France – Augmentation de la dette publique au deuxième trimestre, à près de 116% du PIB

France – Augmentation de la dette publique au deuxième trimestre, à près de 116% du PIB

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L’Insee a publié jeudi 25 septembre la dette trimestrielle au sens du traité de Maastricht des administrations publiques (APU) à la fin du deuxième trimestre 2025. Celle-ci augmente ainsi de 70,9 milliards d’euros par rapport au premier trimestre, à 3 416,3 milliards d’euros, soit 115,6%1 du PIB (après 113,9%).

Au sein des APU, c’est l’État qui explique l’essentiel de cette hausse, avec une contribution à l’évolution de la dette publique de 64,3 milliards d’euros ce trimestre. Viennent ensuite les administrations de sécurité sociale (ASSO), qui y contribuent à hauteur de 7,8 milliards d’euros. À l’inverse, la dette des organismes divers d’administration centrale (Odac) diminue de 1 milliard d’euros, et celle des administrations publiques locales (APUL) est quasi stable (-0,1 milliard d'euros).

Il est toutefois judicieux de mettre en balance la dette publique (brute), qui représente certains passifs, avec les actifs financiers correspondants détenus par les APU. En effet, la trésorerie des APU augmente ce trimestre (+16,2 milliards d’euros, surtout l’État et les ASSO), si bien que leur dette nette2 augmente moins que leur dette brute (+55,5 milliards d’euros). Elle s’établit ainsi à 3 171,5 milliards d’euros, soit 107,3% du PIB (après 106,1% du PIB à la fin du premier trimestre).

Les APU détiennent également d’autres types d’actifs financiers liquides qui n’entrent pas dans le périmètre de la dette publique nette, dont la valeur est plus volatile (très dépendante de l’évolution des marchés boursiers). Il s’agit d’actions d’entreprises cotées et de titres d’organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). Ces placements augmentent de 4,9 milliards d’euros en valeur au deuxième trimestre 2025 (du fait de l’État et des Odac), à 298,4 milliards d’euros.

Pour rappel, le gouvernement Barnier s’était engagé sur une trajectoire de réduction du déficit public sous les 3% du PIB à horizon 2029 dans le plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) envoyé à la Commission européenne l’an dernier. Cette trajectoire a depuis (déjà) été révisée par le gouvernement Bayrou, avec une prévision de déficit public prévu pour 2025 plus élevée dans le rapport d’avancement annuel (RAA) d’avril dernier, mais l’objectif du passage du déficit public sous les 3% du PIB en 2029 a été conservé. Cette trajectoire, qui paraît aujourd’hui très optimiste, aboutissait à un ratio de dette publique en hausse jusqu’en 2027, à plus de 118% du PIB, avant de décroître légèrement. Les derniers développements politiques, avec la nécessaire révision à la hausse du déficit public prévu pour 2026, se traduiront par un allongement du délai de réduction du déficit public sous les 3% du PIB. La stabilisation du ratio de dette sera ainsi plus lointaine, et celui-ci atteindra un niveau sensiblement plus élevé que prévu dans le RAA.

Notre opinion

La publication de la dette publique du deuxième trimestre ramène à la réalité de la dégradation de nos finances publiques, dans un contexte de calendrier très serré pour le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu pour présenter un projet de loi de finances qui pourrait être promulgué avant la fin de l’année. Il reste à savoir si les décideurs politiques l’entendront, alors que le débat semble s’être cristallisé sur certaines mesures, comme la taxation du patrimoine des plus riches ou l’âge de départ à la retraite, et qu’un compromis politique avec le parti socialiste semble difficile à trouver. Le texte doit en effet être transmis à l’Assemblée au plus tard le 13 octobre. 

Nul doute que la promesse faite à la Commission européenne de ramener le déficit public à 4,6% du PIB l’an prochain ne sera pas tenue, mais il s’agirait a minima d’échapper à un nouveau dérapage incontrôlé du déficit public. Les dépenses publiques ont en effet tendance à augmenter plus vite que les recettes, en lien notamment avec la hausse des dépenses de retraite et de santé, ainsi que de la charge de la dette ; la nécessité d’augmenter nos dépenses en défense est, en outre, désormais consensuelle. En somme, rien ne sert de reculer pour mieux sauter, comme nous avons collectivement pu le faire, déjà, depuis trop longtemps (le dernier excédent budgétaire remonte à 1974…).

  1. Il s’agit d’une approximation. En effet, pour calculer la dette publique en points de PIB en fin d’année, c’est le PIB annuel en données brutes (non corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables) qui est utilisé. Or, cette mesure n’existe pas en cours d’année, c’est donc le cumul du PIB trimestriel CVS-CJO sur les quatre derniers trimestres connus qui est utilisé.
  2. La dette nette est obtenue en retranchant les dépôts (trésorerie), les crédits, et les titres de créances négociables que les APU détiennent sur les autres acteurs.

Article publié le 26 septembre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

France – Augmentation de la dette publique au deuxième trimestre, à près de 116% du PIB

Nul doute que la promesse faite à la Commission européenne de ramener le déficit public à 4,6% du PIB l’an prochain ne sera pas tenue, mais il s’agirait a minima d’échapper à un nouveau dérapage incontrôlé du déficit public. Les dépenses publiques ont en effet tendance à augmenter plus vite que les recettes, en lien notamment avec la hausse des dépenses de retraite et de santé, ainsi que de la charge de la dette ; la nécessité d’augmenter nos dépenses en défense est, en outre, désormais consensuelle.

Marianne PICARD, Economiste - France