L’Insee a publié le vendredi 28 novembre les résultats détaillés des comptes nationaux trimestriels du troisième trimestre 2025. L’accélération de l’activité à +0,5% (t/t) est confirmée, et l’emploi total a légèrement augmenté en moyenne sur le trimestre. Le taux d’épargne des ménages s’est légèrement replié, pour la première fois depuis le troisième trimestre 2023. Le taux de marge des sociétés non financières (SNF) s’est quelque peu redressé, soutenu par les gains de productivité. Le besoin de financement des administrations publiques (APU) est resté stable, à 5,4% du PIB.
CitationLa confirmation de la forte croissance du troisième trimestre est une bonne nouvelle, et elle maintient l’acquis de croissance à 0,8% pour l’année 2025 à l’issue du troisième trimestre. L’acquis de croissance pour l’année 2026 est, en outre, déjà de plus de 0,3% (toujours à l’issue du troisième trimestre 2025). Les indicateurs de conjoncture déjà disponibles pour le quatrième trimestre 2025 présagent d’une nouvelle hausse de l’activité, qui pourrait être légère à modérée.
Par rapport à la première estimation publiée un mois plus tôt[1], l’Insee revoit en baisse (-0,3 point) la contribution du commerce extérieur à la croissance trimestrielle du troisième trimestre, à +0,6 point. Cette révision est due à une révision à la hausse de l’évolution des importations (+1,7 point), à +1,3%, qui n’est que partiellement compensée par une révision à la hausse de celle des exportations (+0,9 point), à +3,2%. Ce sont les importations d’hydrocarbures qui l’expliqueraient. En miroir, la contribution des variations de stocks à la croissance est révisée à la hausse (+0,3 point), à ‑0,4 point. La contribution de la demande intérieure finale hors stocks à la croissance n’est, quant à elle, pas révisée, à +0,3 point. En revanche, quelques révisions sont intervenues dans le détail des composantes, avec une révision en légère hausse (+0,1 point) de l’évolution des dépenses de consommation des APU (à +0,5%) et de l’investissement total (à +0,5% également). L’investissement des ménages est en effet revu à la hausse (+0,3 point, à -0,1%), tout comme celui des APU (+0,3 point, à +0,3%) qui a augmenté légèrement après trois trimestres consécutifs de baisse. Ces effets ne sont que partiellement compensés par une révision à la baisse de l’investissement des entreprises non financières (‑0,1 point, à +0,8%), qui reste en accélération notable. La faible hausse des dépenses de consommation des ménages (+0,1%) est par ailleurs confirmée.
Les résultats détaillés des comptes nationaux du troisième trimestre apportent des éléments supplémentaires sur l’emploi et les comptes d’agents. L’emploi total a de nouveau légèrement augmenté au troisième trimestre (+0,1%, après +0,1%). En parallèle, le nombre d’heures travaillées a légèrement rebondi (+0,1%, après ‑0,1%), après avoir diminué les trois trimestres précédents. La productivité horaire poursuit donc sa hausse.
Malgré une nouvelle hausse du revenu disponible brut (RDB) des ménages en termes nominaux (+0,2%, après +0,2%), leur pouvoir d’achat s’est légèrement replié au troisième trimestre (‑0,3%, après +0,3%). En effet, le prix de la consommation des ménages a rebondi (+0,5%, après -0,1%), pesant ainsi sur le pouvoir d’achat. En euros courants, les prestations sociales ainsi que la masse salariale ont augmenté à un rythme proche du trimestre précédent (+0,6% et +0,3%, respectivement), mais les impôts versés par les ménages ont légèrement accéléré (+1,4%), et les cotisations sociales à leur charge ont de nouveau augmenté. La baisse du pouvoir d’achat des ménages, conjuguée à une légère hausse de leur consommation en volume, s’est traduite par une petite contraction de leur taux d’épargne, à 18,4% (après 18,7% au deuxième trimestre), pour la première fois depuis le troisième trimestre 2023. Le taux d’épargne des ménages demeure toutefois très élevé, nettement supérieur à son niveau d’avant la crise sanitaire (il oscillait autour de 14% entre le début des années 1990 et 2019). La publication de l’Insee s’accompagne de légères révisions à la baisse du RDB, du pouvoir d’achat et du taux d’épargne des ménages au premier trimestre et au deuxième trimestre 2025.
Après trois trimestres consécutifs de baisse, le taux de marge des SNF a légèrement augmenté au troisième trimestre, à 31,5% (après 31,1%), sous l’effet des gains de productivité. Les salaires et les cotisations employeurs ont ralenti, et ont donc arrêté de peser sur le taux de marge ce trimestre. Le taux d’investissement des SNF est stable au troisième trimestre, à 21,7%, et leur taux d’autofinancement se redresse, à 89,5% (après 87,4% au deuxième trimestre, et trois trimestres de repli). Le taux de marge des SNF est par ailleurs révisé en légère hausse entre le troisième trimestre 2024 et le deuxième trimestre 2025, tout comme leur taux d’autofinancement.
Le besoin de financement des APU est resté stable, à 5,4% du PIB au troisième trimestre. En effet, les recettes publiques ont augmenté de 0,7% (+2,7 Mds€, après +2,2 Mds€ le trimestre précédent), soit légèrement plus que les dépenses (+0,6%, soit +2,6 Mds€, après +2,8 Mds€). Les recettes ont été tirées par le rebond des impôts sur le revenu et le patrimoine, et celui des impôts sur les produits, tandis que les cotisations sociales ont ralenti. La hausse des dépenses est portée par celles des dépenses de fonctionnement, des transferts sociaux, et, dans une moindre mesure, des prestations sociales.
[1] Voir notre publication réalisée à l’occasion : France – Conjoncture – Flash PIB : la croissance déjoue les pronostics et augmente de nouveau au troisième trimestre (+0,5%, après +0,3%)
Notre opinion
La confirmation de la forte croissance du troisième trimestre est une bonne nouvelle, et elle maintient l’acquis de croissance à 0,8% pour l’année 2025 à l’issue du troisième trimestre. L’acquis de croissance pour l’année 2026 est, en outre, déjà de plus de 0,3% (toujours à l’issue du troisième trimestre 2025). Les indicateurs de conjoncture déjà disponibles pour le quatrième trimestre 2025 présagent d’une nouvelle hausse de l’activité, qui pourrait être légère à modérée.
Malgré la légère baisse de l’emploi salarié privé en fin de trimestre, d’après l’estimation trimestrielle d’emploi salarié de l’Insee publiée aussi le vendredi 28 novembre (une évolution toutefois révisée à la hausse de 0,2 point par rapport à l’estimation flash, à -0,1%), l’emploi salarié total s’est maintenu à la fin du troisième trimestre 2025 grâce à une progression de l’emploi salarié dans la fonction publique (+0,3%). En moyenne trimestrielle et au sens des comptes nationaux, l’emploi total a même progressé de 0,1% au troisième trimestre, grâce à une légère hausse de l’emploi salarié (+0,1% au total, et, comme nous l’avions anticipé dans une précédente publication, une stagnation pour l’emploi salarié privé), et une progression toujours forte de l’emploi non salarié (+0,6%). L’emploi a donc résisté !
La légère baisse du taux d’épargne des ménages (enfin !), si elle se poursuit, pourrait contribuer à la hausse de leur consommation. La hausse continue de la productivité du travail est, par ailleurs, un facteur positif et soutient le taux de marge des entreprises (à plus long terme, elle devrait soutenir la hausse des salaires en termes réels).
Article publié le 28 novembre 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine