Énergies renouvelables – 2024, une année marquée par le ralentissement de l'éolien terrestre contrairement à l'éolien flottant qui retrouve espoir
- 25.03.2025
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L'année 2024 s'est révélée être une année mitigée pour l'éolien terrestre qui a connu un recul de -1,2% en capacité de production et -13% dans la production d'électricité renouvelable français.
Contrairement à l'année 2023, les énergies renouvelables ont dans l'ensemble poursuivi leur croissance mais marquée par des disparités entre les technologies. Fin 2024, le parc de production d'électricité renouvelable a progressé de +4,53 GW (+6,5%), en recul par rapport à 2023 qui a connu une progression de +7,2 GW. Ce recul a été marqué par une maigre année pour l'éolien terrestre avec 73 nouveaux projets contre 95 en 2023, soit une capacité de 1,1 GW contre 1,2 GW. De même, la filière des bioénergies a connu un recul de -3,8% avec une capacité de 2,25 GW contre 2,34 GW en 2023. Par ailleurs, la filière éolienne flottante a connu ses premières attributions commerciales avec 750 MW de capacités lors des AO5 et AO6.
L'augmentation de l'offre électrique se poursuit en 2024 avec des niveaux proches de la période post-Covid
Fin 2024, la production électrique française a poursuivi sa hausse avec 536,5 TWh contre 474,9 TWh en 2023. Celle-ci a été possible grâce au nucléaire qui continue d'asseoir son retour avec 361,7 TWh (+13,6%) et par une production exceptionnelle de la filière hydraulique avec 74,7 TWh (+27%). Renchérie par les autres technologies renouvelables avec 80 TWh, la production électrique décarbonée a ainsi atteint 96,3% de la production totale. De même, les exportations nettes se sont établies à 89 TWh dépassant ainsi le record historique de 77 TWh de 2002.
Le retour du débat entre le nucléaire et les renouvelables
Le retour du parc nucléaire relance le débat entre l'atome et les renouvelables. Si le projet de loi de finances pour 2025 n'est à ce jour toujours pas connu, entraînant ainsi une instabilité, la volonté des politiques demeure toutefois intangible quant à la réduction du budget. Ainsi, l'environnement des renouvelables en France bien qu'étant toujours favorable comme le souligne la nouvelle PEE (PPE3), dont la publication est attendue pour ce S1 2025, et qui rehausse les objectifs solaires (54-60 GW contre 35-44 pour la PPE2) à horizon 2030, les EnR risquent de connaître une année 2025 similaire à 2024 avec toutefois un léger retour de la filière éolienne portée par l'éolien terrestre. +5,9 GW de nouvelles capacités renouvelables sont ainsi attendues. Par ailleurs, la menace de la réduction du budget pour l'écologie sera à suivre avec intérêt car celle-ci aura un impact sur la filière renouvelable française.
Le NZIA, une entrée en vigueur qui va bousculer la filière renouvelable
La commission européenne a publié le 28 juin dernier son NZIA, un règlement visant à satisfaire 40% de ses besoins en technologies propres (le solaire, l'éolien, le biogaz, …) d'ici à 2030 et à atteindre 15% de la production mondiale d'ici à 2040. Ce règlement promet un cadre législatif qui précise les délais d'octroi de permis de construire pour les projets de production dits Net Zero à 12 et 18 mois respectivement pour les capacités inférieures et supérieures à 1 GW/an, contre une moyenne de 30 mois pour les projets éoliens. De plus, ce règlement apporte la garantie de la simplification des procédures administratives. Ainsi, ces nouvelles mesures dès lors qu'elles seront concrètement appliquées viendront soutenir l'Europe dans sa stratégie EnR.
Vers le durcissement voire la fin de l'IRA américain, une opportunité pour la filière renouvelable européenne
Le retour de Donald Trump, avec son discours sur l'avenir incertain de l'IRA ainsi que sa position défavorable vis-à-vis des énergies renouvelables, semble rebattre les cartes sur l'échiquier mondial. Ainsi, l'éventualité d'un démantèlement de l'IRA ou la réaffectation des fonds destinés aux EnR vers d'autres besoins pourraient limiter l'engouement des développeurs pour les États-Unis.
L'Europe avec son NZIA, une réponse à l'IRA, se positionnera comme une destination de choix notamment du fait des conditions favorables que celle-ci continue de mettre en place. Par conséquent, l'Europe et son littoral pourraient attirer les développeurs. À ce jour, 10 GW à 11 GW de capacité éolienne étaient en projet aux États-Unis dont 4 GW à échéance 2025.
En bref
Après des années de croissance pour les renouvelables, l'année 2024 a été jalonnée par un ralentissement de certaines technologies. Pour poursuivre l'ambition NZE et l'atteinte des objectifs PEE, les énergies renouvelables devront continuer leur croissance en 2025. Cette croissance devra être soutenue et favorisée par l'État, notamment en ce qui concerne les mesures d'accompagnement, d'incitation et de complémentarité avec le nucléaire.
Chiffres clés :
75 GW : parc utilisé pour la production d'électricité renouvelable en France en 2024 (hydraulique inclus).
+6 GW : croissance attendue du parc de production d'électricité renouvelable en France en 2025 (hydraulique inclus)
112 GW : parc de production d'électricité renouvelable attendue en France en 2030 (hydraulique inclus)
Glossaire :
EnR : énergies renouvelables / MWh/GWh/TWh : mégawattheure, gigawattheure, térawattheure / MW/GW : mégawatt, gigawatt
PPE : programmation pluriannuelle de l'énergie / NZIA : Net Zero Industry Act / NZE : Net Zero Emission
IRA : Inflation Reduction Act / AO : appel d'offres
Article paru dans la publication annuelle ECO Tour 2025, le 17 février 2025

Après des années de croissance pour les renouvelables, l'année 2024 a été jalonnée par un ralentissement de certaines technologies. Pour poursuivre l'ambition NZE et l'atteinte des objectifs PEE, les énergies renouvelables devront continuer leur croissance en 2025. Cette croissance devra être soutenue et favorisée par l'État, notamment en ce qui concerne les mesures d'accompagnement, d'incitation et de complémentarité avec le nucléaire.
Morifing BAMBA, Ingénieur-conseil Énergie