France – Petit résumé des indicateurs économiques de l’été
- 09.09.2025
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Après notre pause estivale et à l’occasion de la rentrée scolaire, nous vous proposons un petit rattrapage avec le récapitulatif des principales informations économiques parues durant l’été. Fin juillet, nous avions réalisé une publication à l’occasion de la parution de la première estimation des comptes nationaux trimestriels du deuxième trimestre. Depuis, l’Insee a publié les résultats détaillés de ces comptes le 29 août : des détails sur l’emploi et les comptes des secteurs institutionnels ont à ce titre été révélés. Les résultats provisoires de l’inflation d’août ont également été communiqués à cette même date, tout comme les dépenses de consommation des ménages en biens du mois de juillet. Plus tôt au mois d’août, le taux de chômage du deuxième trimestre avait aussi été dévoilé. Les enquêtes de conjoncture parues cet été nous renseignent par ailleurs sur l’état d’esprit des entreprises et des ménages (avant l’annonce du vote de confiance).
Dans ses résultats détaillés (RD) des comptes nationaux, l’Insee a confirmé que l’activité économique avait bien accéléré à +0,3% (t/t) au deuxième trimestre 2025, après +0,1% au premier trimestre. Cette accélération est toutefois en demi-teinte, puisque c’est un phénomène de restockage qui l’a portée. L’acquis de croissance à l’issue du deuxième trimestre s’élève à 0,6% pour l’année 2025.
Par rapport à la première estimation (PE) publiée fin juillet, la contribution à la croissance de la demande intérieure finale hors stocks est révisée légèrement à la hausse (de 0,0 à +0,1 point), malgré une légère révision à la baisse de l’évolution de la consommation des ménages (qui stagne finalement, contre une légère progression de 0,1% dans la PE). En effet, l’évolution de l’investissement est révisée à la hausse (+0,2 point, à -0,1%), une révision qui provient à la fois de la formation brute de capital fixe des entreprises non financières et de celle des administrations publiques (APU), tandis que la progression de celle des ménages n’est en revanche pas révisée. En outre, les dépenses de consommation des APU ont finalement été un peu plus dynamiques qu’initialement estimé (+0,4%, contre +0,2% dans la PE).
La contribution du commerce extérieur à la croissance est révisée en légère baisse (-0,1 point, à -0,3 point), l’évolution des importations (+0,5 point, à 1,3%) ayant été davantage révisée à la hausse que celle des exportations (+0,3 point, à +0,5%).
La contribution des variations de stocks à la croissance n’est pas révisée, à 0,5 point. Cette contribution provient des matériels de transport (aéronautique surtout, et automobile). Elle pourrait se traduire par un contrecoup les trimestres suivants, avec un impact alors négatif sur la croissance.
Les comptes nationaux trimestriels font état d’une stabilisation de l’emploi total au deuxième trimestre 2025 (0%) après la baisse des deux trimestres précédents (-0,1% au quatrième trimestre 2024 et 0,3% au premier trimestre 2025). Le nombre total d’heures travaillées est en repli pour le troisième trimestre consécutif (-0,2% après -0,4%). L’évolution de l’emploi et des heures travaillées, couplée à une progression de l’activité, se traduit par un redressement de la productivité du travail.
Le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) est d’ailleurs resté stable pour la France (hors Mayotte) au deuxième trimestre, à 7,5% de la population active (et à 7,3% pour la France métropolitaine), une information révélée par l’Insee au cœur de l’été (le 8 août). Le taux de chômage est certes supérieur à son point bas du tournant des années 2022 et 2023 (7,1%), mais il reste très inférieur au niveau atteint lors de la décennie 2010 (9,6% en moyenne).
Avec la publication des RD du deuxième trimestre, des éléments sur les secteurs institutionnels ont été dévoilés. Le revenu disponible brut des ménages (RDB) a ainsi ralenti en termes nominaux au deuxième trimestre 2025 (+0,3% t/t après +0,6% au premier trimestre), mais il a accéléré en termes réels (+0,4% après +0,1%), compte tenu du léger repli du prix de la consommation des ménages (au sens du déflateur). Compte tenu d’un pouvoir d’achat en hausse et d’une consommation atone en volume, le taux d’épargne des ménages a de nouveau augmenté, à 18,9% (après 18,6% le trimestre précédent).
Le taux de marge des sociétés non financières (SNF) a de nouveau légèrement diminué au deuxième trimestre 2025, à 30,7% (après 31,4% au premier trimestre), sous l’effet de la hausse des salaires et des cotisations employeurs. Les gains de productivité modèrent toutefois son repli, et celui-ci se situe à un niveau très proche de son niveau d’avant la crise sanitaire (entre 2015 et 2019).
