Europe – Scénario 2025-2026 : des vents contraires se calment, d’autres se lèvent
- 20.10.2025
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- Éditorial
- Zone euro – Un stress de résilience jusqu’ici réussi
- France – L’instabilité politique s’installe, l’activité résiste
- Italie – Une résilience en trompe l'œil
- Espagne – La croissance refuse de ralentir
- Royaume-Uni – Nouvelle austérité budgétaire en perspective
En résumé
Dans le contexte d’une croissance mondiale jusque-là surprenante par sa résistance, les économies d’Europe occidentale font preuve de résilience, progressant néanmoins à des rythmes divers. Les économies du cœur de la zone euro, et notamment l’Allemagne, affichent une croissance au mieux poussive, tandis que les économies ibériques sont soutenues par une forte dynamique de la consommation privée et de l’investissement, ce dernier s’appuyant sur les fonds du plan européen pour la reprise et la résilience. Au Royaume-Uni, la croissance a réalisé la meilleure performance parmi les pays du G7 au premier semestre, mais avec une consommation privée en modeste progression et un investissement en repli. Le rythme de croissance s’est nettement infléchi depuis la pandémie et l’économie britannique n’a jamais retrouvé ni le niveau tendanciel du PIB, ni son taux de croissance. En revanche, la zone euro a désormais récupéré la croissance perdue lors du choc de la Covid et son rythme de croissance a bien retrouvé le rythme potentiel (plus faible) d’avant la pandémie.
Ce rythme est assuré grâce au dynamisme de l’offre de travail, qui rencontre encore une demande en dépit du ralentissement du cycle. La résilience de l’emploi est essentielle pour le maintien de cette narration d’optimisme prudent. Ce dernier est néanmoins soutenu dans la zone euro par une orientation plus favorable des politiques économiques et par la reprise du cycle du crédit qui alimente le redémarrage de l’investissement. En revanche, au Royaume-Uni, la persistance d’une inflation élevée oblige la banque centrale à arrêter son processus d’assouplissement, alors même que la politique budgétaire devient plus restrictive et le taux de chômage est prévu en hausse.
Les risques pesant sur notre scénario d’accélération de la croissance dans la zone euro et de ralentissement modéré au Royaume-Uni sont orientés à la baisse. Si l’UE et le Royaume-Uni ont profité des meilleures conditions parmi les nouvelles conditions tarifaires imposées par les États-Unis à ses partenaires commerciaux, elles restent néanmoins pénalisantes et l’incertitude quant à la future relation avec les États-Unis n’est pas levée, la confrontation avec l’administration Trump étant hybride et polymorphe, et pouvant encore se déployer sur d’autres fronts (IDE, services numériques, stabilité financière, défense). Par ailleurs, le risque de détournement des flux de commerce chinois du continent américain vers l’Europe s’impose comme la principale menace déflationniste pour le continent.
Zone euro – Un stress de résilience jusqu’ici réussi
Malgré la frilosité de la consommation et un environnement extérieur plus défavorable, la reprise de la zone euro se poursuit. L’investissement serait le moteur de l’accélération de la croissance, porté par les fonds européens, les dépenses en défense et la dépense publique allemande.
Paola MONPERRUS-VERONI – Manager zone euro
France – L’instabilité politique s’installe, l’activité résiste
La croissance a surpris à la hausse au deuxième trimestre 2025 et l’activité devrait continuer de progresser modérément au deuxième semestre. Malgré de possibles effets d’attentisme générés par l’incertitude sur le comportement des agents privés, l’activité accélèrerait en rythme annuel en 2026. L’accélération de l’activité serait portée par les retombées des mesures publiques allemandes et de la hausse des dépenses en défense dans l’Union européenne, mais aussi par l’accélération de la consommation privée et le redémarrage de l’investissement des entreprises au niveau domestique.
Marianne PICARD – Économiste France
Italie – Une résilience en trompe l'œil
Dans un contexte international toujours incertain, l'économie italienne peine à retrouver son élan. La croissance est revue à la baisse pour 2025, reflétant l'impact croissant des mesures tarifaires américaines sur les exportations. Malgré la persistance des difficultés dans le secteur industriel, l'investissement reste étonnamment résilient en 2025. La consommation demeure le maillon faible, pénalisée par un marché du travail moins dynamique et un pouvoir d'achat encore sous pression. Pour 2026, nous anticipons une légère accélération de la croissance, qui bénéficiera entre autres des retombées positives des mesures fiscales allemandes, dont les effets d'entraînement soutiendront progressivement l'activité économique italienne.
Sofia TOZY – Économiste Italie, pays scandinaves
Espagne – La croissance refuse de ralentir
La hausse des coûts salariaux, l’inflation contenue par la baisse des marges et la modération progressive de l’investissement public définissent le nouveau cadre conjoncturel espagnol. La demande intérieure reste le principal moteur de l’activité, soutenue par la résilience de la consommation privée et le dynamisme de l’investissement résidentiel et productif, alors que la consommation publique conserve un profil de croissance modérée. La demande extérieure, affaiblie par le ralentissement du commerce mondial et le tassement des exportations de biens, limitera sa contribution au PIB, malgré la solidité persistante des services. L’économie espagnole entre ainsi dans une phase de croissance plus en ligne avec son potentiel, marquée par une normalisation graduelle des rythmes d’expansion.
Ticiano BRUNELLO – Économiste Espagne, Portugal, Grèce
Royaume-Uni – Nouvelle austérité budgétaire en perspective
Après un premier semestre de croissance relativement forte, l’économie britannique va perdre de vitesse. La croissance de la consommation des ménages est faible et ses fondamentaux seront moins favorables à l’avenir. Les ménages devront compter davantage sur leur épargne afin de maintenir les dépenses. Le marché du travail se détériore et est donc moins propice aux augmentations des salaires. Le gouvernement doit annoncer de nouvelles hausses d’impôts et de taxes à l’automne. Le contexte demeure inflationniste et la BoE s’inquiète de la hausse des anticipations d’inflation des ménages. Les baisses de taux futures pourraient attendre.
Slavena NAZAROVA – Économiste Royaume-Uni, États-Unis

Si les vents contraires qui s’estompent ont pesé sur la demande intérieure, les nouveaux obstacles affectent davantage la demande étrangère.
Paola MONPERRUS-VERONI, Manager zone euro