1. Peur d’une bulle dans l’IA et incertitude entourant la prochaine décision de la Fed ont pesé sur l’appétit pour le risque
2. Union européenne : l’excédent commercial en biens vis-à-vis du monde rebondit au T3
3. France : deux stratégies majeures des entreprises face aux vulnérabilités d’approvisionnement
4. Italie : production industrielle, la reprise se dessine, la prudence s'impose
5. Espagne : plus d’emploi, moins de postes
6. Royaume-Uni : l’inflation recule à 3,6% en octobre, le pic devrait être derrière nous !
Peur d’une bulle dans l’IA et incertitude entourant la prochaine décision de la Fed ont pesé sur l’appétit pour le risque. Union européenne : l’excédent commercial en biens vis-à-vis du monde rebondit au T3. France : deux stratégies majeures des entreprises face aux vulnérabilités d’approvisionnement. Italie : production industrielle, la reprise se dessine, la prudence s'impose. Espagne : plus d’emploi, moins de postes. Royaume-Uni : l’inflation recule à 3,6% en octobre, le pic devrait être derrière nous !
Marchés – Peur d’une bulle dans l’IA et incertitude entourant la prochaine décision de la Fed ont pesé sur l’appétit pour le risque
Les indices actions mondiaux terminent la semaine dans le rouge, après une forte correction à la baisse de Wall Street jeudi dans le sillage des résultats du géant des semi-conducteurs Nvidia, pourtant supérieurs aux attentes. Le S&P 500 se replie sur la semaine (près de -3%) ; même sort pour les marchés asiatiques et européens. L’indice VIX de volatilité implicite des marchés américains s’envole de plus de 6 points, à 26,4, atteignant un plus haut depuis avril dernier. Les investisseurs commencent à revoir leurs vues sur les valorisations technologiques, et plus généralement l’impact de l’IA sur les perspectives économiques américaines. En effet, la croissance américaine a reposé fortement sur les investissements dans les secteurs de l’IA au cours de la première moitié de l’année. À long terme, les investisseurs comptent sur les gains de productivité, pourtant hautement incertains, pour compenser les effets négatifs escomptés de la politique d’immigration restrictive de l’administration Trump sur la croissance potentielle. Si les investisseurs semblent déjà remettre en cause les valorisations technologiques, ce n’est toutefois pas encore au point de nuire au dollar et à la dette américaine. Après sa forte dépréciation au cours de la première moitié de l’année, le billet vert a retrouvé son rôle de valeur refuge : il s’apprécie quand l’aversion au risque s’accroît et bénéficie de l’amélioration de son attractivité en termes de rendement. Cette semaine, il s’est apprécié de 1,3% contre le yen et de 0,8% contre l’euro. Le mouvement d’aversion au risque profite aux titres d’État américains : les rendements des Treasuries se replient, -10 points de base pour le taux à dix ans, -9 pour le taux à deux ans sur la semaine.
Le très attendu rapport sur l’emploi du mois de septembre, décalé moult fois, a finalement vu le jour cette semaine. Il n’a pas permis de réduire l’incertitude autour de la prochaine décision de la Fed. En effet, les données envoient des signaux contrastés : globalement, les créations nettes d’emplois dans les secteurs non agricoles ont été plus fortes que prévu, à 119 000, un plus haut depuis avril et près du double des anticipations du consensus. Mais, observés plus en détail, les résultats sont moins solides. Les chiffres passés ont été révisés à la baisse de 33 000 au total avec, notamment désormais, un repli au mois d’août de 4 000 contre une hausse de 22 000 précédemment. Ces révisions à la baisse des chiffres passés est donc devenue la norme. De plus, les créations d’emplois de ces derniers mois se sont concentrées sur un petit nombre de secteurs, et septembre ne fait pas exception : le secteur de l’éducation privée et ceux de l’hôtellerie et des loisirs représentent presque l’intégralité des emplois créés. Les secteurs des services professionnels et aux entreprises, ainsi que le secteur manufacturier, enregistrent des pertes d’emplois. L’enquête auprès des ménages indique une hausse non anticipée par le consensus du taux de chômage à 4,4%, après 4,3% en août, atteignant un plus haut depuis octobre 2021. Cette hausse est due à une légère remontée du taux de participation, à 62,4% après 62,3% en août. L’emploi, tel que rapporté par l’enquête auprès des ménages, est très solide, avec une hausse de 251 000 emplois, insuffisante cependant pour absorber un bond de 470 000 de la population active. Enfin, la croissance des revenus moyens horaires est stable à 3,8% en septembre, très en-deçà de son point haut de 5,9% enregistré en mars 2022.
En résumé, un marché du travail en demi-teinte qui n’est pas susceptible de changer l’équilibre des opinions au sein de la Fed lors de la prochaine réunion de politique monétaire en décembre : des créations d’emplois solides vont conforter les ʺfauconsʺ dans leurs craintes de risques haussiers sur l’inflation, justifiant le maintien des taux inchangés, tandis que les ʺcolombesʺ vont sans doute souligner la hausse du taux de chômage et les risques baissiers sur le marché du travail. Nous maintenons notre scénario de statu quo sur les taux des Fed funds en décembre, tout en reconnaissant la possibilité d’une autre baisse de taux, avec une probabilité non négligeable. Les marchés semblent également pencher du côté du statu quo en décembre mais, pour 2026, continuent de tabler sur des baisses de taux relativement agressives (de près de 100 points de base au total), contrairement à notre scénario qui table sur le maintien au niveau actuel de la fourchette de taux tout au long de l’année 2026 (borne haute des Fed funds à 4%).
Les minutes du FOMC d’octobre ont souligné ʺles vues fortement divergentesʺ concernant la conduite de la politique monétaire de la Fed à court terme, notamment les différences d’appréciation des deux volets du mandat de la Fed, à savoir l’emploi et l’inflation. Concernant l’inflation par exemple, ʺplusieursʺ membres jugent que l’inflation est proche de la cible de la Fed, mais ʺbeaucoupʺ estiment que l’inflation est toujours supérieure à la cible et que peu de signes indiquent son retour soutenable à la cible de 2% en temps voulu. Au sujet de l’emploi, ʺplusieursʺ participants soulignent le faible taux d’embauches et les risques baissiers sur l’emploi, tandis que, pour ʺbeaucoup de participantsʺ, la faiblesse de la demande de travail pourrait être structurelle, en lien avec le développement de l’IA. L’équilibre des vues au sein du FOMC concernant la décision de décembre et le choix des mots pour le décrire suggèrent une orientation vers le maintien des taux : si ʺplusieursʺ membres sont favorables à une baisse de taux, ʺbeaucoupʺ pensent qu’il serait approprié de garder les taux inchangés pour le reste de l’année.
Les décideurs de la politique monétaire américaine auront peu de données à leur disposition en amont de la réunion de décembre. En effet, le calendrier des données économiques outre-Atlantique demeure incertain et fortement perturbé par le shutdown qui a pris fin le 13 novembre. Le rapport sur l’emploi du mois de septembre sera le dernier avant le FOMC du 10 décembre : le Bureau of Labor Statistics a indiqué qu’il ne publiera pas de rapport d’octobre tandis que le rapport de novembre (qui inclurait à la fois les données du mois d’octobre, sans toutefois l’enquête auprès des ménages, et celles de novembre) serait décalé au 16 décembre. Concernant l’inflation, la semaine prochaine seront publiés les indices des prix à la production tandis que les indices des prix à la consommation d’octobre pourraient ne pas être publiés du tout et ceux de novembre pourraient être reportés à une date ultérieure au FOMC du 10 décembre.