L'Insee a publié la semaine du 22 janvier les résultats de ses enquêtes de conjoncture auprès des entreprises et des ménages de janvier 2024. L'amélioration de la confiance des ménages semble ainsi s'être installée de manière durable, tandis que la stabilisation du climat des affaires est enclenchée.

Du côté des ménages, la confiance s'améliore à nouveau en janvier 2024, à 91 (+2 points). Si l'indicateur synthétique reste nettement en-deçà de sa moyenne historique (100), il est en hausse depuis octobre 2023 (il s'établissait à 85 en septembre) et s'éloigne de son point bas atteint en juillet 2022 (80).

Dans le détail, le solde d'opinion¹ sur l'opportunité de faire des achats importants augmente nettement (+5 points), alors que celui-ci est très dégradé depuis 2022, restant sensiblement inférieur à sa moyenne de longue période. Les ménages sont aussi plus nombreux à estimer qu'il est opportun d'épargner (+2 points sur le solde d'opinion qui s'établissait déjà nettement au-dessus de sa moyenne de long terme), mais les soldes d'opinion relatifs à la capacité d'épargne des ménages (présente et future) sont stables, à un niveau élevé. 

Concernant l'inflation, la part des ménages anticipant une accélération des prix dans l'année à venir est en baisse, et ils sont moins nombreux à estimer que les prix ont fortement augmenté au cours de l'année écoulée. Ils sont ainsi moins pessimistes sur leur niveau de vie dans les douze prochains mois, ainsi que sur celui des douze derniers mois, bien que les soldes d'opinion associés restent dégradés. Par ailleurs, les craintes des ménages quant au chômage diminuent (-4 points sur le solde d'opinion), à un niveau bas.

Du côté des entreprises, le climat des affaires est stable en janvier (après +1 point en décembre 2023), à 98, soit légèrement en-deçà de sa moyenne de long terme (100).

Dans le détail, le climat des affaires est stable dans l'industrie (à 99), avec une amélioration des perspectives personnelles de production dans les trois prochains mois et un assombrissement de celles sur la production des trois derniers mois. Le climat des affaires augmente dans les services (+1 point à 101) sous l'effet de la hausse du solde d'opinion sur la demande prévue, dans l'industrie du bâtiment (+2 points à 103) en lien avec un plus grand optimisme sur les perspectives d'activité, et dans le commerce de détail (y compris commerce et réparation d'automobiles, +4 points à 104) en raison d'une opinion plus favorable sur les intentions de commandes et les ventes passées. En revanche, le climat des affaires se dégrade de nouveau dans le commerce de gros (-1 point par rapport à novembre 2023², après -3 points), s'établissant à 90, nettement sous sa moyenne de longue période.

Le climat de l'emploi diminue légèrement en janvier (-1 point), à 99, soit sous sa moyenne historique (100) pour la première fois depuis avril 2021.

D'après l'enquête trimestrielle de conjoncture dans l'industrie, les chefs d'entreprise déclarent en moyenne avoir diminué leurs prix de vente au cours des trois derniers mois (-0,4%), et ce pour la première fois depuis juillet 2020. Ils anticipent par ailleurs une stabilité de leurs prix de vente dans les trois prochains mois. La demande anticipée pour les trois mois à venir est par ailleurs en baisse par rapport à octobre 2023, avec un solde d'opinion qui repasse sous sa moyenne de long terme, mais les goulets de production augmentent, à un niveau élevé : 31% des entreprises ne pourraient pas accroître leur production avec leurs moyens actuels si elles reçoivent davantage de commandes.

Le rebond de la confiance des ménages et du solde d'opinion sur l'opportunité d'effectuer des achats importants sont des signes encourageants pour notre scénario de reprise de la consommation. Les soldes d'opinion des chefs d'entreprises et des ménages sur l'évolution des prix confortent par ailleurs nos prévisions de poursuite du phénomène de désinflation. Un paradoxe semble émerger des résultats de l'enquête de conjoncture auprès des ménages : ceux-ci estiment plus opportun d'effectuer des achats d'importants, mais considèrent également le fait d'épargner comme plus opportun, dans un contexte où le taux d'épargne est déjà élevé. L'autre paradoxe est la diminution des craintes concernant le chômage, alors même que celui-ci augmente. 

Le contexte récent d'atterrissage en douceur de l'économie française n'a pas été très favorable aux entreprises, qui ont vu leur situation de trésorerie se dégrader, avec un allongement des délais de paiement et une hausse du nombre de défaillances. Leur situation resterait mitigée dans les prochains trimestres en lien notamment avec l'impact du resserrement des conditions de financement, mais devrait s'améliorer ensuite grâce à l'accélération prévue de l'activité et aux baisses de taux directeurs qui devraient intervenir en 2024 et 2025. Enfin, la baisse du climat de l'emploi reste légère, mais conforte notre scénario d'une poursuite du ralentissement sur le marché du travail, déjà amorcée.

Article publié le 26 janvier 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine

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¹ Le solde d'opinion est la différence entre les pourcentages de réponses positives et négatives (ou de réponses en hausse et en baisse). 

² L'enquête de conjoncture dans le commerce de gros est bimestrielle.