L’inflation a légèrement diminué en août 2025, à 0,9% en glissement annuel au sens de l’indice des prix à la consommation (IPC), après 1% en juillet, selon les résultats provisoires de l’Insee. L’inflation des services a reflué à 2,1% sur un an après une hausse à 2,5% en juillet. Les prix de l’alimentation ont accéléré depuis le début de l’année 2025, et ils se sont établis en hausse de 1,6% sur un an en août (comme en juillet). Sur un an, les prix des produits manufacturés étaient en légère baisse (-0,3%), et ceux de l’énergie en diminution de 6,2% en août.
Au sens de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui permet la comparaison des taux d’inflation entre les différents pays européens, l’inflation s’est établie en légère baisse également, à 0,8% en août (après 0,9% en juillet). L’inflation française est actuellement l’une des plus faibles de la zone euro (après Chypre, -0,1%).
Cette inflation actuellement faible ne s’est pas traduite par une hausse de la consommation des ménages en biens en juillet, au contraire : celle-ci a diminué de 0,3% sur le mois (en volume), après une hausse de 0,4% en juin. Dans le détail, cette diminution s’explique par la consommation d’énergie, en baisse de 1,7% par rapport à juin (cvs-cjo ), avec un repli de celle en produits pétroliers, en particulier en gazole, ainsi qu’en électricité. La consommation alimentaire (0,0% après -1,2%) et celle en biens fabriqués (0,0% après +0,4%) sont restées stables.
Du côté des enquêtes de conjoncture, la Banque de France estime, dans son enquête mensuelle publiée début août, que l’activité a continué de progresser substantiellement en juillet dans l’industrie et le bâtiment, et de manière plus modérée dans les services marchands. Les chefs d’entreprises anticipent une progression de l’activité en août dans l’industrie et le bâtiment, et une stabilisation dans les services. Sur cette base, l’institution considère que l’activité au troisième trimestre devrait augmenter à un rythme similaire à celui du trimestre précédent (soit +0,3%). Le climat des affaires publié par l’Insee s’est maintenu à 96 en août. Il demeure ainsi au même niveau depuis juin, un niveau inférieur à sa moyenne de long terme (100), mais compatible avec une croissance faible voire modérée de l’activité.
En revanche, le climat de l’emploi a diminué pour le deuxième mois consécutif, avec une baisse à 95 en août (-1 point après -2 points). Ce dernier s’était toutefois relevé de 4 points en juin, et reste donc supérieur à son niveau de mai et de février (94).
Pour les ménages, l’horizon s’obscurcit, puisque l’indicateur synthétique de confiance diminue de 1 point en août après trois trimestres de stabilité, en lien avec une dégradation des perspectives de situation financière personnelle future et de la perception du niveau de vie passé et futur en France. Les craintes liées à l’évolution du chômage repartent également à la hausse. À 87, la confiance des ménages se situe à un niveau sensiblement inférieur à sa moyenne historique (100).
Notre opinion
Notre dernier scénario (fin juin) tablait sur une croissance trimestrielle de 0,1% au deuxième trimestre, et de 0,6% sur l’ensemble de l’année 2025. Malgré les risques à la baisse sur la fin d’année (contrecoup sur les variations de stocks, droits de douane un peu plus élevés avec l’accord US-UE que nos hypothèses de juin et incertitude politique élevée), l’acquis de 0,6% à l’issue du deuxième trimestre devrait nous conduire à réhausser notre prévision de croissance annuelle à 0,7%.
Notre prévision de croissance de 1,2% pour l’année 2026 est entourée de risques principalement orientés à la baisse. L’accord US-UE sur les droits de douane annoncé à la fin juillet pourrait en effet se traduire par un impact négatif sur la croissance française à hauteur de 0,1 point en 2026 par rapport à notre scénario de juin (estimation préliminaire). L’incertitude politique et fiscale pourrait par ailleurs détériorer les anticipations et nuire notamment à la consommation et à l’investissement, avec un effet négatif sur la croissance qui pourrait toutefois être partiellement compensé par une impulsion budgétaire négative d’une moindre ampleur (moindre consolidation fiscale).
Article publié le 5 septembre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine
Notre prévision de croissance de 1,2% pour l’année 2026 est entourée de risques principalement orientés à la baisse. L’accord US-UE sur les droits de douane annoncé à la fin juillet pourrait en effet se traduire par un impact négatif sur la croissance française à hauteur de 0,1 point en 2026 par rapport à notre scénario de juin (estimation préliminaire). L’incertitude politique et fiscale pourrait par ailleurs détériorer les anticipations et nuire notamment à la consommation et à l’investissement, avec un effet négatif sur la croissance qui pourrait toutefois être partiellement compensé par une impulsion budgétaire négative d’une moindre ampleur (moindre consolidation fiscale).
Marianne PICARD, Economiste - France