CitationNous avions bien prévu une légère hausse (+0,1 point) du taux de chômage au troisième trimestre dans notre dernier scénario pour la France (octobre). La révision à la hausse du niveau du deuxième trimestre (+0,1 point) à l’occasion de cette publication, conduit toutefois notre prévision à être légèrement en dessous de la réalité (à 7,6% au troisième trimestre pour la France hors Mayotte, contre 7,7% en réalisation).
L’Insee a révélé jeudi 13 novembre le taux de chômage du troisième trimestre 2025. Celui-ci augmente légèrement, et s’établit à 7,7% de la population active pour la France (hors Mayotte).
La statistique du deuxième trimestre est par ailleurs révisée en légère hausse, à 7,6%, avec finalement une augmentation de 0,1 point par rapport au trimestre précédent (contre une stabilité précédemment estimée[1] par l’Insee).
Le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) atteint ainsi 2,45 millions de personnes au troisième trimestre (+44 000 par rapport au deuxième trimestre). Parmi les évolutions notables, le taux de chômage des 15‑24 ans diminue de 0,2 point supplémentaire, à 18,8%, et la baisse atteint ainsi 0,8 point sur un an. À l’inverse, le taux de chômage des 25-49 ans et celui des 50 ans ou plus augmentent ce trimestre (+0,2 point et +0,3 point, à respectivement 7,1% et 5,1%). Celui des femmes rattrape celui des hommes, à 7,7% (+0,3 point).
L’Insee précise l’effet de la mise en œuvre de la loi pour le plein emploi[2] sur le taux de chômage tel que mesuré par l’Insee : les bénéficiaires du RSA contribueraient à hauteur de la moitié à l’évolution du taux de chômage ce trimestre (la contribution cumulée sur les trois trimestres depuis la mise en œuvre serait du même ordre, +0,1 point). Cette hausse au troisième trimestre ne proviendrait donc pas complétement d’une dégradation conjoncturelle.
Le halo autour du chômage (personnes souhaitant un emploi sans être considérées comme étant au chômage) augmente légèrement au troisième trimestre (+13 000), mais sa part dans la population des 15-64 ans est stable à 4,4%. Le nombre de personnes se déclarant être sans emploi et en rechercher un depuis au moins un an augmente quelque peu (+41 000, à 580 000), réhaussant légèrement le taux de chômage de longue durée, à 1,8% de la population active (+0,1 point).
Au troisième trimestre, le taux d’emploi des 15‑64 ans se replie légèrement, à 69,4% (‑0,1 point), après avoir atteint son plus haut niveau – depuis que l’Insee le mesure (1975) – les deux trimestres précédents. Le taux d’emploi des 50‑64 ans est stable, restant à son niveau record (69,3%), alors que celui des autres catégories d’âge est en recul ce trimestre.
La part du temps partiel dans l’emploi est quasi stable au troisième trimestre (-0,1 point) à un niveau bas (17,7%), et celle du sous-emploi diminue légèrement, à 4,4% (‑0,1 point). En outre, le taux d’emploi en contrat à durée indéterminée (CDI) augmente de 0,2 point, à 51,3%. Le taux d’emploi en alternance (qui comprend ici à la fois les contrats d’apprentissage, ceux de professionnalisation et les stages) est pour sa part stable, en moyenne sur le trimestre, à 2,5%. Le nombre moyen d’heures travaillées par emploi est quasi stable, à 31,1 heures par semaine, proche de son niveau de fin 2019.
Le taux d’activité des 15-64 ans diminue légèrement au troisième trimestre, à 75,2% (-0,1 point), après avoir atteint son plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure (toujours 1975) au deuxième trimestre. Cette baisse concerne l’ensemble des catégories d’âge, à l’exception des 50-64 ans, dont le taux d’activité augmente de 0,2 point et atteint un nouveau record, à 73,1%. Enfin, la part des jeunes ni en emploi, ni en formation, ni en études (NEET) parmi les 15-29 ans diminue de 0,2 point, à 12,5%.
[1] La révision proviendrait de l’actualisation usuelle des coefficients de variations saisonnières, avec des basculements d’arrondis.
[2] Cette loi prévoit une inscription systématique auprès de France Travail, à compter de début 2025, des allocataires du RSA (et de leur conjoint), des jeunes accompagnés par les Missions locales et des personnes en situation de handicap accompagnées par Cap emploi.
Notre opinion
Nous avions bien prévu une légère hausse (+0,1 point) du taux de chômage au troisième trimestre dans notre dernier scénario pour la France (octobre). La révision à la hausse du niveau du deuxième trimestre (+0,1 point) à l’occasion de cette publication (l’Insee nous a bien eus ![1]), conduit toutefois notre prévision à être légèrement en dessous de la réalité (à 7,6% au troisième trimestre pour la France hors Mayotte, contre 7,7% en réalisation). Toutefois, sur 0,4 point de hausse cumulée depuis le quatrième trimestre 2024, +0,1 point est en fait lié à l’impact de la loi pour le plein emploi, un effet purement statistique. Cela change de toute façon peu le diagnostic, avec un taux de chômage qui reste faible en perspective historique (il s’était pour rappel établi en moyenne à 9,6% entre 2010 et 2019), et en légère hausse en 2025. Nous maintenons à ce titre nos prévisions d’une nouvelle légère hausse du taux de chômage (+0,1 point) au quatrième trimestre – en lien avec un emploi qui resterait atone – et d’une stabilisation relative ensuite en 2026, mais avec donc un pic à 7,8% et non plus 7,7% (encore une fois, cet écart reste négligeable). Nos prévisions en moyenne annuelle sont par ailleurs inchangées (à 7,6% en 2025, et 7,7% en 2026).
[1] Notre prévision initiale (en juin) tablait bien sur une réalisation à 7,6% au deuxième trimestre et à 7,7% au troisième trimestre.
Article publié le 14 novembre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine