France – Le taux de chômage diminue légèrement au quatrième trimestre 2024, à 7,3%

France – Le taux de chômage diminue légèrement au quatrième trimestre 2024, à 7,3%

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L'Insee a publié les données de chômage pour le dernier trimestre de l'année 2024. Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) diminue très légèrement, à 7,3% pour la France hors Mayotte (-0,1 point), soit proche du point bas de 7,1% qui avait été enregistré au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre 2023. Le nombre de chômeurs s'établit donc à 2,3 millions, soit 63 000 de moins qu'au trimestre précédent. Cette baisse vient à contre-courant de la forte hausse du nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A recensés par la Dares ce trimestre (+3,9%). Cette différence s'explique en partie par une définition différente du chômage. Un chômeur au sens du BIT est une personne de quinze ans ou plus sans emploi au cours de la semaine de référence, disponible pour travailler dans les deux semaines, et surtout, qui a activement recherché un emploi au cours des quatre dernières semaines (ou trouvé un emploi qui commence dans les trois prochains mois). Il ne suffit donc pas d'être inscrit sur les listes de France Travail.

Dans le détail, le taux de chômage des 15-24 ans baisse plus sensiblement, de 0,8 point (après +2 points), mais il reste élevé (19%), supérieur de 1,4 point à son niveau d'un an auparavant. Quant à celui des 25-49 ans, il diminue timidement, à 6,5% (-0,1 point sur le trimestre, et -0,5 point sur un an), tandis que le taux de chômage des plus de 50 ans rebondit très légèrement à 4,8% (+0,1 point après -0,3 point). Enfin, la baisse est un peu moins marquée pour les femmes (-0,1 point, à 7,1%) que pour les hommes (-0,2 point, à 7,5%).

Le taux d'emploi1 se replie également (-0,2 point, à 68,9%), et ce en particulier pour les jeunes (-0,7 point sur le trimestre, et -1,6 point sur un an, à 33,7%), après une période de hausse portée par celle de l'apprentissage. Le taux d'emploi des 15-24 ans reste toutefois nettement supérieur à son niveau pré-Covid (29,8%). Pour les autres tranches d'âge, le taux d'emploi se stabilise au quatrième trimestre 2024.

Certains indicateurs complémentaires viennent assombrir le tableau. En effet, si le taux de chômage a légèrement diminué par rapport au troisième trimestre, le "halo autour du chômage", qui désigne les personnes souhaitant trouver un emploi sans en rechercher activement un, ou pas disponibles rapidement, s'est quant à lui étendu. Ce dernier atteint ainsi la barre des 2 millions de personnes, en forte hausse à la fois sur le trimestre (+138 000), et sur un an (+93 000). En particulier, la part du halo augmente très fortement pour les plus jeunes (+1,2 point, après -0,7%), atteignant pour les 15-24 ans son plus haut niveau depuis que l'Insee le mesure (2003). Par ailleurs, le taux d'emploi en CDI se rétracte légèrement, à 50,8% (-0,3 point), mais reste à un niveau similaire à celui d'un an auparavant. En outre, la part des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études (NEET) rebondit de 0,7 point (après -0,4 point). Cette dernière s'établit donc à 12,8%, soit au-dessus de son niveau de fin 2019 (+0,6 point).

A contrario, certains indicateurs affichent plutôt une bonne tenue. C'est le cas du sous-emploi, qui caractérise les personnes désireuses de travailler davantage : il reste quasi-stable et représente 4,4% des personnes en emploi, soit 1,5 point de moins qu'avant la pandémie. La part du temps partiel dans l'emploi est d'ailleurs stable, à 17,6%, en-deçà de son niveau du quatrième trimestre 2019 de 1,2 point. Par ailleurs, le taux de chômage de longue durée est stable et demeure inférieur de 0,5 point à son niveau pré-Covid, à 1,7%.

Notre opinion – Nous avions prévu une légère hausse du taux de chômage en fin d'année 2024 dans notre dernier scénario pour la France. Le taux de chômage a finalement légèrement diminué, même si cette baisse se fait un peu en trompe-l'œil, puisqu'elle s'accompagne d'une baisse du taux d'activité2, et d'une hausse du halo autour du chômage, en particulier chez les jeunes, surtout ceux encore en études d'après l'Insee. Une partie de ces derniers, comptabilisés jusque-là comme chômeurs (au sens du BIT), pourrait donc avoir quitté la population active, notamment parce qu'ils n'effectuent plus de démarche active de recherche d'emploi, même si l'Insee précise que la hausse du halo "résulte surtout de transitions en provenance de l'inactivité hors halo".

La légère baisse du taux de chômage au quatrième trimestre 2024 ne remet en tout cas pas en cause le diagnostic d'un marché du travail en ralentissement sensible (l'emploi salarié privé s'est légèrement replié sur les trois derniers mois de 2024, de -0,2% d'après l'estimation flash de l'Insee), et l'anticipation d'une hausse à venir du taux de chômage dans les prochains trimestres. Nous estimons en effet que le taux de chômage pour la France hors Mayotte devrait augmenter et pourrait s'établir à 7,7% en moyenne en 2025, et à 7,8% en fin d'année, avant de se stabiliser en 2026. Ce niveau resterait toutefois bien inférieur à celui de la décennie 2010 (9,6% en moyenne sur la période).

Article publié le 14 février 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

1 Le taux d'emploi est la part des personnes en emploi dans la population, ici celle en âge de travailler (15-64 ans).

2 Le taux d’activité est la part des actifs (personnes en emploi ou au chômage) dans la population (ici en âge de travailler). Il a eu tendance à augmenter sur la période récente, sous l’impulsion notamment de celui des seniors.

France – Le taux de chômage diminue légèrement au quatrième trimestre 2024, à 7,3%

Nous avions prévu une légère hausse du taux de chômage en fin d'année 2024 dans notre dernier scénario pour la France. Le taux de chômage a finalement légèrement diminué, même si cette baisse se fait un peu en trompe-l'œil, puisqu'elle s'accompagne d'une baisse du taux d'activité, et d'une hausse du halo autour du chômage, en particulier chez les jeunes, surtout ceux encore en études d'après l'Insee. Une partie de ces derniers, comptabilisés jusque-là comme chômeurs (au sens du BIT), pourrait donc avoir quitté la population active, notamment parce qu'ils n'effectuent plus de démarche active de recherche d'emploi, même si l'Insee précise que la hausse du halo "résulte surtout de transitions en provenance de l'inactivité hors halo".

Marianne PICARD & Simon SEINCE (stagiaire), Economistes - France