accélère au T2 2025 pour le deuxième trimestre consécutif après son ralentissement en 2024 (1% après 0,9% sur le trimestre, 3,2% sur un an). En effet, les créations d’emplois sont encore positives (+0,1% sur le trimestre et 0,6% sur l’année), même si elles ralentissent. En revanche, la croissance du salaire par salarié se renforce (+0,9% sur le trimestre et 3,6% sur l’année). L’accélération des revenus de la propriété contribue à soutenir la croissance du revenu disponible. La progression de la consommation des ménages ne suit toutefois pas cette dynamique. Au rythme de 0,7% en valeur (0,1% en volume), elle permet une nouvelle hausse du taux d'épargne à 15,4%, qui se redresse progressivement après la baisse du second semestre 2024.
L’investissement des ménages poursuit son redressement pour le troisième trimestre consécutif (+1% en valeur sur le trimestre) après un an de repli et le taux d’investissement se stabilise à 9% après sa baisse quasi continue depuis l’été 2022.
Taux d’épargne élevé et taux d’investissement stabilisé permettent de garder une capacité de financement des ménages aussi élevée à 6,1% du revenu disponible. L’investissement financier se poursuit donc à un rythme de 2,5% sur un an. La croissance des crédits aux ménages accélère au rythme annuel de 2% (après 1,7%). Leur endettement diminue néanmoins en pourcentage du revenu disponible brut (RDB) à 81,5% au T2 2025, après 83,1% un an auparavant.
Bénéficiant également d'effets de valorisation positifs, la richesse – financière et non financière – progresse plus rapidement que la dette, permettant ainsi une accélération de la croissance de la richesse nette des ménages.
Les sociétés non financières voient, en revanche, leur taux de marge baisser à 39,1%, sans interruption depuis le printemps 2023. La croissance du salaire par tête (0,9% sur le trimestre) demeure supérieure à celle de la productivité (0,1%) et pousse à la hausse les coûts salariaux unitaires. L’investissement des sociétés financières a fortement reculé sur le trimestre (-1,4% en valeur), mais cela résulte principalement d’un repli de l’investissement en propriété intellectuelle en Irlande. Sur un an, l’investissement des entreprises s’inscrit néanmoins en accélération (6%). La capacité de financement se dégrade à 1,2% de la valeur ajoutée et l’endettement se poursuit à la fois par le crédit (+2,1% sur un an) et par des émissions obligataires. Le niveau de la dette en pourcentage du PIB se situe en baisse au T2 2025 à 66,5%, après 68,1% un an auparavant.
Notre opinion
Si le salaire réel par travailleur n’a fait que récupérer son niveau d’avant le choc inflationniste de 2022, le pouvoir d’achat du revenu disponible a en revanche progressé de 5,1% en termes réels depuis, à un rythme plus rapide que la consommation en volume. La hausse du taux d’épargne a été conséquente et, en dépit de sa normalisation en cours depuis son pic local du T1 2021, le taux d’épargne demeure élevé par rapport à sa moyenne historique. Il alimente une épargne financière qui ne fait qu’accroître la richesse des ménages, tandis que la part de l’endettement dans le revenu des ménages diminue. En revanche, la situation économique des entreprises se dégrade, la hausse des coûts ne pouvant plus être répercutée sur les prix de vente. Néanmoins, leur taux de marge reste conforme à la moyenne historique, tandis que le taux d'investissement demeure inférieur, permettant ainsi une réduction de l'endettement.
Article publié le 10 octobre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

Le taux d’épargne élevé alimente une épargne financière qui ne fait qu’accroître la richesse des ménages, tandis que la part de l’endettement dans le revenu des ménages diminue. En revanche, la situation économique des entreprises se dégrade, la hausse des coûts ne pouvant plus être répercutée sur les prix de vente.
Paola MONPERRUS-VERONI, Manager zone euro