1. Les marchés financiers à l’épreuve d’une société toujours plus duale ?
2. Union européenne : l’excédent commercial vis-à-vis des États-Unis en recul au T3 2025
3. France : confirmation de la forte croissance de l’activité au troisième trimestre, l’emploi résiste
4. Italie : une révision à la hausse de la croissance du T3
5. Espagne : le marché de l’immobilier résidentiel toujours porteur
6. Royaume-Uni : budget de l’automne 2025, la cigale ou la fourmi ?
7. Inde : New Delhi dans le brouillard
Les marchés financiers à l’épreuve d’une société toujours plus duale ? Union européenne : l’excédent commercial vis-à-vis des États-Unis en recul au T3 2025. France : confirmation de la forte croissance de l’activité au troisième trimestre, l’emploi résiste. Italie : une révision à la hausse de la croissance du T3. Espagne : le marché de l’immobilier résidentiel toujours porteur. Royaume-Uni : budget de l’automne 2025, la cigale ou la fourmi ? Inde : New Delhi dans le brouillard.
Marchés – Les marchés financiers à l’épreuve d’une société toujours plus duale ?
Les analystes financiers semblent déceler dans la croissance américaine actuelle plusieurs signaux évoquant une évolution en forme de « K » susceptible de compliquer les décisions de politique monétaire de la Réserve fédérale. Ce schéma traduit une dissociation des trajectoires économiques selon le patrimoine des agents. Alors que la branche montante du K illustre une croissance sensible de l’enrichissement d’une faible partie de la population ou de certains secteurs, la branche descendante représente, quant à elle, l’appauvrissement d’autres groupes. Cette analogie tire ses fondements de l’analyse de la distribution de la consommation des ménages américains selon le niveau de richesse. En effet, les données de l’enquête sur les dépenses de consommation du BLS soulignent que les 20% les plus riches concentrent 40% de la consommation totale alors que les 20% les plus pauvres n’en représentent que 9%, une tendance qui semble perdurer. Parallèlement, les statistiques de la Fed indiquent un renforcement de la richesse détenue par les 10% les plus aisés au deuxième trimestre 2025. Ces ménages aisés sont présumés contribuer à une part croissante de l’activité économique à travers leurs dépenses : une hypothèse néanmoins plutôt optimiste car, à partir d’un certain niveau de richesse, le supplément de revenu et/ou effet de richesse favorable peuvent ne pas susciter de surcroît substantiel de consommation ou d’investissement. A contrario, lestés par la stagnation des revenus réels et leur niveau d’endettement, les ménages les plus modestes sont susceptibles de voir leur consommation très contrainte.
Cette dualité, exacerbée par l’envolée des cours des valeurs technologiques, rend l’économie américaine particulièrement vulnérable à un choc sur les marchés financiers, nourrissant ainsi la crainte d’une correction des marchés la semaine dernière. Elle complique également les décisions de politique monétaire car les secteurs porteurs de croissance (grandes entreprises technologiques) sont susceptibles de générer de l’inflation, tandis que les secteurs en difficulté seraient davantage menacés par la hausse du chômage. Une baisse des taux d’intérêt pour soutenir l’emploi pourrait soutenir les marchés actions et stimuler l’inflation dans les secteurs de la « nouvelle économie », tandis qu’une hausse des taux contiendrait l’inflation, mais pénaliserait les secteurs traditionnels en difficulté.
Du point de vue des données macroéconomiques, les ventes au détail américaines ont très faiblement augmenté sur un mois (+0,2% en septembre après +0,6% en août). Cette progression s’explique principalement par l’augmentation des prix de vente. Les ventes hors automobiles, essence, matériaux de construction et services hors restauration, indicateur clé de la consommation, se contractent. En rythme annuel, les ventes au détail ont progressé de 4,3%, après 5% précédemment.
Les dépenses sont principalement tirées par les hauts revenus, tandis que les revenus moyens et faibles sont davantage contraints d’arbitrer sur les biens de première nécessité.
Le nombre de nouvelles demandes d'allocations chômage a baissé de 6 000 sur la semaine, s'établissant à 216 000, ce qui confirme la faiblesse persistante des licenciements dans un contexte où la création d'emplois reste morose. Les politiques commerciales et migratoires du président Trump semblent avoir suscité des comportements d’attentisme chez les entreprises, qui se montrent réticentes aussi bien à recruter qu'à réduire leurs effectifs, bien que les anticipations sur le marché du travail restent négatives. Cette dépression du marché du travail, avec un taux de chômage faible mais au plus haut depuis quatre ans (4,4% en septembre), semble commencer à pénaliser la consommation. De plus, l’indice des prix à la production a augmenté de 2,7% en rythme annuel en septembre, après 2,6% le mois précédent, tiré par les produits énergétiques et les biens, tandis que les prix des services sont restés stables : cela suggère une inflation plus résistante qu’il n’est souhaitable à ce stade du cycle alors que ventes au détail atones et marché du travail sous pression signalent un fléchissement de la demande.
Malgré l’inflation, ces signes de ralentissement de la croissance suggèrent aux investisseurs qu’une baisse des taux de la Fed de 25 points de base lors de sa réunion de décembre serait tout à fait envisageable (probabilité de 85%). Par ailleurs, le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a indiqué que le processus de sélection du nouveau président de la Fed était bien avancé, et qu’une nomination pourrait avoir lieu d’ici Noël.
En zone euro, l’indicateur de confiance économique a faiblement progressé au mois de novembre, passant de 96,8 points à 97 points, signalant une croissance continue mais modeste. L’indice de confiance dans l’industrie enregistre un nouveau repli alors que la confiance des consommateurs reste inchangée. Les secteurs de la construction et des services ont enregistré une hausse significative, tirant l’indice global à la hausse. Par ailleurs, la réduction des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, actée par l’accord commercial entre les États-Unis et l’Union européenne en juillet dernier, pourrait être remise en cause ou du moins retardée. Les États-Unis conditionnent en effet ces allégements à une révision préalable des règles encadrant les services numériques européens. Le bras de fer commercial semble donc durer plus longtemps que prévu.
Les marchés actions mondiaux se sont redressés cette semaine, le S&P500 a progressé de 3,2% et l’Euro Stoxx 50 de 2,3%, mais restent en baisse sur un mois. Sur les marchés obligataires, les rendements des obligations souveraines à 10 ans américaine et allemande ont légèrement baissé dans la perspective très attendue d’une baisse des taux de la Réserve fédérale en décembre. Les primes de risque française et italienne face au Bund allemand se sont resserrées. L’euro s’est légèrement apprécié face au dollar (+0,6%). Enfin, le prix du baril de pétrole en mer du Nord a augmenté de 1,6%.