Moyen-Orient - Afrique du Nord – un peu plus de croissance et un peu moins d’inflation en 2024

Moyen-Orient - Afrique du Nord – un peu plus de croissance et un peu moins d’inflation en 2024

Lire l'article

La région Moyen-Orient et Afrique du Nord devrait croître un peu plus vite en 2024 qu’en 2023 et l’inflation devrait s’apaiser dans la plupart des pays. Les prévisions de croissance de l’activité s’établissent en moyenne à 3,1% en 2024, une légère accélération par rapport à 2023 où elle devrait atteindre 2%, selon les dernières estimations. 

La raison principale est la probable accélération des productions d’hydrocarbures et donc la hausse en 2024 des PIB pétroliers dans les pays producteurs. 

Effectivement, afin d’enrayer la chute du prix, les pays de l’OPEP+, mais surtout l’Arabie saoudite, ont plafonné la production de pétrole en 2023 et cette mesure a permis d’enrayer en partie la chute du prix des hydrocarbures. Le prix du pétrole s’est établit à 83 dollars le baril en moyenne depuis le début de l’année 2023. La contraction des PIB pétroliers observée cette année ne devrait donc pas se reproduire en 2024.

Au total, la croissance du PIB des pays pétroliers du CCG devrait accélérer entre 2,6% et 3,7% selon les pays et s’établir à une moyenne de 3,2% en 2024. Une tendance qui va aussi se matérialiser dans les autres pays producteurs que sont l’Algérie, l’Irak et l’Iran.

La croissance des PIB non pétroliers devrait aussi continuer de rester assez soutenue dans les principales économies en cours de diversification économique que sont les Émirats et l’Arabie saoudite (entre 3% et 5%). Ce sont d’ailleurs les Émirats, le pays qui a engagé de la façon la plus volontariste sa diversification économique, qui devrait connaître le meilleur taux de croissance du PIB à 3,7% en 2024.

Pour les pays non producteurs, la croissance du PIB en 2024 va être assez contrastée. Elle devrait également s’orienter en très légère hausse par rapport à 2023, entre 2,1% et 4,2%. Elle devrait rester relativement stable pour la plupart des pays et le Liban pourrait enfin sortir en 2024 de sa longue récession historique qui aura duré six années consécutives.

Pour l’ensemble de la région, l’inflation devrait s’apaiser à 7,4% en moyenne en 2024 après la douloureuse année 2023 à plus de 11% en raison de dérives des prix dans certains pays comme l’Égypte (32%), l’Iran (45%) et le Liban (estimé à 225%) L’inflation va diminuer à 2,2% en moyenne dans les pays producteurs de pétrole du CCG, un taux assez proche de 2023. Le prix toujours assez élevé des matières premières et des produits de consommation importés va continuer de mettre sous pression les pays importateurs, mais de façon plus modérée. L’inflation restera assez élevée en Tunisie et en Algérie – autour de 6% –, tandis qu’elle devrait rester assez contenue en Jordanie (2,5%) et va diminuer au Maroc à 3%. Les prévisions d’inflation en Égypte sont difficiles à établir, car elles dépendent de l’ampleur de dévaluation de la livre attendue en 2024, ce qui va provoquer, comme en 2023, le phénomène d’inflation importée. Notre prévision s’établit à 21,5%. Cette légère baisse de l’inflation dans la région va sans doute donner un regain à la consommation des ménages.

Article publié le 24 novembre 2023 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

Moyen-Orient - Afrique du Nord – un peu plus de croissance et un peu moins d’inflation en 2024

L’environnement géopolitique est bien évidemment porteur de lourdes incertitudes en fonction de l’extension ou non du conflit à Gaza. L’impact sur la croissance régionale semble très modéré à ce stade, mais les risques sont à la baisse en cas de dérive du risque géopolitique.

Olivier LE CABELLEC, Economiste